Neil Young est décidément increvable. Dans les années 60-70, son œuvre fut un des piliers fondateur du Folk Rock, et il est un des rares artistes pouvant se vanter d’avoir fait parti de trois groupes cultes. Avec le Buffalo Springfield , il répondait aux Byrds, pour élargir l’horizon du Folk Rock naissant.
L’histoire de son premier groupe sera aussi courte que marquante et, après seulement deux albums, Neil Young part écrire sa légende seul. Dans le même temps, Crosby quitte les Byrds , et s’accompagne de Stephen Still et Graham Nash. Boosté par la notoriété de ses musiciens, le premier album de la formation est un succès. Cependant, pour reproduire ses mélodies sur scène, le groupe à besoin d’un quatrième membre.
C’est ainsi que, profitant d’une pause dans sa carrière solo, Neil Young accepte de rencontrer Crosby, Still et Nash. Le courant passe bien, mais Neil Young ne participera à l’œuvre de ses collègues que si son nom apparaît sur les albums.
Crosby, Still et Nash devient donc Crosby Still Nash and Young, avant d’enregistrer un des plus beaux albums de l’histoire de l’humanité ( « Déjà Vu »). Déjà là, on aurait pu croire que Neil Young avait tous dit, et qu’il allait désormais se contenter de radoter ses mélodies hippies avec complaisance.
Que nenni ! Pendant plus de trente ans, le loner n’a cessé de suivre ses instincts. Passant du rock fougueux du Crazy Horse à l’électro expérimentale de trans , avant que ses riffs gras ne lui valent la reconnaissance de la vague grunge.
Attaquant Monsanto via un album plus qu’honorable sortie en 2015, le loner à aujourd’hui trouvé un nouveau souffle grâce au groupe Promise Of The Real. Sorti un an plus tard, le live « Heart » et l’album « Peace Trail » confirmaient la forme créative de cet artiste increvable.
Et puis cette année, Neil Young décide de se lancer dans le cinéma, en tournant un espèce de western futuriste, que personne ne semble avoir compris. Sauf que voilà, le bonhomme avait aussi composé la bande son.
Quand on sait que le même homme est à l’origine du soundtrack de « Dead Man » , qui fût à la hauteur de ce grand western, ou Johnny Depp croisait tour à tour Iggy Pop et Robert Mitchum. La bande son paraissait bien plus attirante que le film. Malheureusement, on est bien loin des mélodies rêveuses de Dead man.
« Paradox » est en réalité un assemblage hétéroclite de jams plus ou moins réussies, de folk-songs sans intérêts, et de morceaux enregistrés en live.
La magie opère parfois, quant la guitare impétueuse du loner part dans des solos abrasifs. Mais ces instants sont bien trop rares pour faire oublier la platitude de folk comme « Diggin In The Dirt », ou le blues lourdaud « How Long ».
Quelques minutes plus tard , « Pocahontas » est violemment défiguré par un orgue prétentieux, qui enfouit la beauté de sa mélodie sous ses notes sirupeuses. Alors bien sûr il y a toujours la voie d’écorché vif de Neil Young , qui réapparaît parfois pour sauver l’album du désastre , et bien sûr la version instrumentale de « Cowgirl In The Sand » apporte encore son lot de frissons.
Mais ce « Paradox » manque de souffle. Privé de ligne directrice, l’album s’écoute distraitement, avant d’être ranger dans une étagère poussiéreuse, en espérant que son successeur soit plus consistant.