Un mardi soir pas comme les autres avait lieu au MTELUS en ce 12 septembre, alors que les fans de – tous les projets de – Mike Patton l’attendaient de pied ferme en sol québécois avec la troupe Mr. Bungle, et ce depuis plus de deux décennies. Il y avait beaucoup, beaucoup, de monde présent au rendez-vous.
Le duo Battles débuta les hostilités avec des pièces « punk-électroniques» (hein?) et expérimentales. Ce fut agréable mais sans jamais décoller vers les sphères promises. Le groupe qui avait eu un énorme succès il y a une décennie est aujourd’hui un peu moins d’actualité. Certains fans y ont trouvé leur compte mais de prime abord l’aspect électronique n’a pas su captiver l’attention nécessaire pour créer un spectacle de grande envergure. J’ajouterais même que le public aurait pu prendre plus d’expérimentation, en d’autres termes, ça aurait pu être plus weird encore et personne ne s’en serait plaint.
Mike Patton est un anti-rockstar, plus proche de l’artiste contemporain que de Bono disons ça comme ça. La légende lui colle au cul mais il n’en a pas grand-chose à foutre. Tellement qu’il s’est permis de remplir un MTELUS sans jamais jouer un seul morceau que les gens auraient voulu entendre (à l’exception d’un bref passage provenant du premier album officiel du groupe). Le message s’était toutefois allègrement propagé sur les réseaux sociaux que Mr. Bungle, depuis leur retour, ne fait pas de morceaux connus de Mr. Bungle et qu’il se limite à la performance de leur premier démo beaucoup moins marquant, relancée en 2020, et de reprises triées sur le volet. En réalité, plusieurs étaient préparés mentalement, mais pour d’autres ce fut trop peu trop tard. Ça expliquerait fort probablement le nombre de fans élevé qui se départait de leurs billets à un prix dérisoire jusqu’à quelques heures avant le spectacle. Mais Patton, l’homme à la voix la plus élastique du show-business, et son groupe de superstars, allait tout de même réussir par leur performance brillante, solide et métal, à offrir un spectacle de grande qualité. Par moments, plongé dans la lumière rouge, et derrière ses lutrins, Patton émerveille par ses prouesses vocales et ce même si le public en aurait pris bien davantage. En résumé, nul besoin d’être déçu d’avoir manqué le spectacle puisqu’il ne s’agissait aucunement du spectacle que vous espériez. Et si vous y étiez, vous avez tout de même eu droit à une performance magistrale de certains des plus grands performeurs de leur génération. Au final, plusieurs sont mitigés et en questionnement, voire négativement surpris de la tournure de la soirée. On aurait peut-être dû afficher plus clairement que le spectacle serait Mr. Bungle joue The Raging Wrath of the Easter Bunny, comme le font de plus en plus de groupes qui célèbrent les vingt ans d’un album par exemple. Ça aurait probablement résulté en moins de mécontentements même si ce n’est pas tout à fait mon cas.
Texte: David Atman