MØSI nous offre leur quatrième album: Le brouillard jusqu’à la chute. Produit par Amaury Sauvé, le duo est formé des deux frères Joly: Marien au chant et à la guitare et Melen à la batterie. Ces derniers s’inscrivent dans un registre grunge par la guitare saturée et l’angoisse perceptible dans les paroles. Les mélodies sont turbulentes et imprévisibles à la façon d’une tempête. D’ailleurs, l’illustration de l’opus communique avec justesse le ton de l’album. On observe de sombres nuages opaques. Par la juxtaposition de ces derniers à l’intérieur et à l’extérieur de la planche, nous avons l’impression d’un mouvement. L’effet suppose que l’orage est sur le point de se déchainer.
Composé de huit pistes, le sujet de l’album porte sur l’effondrement identitaire. Le flou engendre la perte de repères et occasionne de l’insécurité. Par exemple, les références de perdre sa maison et de la nécessité de s’acquitter au mieux de ses responsabilités illustrent bien la précarité de la situation. Le vocabulaire est essentiellement péjoratif, sans toutefois adopter une approche défaitiste. Au contraire, le ton est davantage dans l’observation et dans la résilience.
Dans la deuxième chanson Jusqu’ici, tout va bien, la faim est suggérée comme un besoin auquel il est difficile de répondre. En utilisant un sarcasme soutenu par la répétition, on dénonce la gravité du contexte socio-économique actuel. Le rythme est saccadé par les accords contrastés et réguliers. Le tout est appuyé par un cri de ralliement engageant, rappelant un chant marin. Le son de la guitare électrique est distordu et les cordes sont heurtées abruptement. Le solo , quant à lui, est limpide par la juxtaposition de deux guitares plus nettes et appuyées de la batterie. Ainsi, la mélodie oscille entre douceur et intensité, comme l’évoquerait le son des vagues.
Jusqu’ici tout va bien
C’est normal que les gens aient faim
On réfléchit beaucoup moins bien le ventre vide
Alors, Jusqu’ici tout va bien
Pour terminer, Le brouillard jusqu’à la chute est cohérent dans l’exploration de son thème. La poésie est recherchée par l’analogie des phénomènes météorologiques. Celle-ci accentue la vulnérabilité que nous incarnons face aux aléas de la vie. C’est cru, ça brasse en dedans et on apprécie l’authenticité du témoignage.
4/5