Ce soir du 5 avril 2017, la salle des Docks accueille sa première affiche black metal de l’année avec les pionniers norvégiens de Mayhem pour un concert consacré à un album désormais historique ‘De Mysteriis Dom Sathanas’. C’est l’occasion de rappeler qu’il y a six mois, peu après la venue de Rotting Christ et d’Inquisition, l’UDC Philippe Jobin s’indignait au Grand Conseil que le canton de Vaud subventionne des soirées satanistes dans la salle lausannoise.
A tort et bien heureusement en vain, car ce soir avec Mayhem, les Docks ont conviés des black metalleux convaincus (on peut dire ‘pratiquants’ ?), pour lesquels la mort est un sujet omniprésent (entre le suicide et le meurtre de deux musiciens…) et l’incendie d’églises un hobby avoué.
Sur le chemin des Docks, on ne peut donc s’empêcher un petit détour pour aller voir si l’Eglise la plus proche est toujours debout. En tout cas, l’Eglise Evangélique de Provence a l’air intacte, peut-être que le soundcheck a pris trop de temps et que c’est finalement prévu après le concert ?
Devant les Docks, comme à chaque concert metal, il n’y a aucun souci de sécurité, les gens rentrant poliment et calmement dans la salle. Monsieur Jobin n’a pas l’air de s’être déplacé pour se renseigner sur le contenu des soirées qu’il critique.
Premier groupe sur scène, Dragged Into Sunlight porte bien mal son nom. Les britanniques jouent en effet dans le noir, hormis un chandelier et deux stroboscopes permanents, qui à force vous font le même effet que si vous regardez le soleil trop longtemps. Cela pique les yeux et les oreilles aussi tellement c’est brutal. Le batteur, excellent au demeurant, a une frappe de dingue et ne s’arrête jamais. Toute la prestation est faite dos au public, mais comme soit il fait noir complet, soit les lights sont trop éblouissantes, peu importe, ce qui compte c’est que cela s’arrête rapidement. Leur set très intense a cependant bien plu à une majorité du public.
Peu avant 22 heures, Mayhem investit la scène dans une lumière bleue qui sera pratiquement la seule source de lumière de toute la soirée. Autant dire qu’après le set de Dragged Into Sunglight, les cinq photographes accrédités sont poussés dans leurs limites ce soir. Dommage car les musiciens sont superbement maquillés, en particulier Attila Csihar le chanteur. Il a tellement l’air d’un lépreux que personne dans les premiers rangs ne tend la main dans sa direction quand il s’approche du public (enfin à part les deux types qui n’ont pas vu Ben Hur à télé). Les autres musiciens sont tous munis d’une robe à capuchon pointu du meilleur effet. Seul Necrobutcher, le bassiste, dévoilera sa tête lorsqu’Attila lui enlèvera sa capuche en milieu de set. Dès le deuxième morceau, ‘Freezing Moon’, l’ambiance est lancée : ce sera sombre et maléfique (mais cela dit on ne s’attendait pas à autre chose de leur part). Peu après, une table avec un crâne et un chandelier (le thème de la soirée ?) sera installée devant la batterie, afin qu’Attila puisse se réchauffer les mains en les passant juste au-dessus des bougies tout en continuant sa messe noire aux fidèles présents ce soir et prêts à communier.
Sur le plan musical, le programme aura été simple : cela a été, comme annoncé, l’album ‘De Mysteriis Dom Sathanas’ en intégralité, pour un concert finalement assez court (une heure) sans rappel. Mais à décharge la prestation a été intense du début à la fin et le public quittera la salle satisfait de sa soirée.
Enfin, bravo et merci aux Docks de garder leur indépendance quant aux artistes qu’ils programment. Cela tombe bien, dans quelques jours à peine, c’est Dark Funeral qui sera présent pour la deuxième couche black du mois.
Alex Pradervand