La France n’est pas rock parait-il ! A qui jeter la pierre ? A notre culture nationale trop pantouflarde et conservatrice ? Aux majors qui ont sans doute refusé de promouvoir des centaines de groupes se pressant à leurs portes ? Aux groupes eux mêmes, de qualité trop moyenne pour intéresser qui que ce soit ? Difficile de se prononcer mais une chose est sûre, certaines formations s’en donnent à cœur joie pour changer les mentalités. Et malgré une absence flagrante de visibilité, elles continuent à avancer tête haute et nous sortent des albums dignes de ce nom.
Dans cet opus foisonnant de discrètes références, les toulonnais nous « draguent » avec des arguments qui n’appartiennent qu’à eux. Flirtant parfois avec le Stoner (Funny Bunny et The Only One)), le Blues (Sister), le Rockabilly (Shake) ou le Folk (Alone), Martins reste Rock en toute circonstance. Une envie sans retenue et contagieuse dont on retiendra immédiatement Everybody Love Us qui ouvre magnifiquement le bal. On touche en fait ici à une ambiguïté fondamentale : d’un côté le Rock primaire et primitif, et de l’autre les prétentions de l’Art Rock. Les gars savent que trop réfléchir quand on fait du Rock ne mène à rien…Les sudistes ne sont pas des Enfoirés et ne sont pas là pour nous donner une leçon. Ici, tout est basique séparément mais comme souvent, c’est la superposition de tous les éléments qui fait la différence. Martins, c’est la classe ouvrière qui martèle son quotidien. Même dans le suggestif, on y croit dur comme fer. Mathématiquement ça fonctionne et au niveau sonore, la prise de distance avec les origines se fait sentir. On les remerciera quand même au passage d’avoir écouter les Stooges, les Velvet Underground ou les MC5.
Outre le plaisir évident à écouter cet album, j’y ai trouvé quelques avantages collatéraux et le ton est contrebalancé par un tonus incroyable et exploité à son maximum. Soufflant à la fois le chaud et le froid et sans renier totalement de nombreux élans stoogiens, ils insufflent à leurs chansons une pêche communicative et parviennent à transmettre sur simple écoute une énergie bestiale. Toute la force de ce disque réside dans un parfait équilibre entre précision rythmique et spontanéité fougueuse. Huit titres qui ont des tripes, du feeling et qui gardent malgré tout une certaine authenticité. Au fil des écoutes, on se rend compte de ce que l’on a entre les mains et l’addiction n’est pas loin. Un conseil, ne vous prenez pas trop la tête et ouvrez grand vos oreilles. Gros coup de cœur !