MARK BACINO – Sur le toit du monde

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‘Top of the World’ est le quatrième album de l’auteur-compositeur-interprète, producteur, journaliste et professeur d’écriture new-yorkais Mark Bacino. À l’occasion de cette sortie, il a, entre autres, parlé avec Daily Rock de son vieillissement, de la mort de son ami de toujours Ron Zabrocki, des chansons importantes de sa jeunesse et des raisons pour lesquelles il lui a fallu si longtemps pour se manifester avec un nouvel album.

Qui diable est ‘Kaylee Hughes’ ?
Ha ! J’en ai souvent rencontré ces derniers temps. C’est un personnage fictif, un peu une caricature de ce genre de personne que tout le monde rencontre dans la vie, toujours trop parfaite, si gentille qu’on se demande si elle est vraie ou un peu folle. C’est une façon cynique de jouer avec ce type de personnalité ou phénomène.

Le vieillissement est-il un thème important dans ‘Top Of The World’ ?
Je ne peux pas dire que c’était intentionnel lors de l’écriture de l’album, mais le thème du vieillissement semble apparaître dans quelques morceaux. C’est juste le reflet naturel de ma vie à ce moment-là. Étant un homme d’un certain âge, constatant les effets du vieillissement sur les membres de ma famille et moi-même, la mort est une chose à laquelle on pense. Je suppose que tout cela devait forcément se retrouver dans l’écriture des chansons.

Il s’est écoulé 14 ans depuis ton dernier album ‘Queens English’ (2010). Pourquoi sortir un nouvel album maintenant ?
J’ai commencé à travailler sur ce nouvel album peu de temps après la sortie de ‘Queens English’, et je n’avais pas prévu cet écart de 14 ans. Mais des projets, des responsabilités familiales et la pandémie ont engendré un grand retard. C’est la vie, elle s’interpose souvent.

Est-ce que j’entends un certain doute dans ‘Flop Of The World’ ? Et comment as-tu intégré les références à Nilsson là-dedans ?
Je suis définitivement un grand fan de Nilsson, et un passionné de Randy Newman. Cela dit, je pense qu’à l’époque où j’écrivais et enregistrais ‘Flop Of The World’, je revisitais, crois-le ou non, le travail des années 70 de Leon Redbone. Donc je pense que la production sur ce morceau est devenue un petit hommage à Léon.

La chanson est une sorte d’étude de personnage ironique. Elle raconte la triste histoire d’un musicien de rock désillusionné, un peu après son apogée. Je n’irai pas jusqu’à dire que la chanson est autobiographique, mais je mentirais si je n’admettais pas qu’il y a probablement une petite partie de moi qui peut s’identifier à ce personnage.

L’album est dédié à ton ami de toujours, Ron Zabrocki. Quelle est la signification de la dédicace ?
Ron était un mentor musical et un ami précieux. Il a co-produit mes albums et m’a beaucoup appris. Malheureusement, environ un an après que lui et moi avons terminé l’enregistrement de ‘Top of the World’, Ron est décédé subitement des suites d’une courte maladie. J’ai trouvé tout à fait approprié que je dédie cet album à sa mémoire comme un modeste témoignage de gratitude pour tout ce qu’il m’a apporté, personnellement et musicalement.

Quelle est ta chanson préférée sur ‘Top Of The World’ et pourquoi ?
C’est une question difficile ! C’est comme demander à un parent de choisir son enfant préféré. Je choisirais ‘Kaylee Hughes’, le premier morceau de l’album et une chanson sur laquelle mon fils, Lee Bacino, joua de la batterie. C’était génial de travailler avec lui. C’est un musicien incroyablement talentueux.

Quels éléments doit avoir une bonne chanson pop ?
Une bonne chanson pop doit présenter une mélodie forte, accrocheuse et mémorable. Pour moi, les meilleures mélodies pop sont aussi celles qui me semblent instantanément familières dès la première écoute.

Dans quelques chansons de ce nouvel album, tu utilises des cuivres. Qu’est-ce qui a déclenché cette utilisation ?
J’ai toujours aimé les cuivres. Enfant, j’adorais écouter Herb Alpert et adolescent, je suis tombé amoureux du jazz traditionnel, en particulier des joueurs de cor. J’ai commencé à intégrer les cuivres dans ma musique avec mon deuxième album ‘The Million Dollar Milkshake’, et leur utilisation a évolué dans mes disques suivants, y compris ‘Queens English’ et ‘Top of the World’.

Quel est le premier instrument dont tu as appris à jouer ?
La guitare. J’ai pris quelques cours, de temps en temps, quand j’étais petit, mais je n’étais vraiment pas très intéressé par la pratique. J’ai fini par abandonner les cours et la guitare ramassait la poussière dans un coin. Puis, au début de mon adolescence, pour des raisons que j’ignore encore aujourd’hui, j’ai recommencé à apprendre par moi-même et je n’ai plus jamais arrêté.

L’ouverture de ‘Shaky Hand’ ressemble beaucoup à ‘Close To You’ de The Carpenters. Coïncidence ?
Je ne pensais pas à eux consciemment, mais c’est possible que leur musique m’ait influencé. Quant aux paroles, elles sont nées d’une expérience personnelle. Il y a quelques années, on m’a diagnostiqué un léger tremblement bénin dans la main droite. Pour une raison étrange, j’ai décidé d’écrire une chanson à ce sujet.

‘He Never Saw It Coming (Accidental Death of a Clown)’ fait-elle référence à la chanson ‘Death of a Clown’ de Dave Davies ?
Je n’y avais jamais pensé avant que tu ne le mentionnes, mais je dirais que non, bien que je sois un grand fan des Kinks. Ce morceau instrumental me rappelle l’image d’un clown quittant le champ de foire et déambulant dans les rues de la ville pour faire des tours de magie et offrant des sourires à tous ceux qu’il croise, jusqu’à ce qu’un piano lui tombe sur la tête (rires). C’est un peu mon sens de l’humour tordu qui est derrière cette idée.

Que signifie le succès pour toi ?
Le succès a pris différentes formes pour moi, mais aujourd’hui, c’est simplement le fait de rester en bonne santé, entouré des gens que j’aime, tout en continuant de partager ma musique avec ceux qui s’y intéressent.

Écrire pour des magazines comme Guitar World a-t-il changé ton regard sur ta musique ?
Oui, cela m’a poussé à analyser davantage mon propre processus créatif. J’ai appris à décortiquer mes méthodes d’écriture et de production, ce que je n’avais jamais fait de façon aussi détaillée auparavant. Cela m’a aussi permis de mieux comprendre mon métier et d’aider les autres à travers l’écriture.

Quelle question as-tu toujours voulu qu’on te pose ?
Quand on me parle de mes influences musicales, on mentionne souvent les Beatles ou Nilsson. Mais personne ne m’a vraiment interrogé sur des influences moins évidentes, comme The Police, The Cars ou Hall & Oates, des groupes des années 80 qui ont eu une influence aussi grande, si ce n’est plus grande, que celle des Beatles ou de Brian Wilson sur mon esprit musical.

www.markbacino.com

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