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Amis du rock,

Avant de devenir une machine à tubes et à pognon, Manu Chao et sa Mano Negra faisaient partie intégrante de la scène underground française et ils allaient nous en foutre plein la gueule et les esgourdes notamment avec cet album magnifique qui reste encore aujourd’hui un grand classique.

Produit par le label ‘Boucherie Productions’ et son iconique patron, garçon boucher à ses heures, François Hadji-Lazaro, l’homme sans qui le rock français n’aurait sans doute pas la même saveur, ‘Patchanka’ sort en octobre 1988. Vingt-six-ans plus tard, il n’a pas pris une ride, et véhicule un parfum de révolution.

Nous n’hésiterons pas trop à avancer que le mélange espagnol/français/anglais des textes, que l’on retrouve d’ailleurs sur beaucoup de productions actuelles, peut être attribué à la Mano. Leur nom, tiré d’un groupuscule anarchiste andalou, situe bien le groupe. Dans les années quatre-vingt, le rock alternatif français se démène pour sortir de l’ombre. C’est une scène naissante qui grouille d’idées de de talents (Berrurier Noir, les Négresses Vertes, Noir Désir).

Intro, première claque, avec ‘Mano Negra’, 1’44’’ de bonheur intégral et de pogo intensif, une tuerie notamment en concert, un concentré de tout ce qui fait le succès de la Mano, un son innovateur servi par des textes revendicatifs. Il est suivi par ‘Ronde de nuit’, un pied de nez à l’ordre établi. ‘Paris se meurt aujourd’hui, s’est donné à un bandit qui lui a pris ses nuits blanches’, adressé à Chirac et à ses sbires qui veulent expurger la capitale de tout bruit nocturne. Heureusement, les Indiens veillent et finiront par se réapproprier la rue.

Après une petite ballade amoureuse néanmoins bien rythmée ‘Baby you’re Mine’, on repart chez les Indiens avec ‘Indios de Barcelona’ qui commence par un solo de trompette, pour repartir à une vitesse endiablée, un titre anglo/hispano qui parle lui aussi de liberté et de déconne : ‘Patchanka con la Mano Negra’. Le titre de l’album est tiré du mot espagnol ‘Patchanga’ qui, en Amérique latine, veut dire faire la fête, foirer. Une des revendications majeures de la scène alterno des années quatre-vingt.

Sans oublier ‘Noche de accion’, une petite ritournelle savoureuse, qui commence par ‘’mamon, hijo puta cabron’, qui littéralement veut dire suceur (celui qui tête sa mère, connard), fils de pute, cocu, et qui raconte les aventures d’un mec bourré qui cherche la castagne juste pour le fun (oui, moi aussi ça me dit quelque chose…).

On va pas tous vous les faire, sortez l’album de vos placards et si vous ne l’avez pas, ‘cojones !’, téléchargez-le, volez-le à votre tonton, ou achetez-le. Parce que merde cet album contient plusieurs pépites comme ‘La Ventura’, l’histoire vraie de Paul Carbone, malfrat corse qui finira mal après avoir reçu ‘une méchante petite balle dans le foie’. Et bien sûr, l’une des pièces maîtresses de l’ouvrage, ‘Mala Vida’, encore un titre trop court, mais si bon, un peu comme ‘Should I Stay or Should I Go’, un mec qui n’en peut plus de sa gonzesse. Un énorme succès qui accroche toujours autant.

‘La noche que yo naci cayo la luna, cayo en mi cuna a mi. Yo de nacer me repenti…(‘Salga la luna’)

Le jour où je suis né la lune est tombée dans mon berceau. Je me suis repenti de naître…

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