Mangeur de Rêves — Histoires à l’envers

Le quintette Mangeur de Rêves lançait un premier opus en début d’année. Enregistré au mythique Breakglass Studio, Histoires à l’envers est à l’image de sa couverture, une toile du peintre originaire de la Côte-Nord; Lénième, c’est-à-dire brumeux et onirique. Le groupe s’inscrit en continuité avec le mouvement folk-progressif, les comparaisons avec Harmonium et Octobre nous apparaissent d’emblée, et non pas comme une pâle copie, mais bien comme manière de porter la fierté. On y retrouve l’histoire musicale d’une province qui baigne dans la glace, d’une nation combative qui d’une certaine façon est forcée à l’anonymat, d’une culture parfois oubliée dans l’amplitude des données. L’instrumental Refuge a un petit quelque chose de Félix Leclerc, Fille de lune, pièce plus funky rappelle les efforts créatifs d’une Marie-Pierre Arthur, on y sent aussi du Painchaud, du Goulet, du Cormier.

L’instrumentation est complexe et complète, juste et précise. L’aspect progressif de Mangeur de Rêves est à souligner et à mettre en gras. Les progressions d’accords sont imaginatives et surprenantes, mais malgré la grande qualité des compositions, aucune pièce ne sort réellement du lot avec un refrain ultra-accrocheur ou une mélodie qui pourrait faire danser les foules. En ce sens, nous sommes loin d’un album pop même si l’approche globale est tout à fait accessible. Musicalement, et ce n’est pas nécessairement un défaut, il y a peu de nuances. L’album s’écoute comme une pièce de théâtre avec lenteur et profondeur. Le mixage aussi manque de nuance, certaines instrumentations parfois sublimes restent un peu enfouies derrière un nuage étanche de réverbération qui ne sert pas toujours les morceaux.

En somme, le groupe, avec son premier album, réussit sans aucun doute à prendre la main et à bercer l’auditeur de douces mélodies et de poésie symboliste porté par une mer de reverb et de guitares acoustiques. C’est avec grande justesse que Histoires à l’envers démontre tout le talent créatif du quintette montréalais.

En concert le 11 mai au Billy Buck (3155 Masson) à Montréal. Avec Rêve (Pop Riot Music, Baltimore) et La Tragédie. Gratuit!!!
https://www.facebook.com/events/2334181906593186/

Pour les fans de Prog québécois: Harmonium, Octobre, Maneige.
Pour les fans de Brit-pop dreamy: Elbow, British Sea Power, le Radiohead de The Bends.
Pour les fans de Rock-franco: Okoumé, Les Chiens, Salomé Leclerc.
Pour les fans de Post-rock islandais: Jonsi, Mum. Olafur Arnalds.

Crédit photo: Renaud D. Lussier.


 

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