Dire que cet album de Machine Head était attendu est un euphémisme. Trois ans après l’excellent (mais perfectible) « Unto the Locust » et leur second album live « Machine fucking Head Live », la bande à Robb Flynn revient avec « Bloodstone and Diamonds ». Porté aux nus par les uns, critiqué par les autres, cet album aura fait parler de lui (mais moins que le dernier Slipknot). Autant le dire tout de suite, je me situe dans la catégorie des très déçus.
Revenons trois ans en arrière. Après « The Blackening », sans doute le meilleur album du combo, « Unto the Locust » avait la lourde tâche de lui succéder. Se plaçant dans la nouvelle ligne directrice bien plus mélodique que leurs débuts « thrash », cet album possédait quelques pistes dispensables, ce qui n’en a pas fait une totale réussite pour beaucoup, mais pas franchement un gros raté. Puis vint le départ … l’éviction d’Adam Duce, bassiste originel et (selon les dires de Flynn) devenu trop peu concerné par le groupe. Devenant le seul maître à bord, il recrutait Jared MacEachern, mais les choses ne devaient plus jamais être les même. Sans compte le départ de Roadrunner pour Nuclear Blast, ce « Bloodstone and Diamonds » est un album qui sent le changement.
Dès « Now we die », on est en terrain connu depuis les trois dernières sorties du groupe : violons, rythmique solide et les guitares si caractéristiques du son actuel du groupe d’Oakland. Mais dès le second titre « Killers and Kings » le bât blesse. Cette désagréable sensation de déjà entendu, excellent titre, mais il possède cette structure tellement vue et revue chez eux qu’il en devient ultra prévisible.
« Ghosts will haunt my bones » reprend les bonnes habitudes. Pur produit de Machine Head post blackening, il pourrait en être l’un des étendards au même titre que « Be Still and know ». « Night of long knives » est bien plus « burné » dans sa rythmique. Très bon morceau qui n’allait pas augurer la suite beaucoup plus longue et compliquée de cet album.
Car si « Sail into the black », que l’on peut rapprocher de la qualité d’un « Halo » ou d’un « Darkness within » et la rapide et nerveuse « Eyes of the Dead » sauvent la face, la suite va être très décevante, pour ne pas dire mauvaise. « Beneath the silt » et son accord en Sol grave … pourquoi ? Non pas que l’idée soit à côté, mais ce morceau est tout simplement … raté. Dommage car proposer un titre accordé différemment aurait apporté une différence et de la fraîcheur à cet album.
La suite ? Je n’ose pas en parler. « In comes the Flood » et son chœur tellement cliché : « America … America …» est d’une platitude consternante, « Damage Inside » peut largement se passer, « Game Over » accélère un peu le tempo, et aurait du être dans la première partie de l’album (Flynn doit certainement régler ses comptes avec Adam Duce au vu des paroles et de la hargne dégagée).
Douze morceaux pour 70 minutes. C’est trop, à l’image d’un Rob Flynn qui veut en faire beaucoup trop. Dommage car Machine Head n’en avait pas besoin. Ce « Bloodstone and diamonds » aurait pu être amputé de trois ou quatre morceaux. A force de vouloir trop en faire, entre les arrangements, les violons, la prod ultra lisse de l’album, Machine Head aura sans doute oublié l’essentiel, ce qui a fait son succès : l’efficacité, la rapidité, de « Burn my eyes » l’émotion dans le « brut de décoffrage » de « The Blackening ». Je ne remets absolument pas en cause la qualité des compositions, ni l’envie de bien faire mais la marche après « The Blackening » et « Unto The Locust » aura été sans doute trop grande. La déception de l’année, car j’attendais bien plus et bien mieux de ce « Bloodstone and Diamonds ».