Le Lausanne Underground Film & Music Festival fêtera sa 17ème édition du mercredi 17 au dimanche 21 octobre 2018 en proposant un dissonant mélange entre cinéma, musique, conférences, performances et workshops qui se côtoieront dans plusieurs lieux lausannois. Sans faillir à leur but premier de proposer au plus large public des œuvres passant sous le radar du mainstream, cette année, le cinéma retrouve des trésors enfouis des bas-fonds tandis que la musique déconstruit ses codes.
Identités visuelles aléatoires
Expérimentations à l’image du festival, l’identité visuelle de cette édition est déclinée sous 36 versions. Générées aléatoirement à partir d’un software, l’affiche aux multiples apparences a été conçue par l’illustratrice Tiphaine Allemann, le graphiste Dimitri Jeannottat ainsi que par le concepteur Pierre Charmillot. Pour être témoin de la prolifération d’affiches, “surveille les murs !“, comme dit l’adage.
Cinéma : Méfiance déviance
Khavn de la Cruz, habitué des festivals internationaux, ultra prolifique, filme dans l’urgence la précarité des laissés-pour-compte dans une extravagance aussi folle que sa personnalité. Prônant un cinéma sans concession, radical et intuitif, une rétrospective sélective lui sera consacrée avec des œuvres illustrant l’éclectisme de sa filmographie. Le réalisateur Pinoy sera, en outre, l’auteur d’une carte blanche d’un autre versant. Articulée autour de cinq classiques du cinéma philippin, le public aura l’occasion de découvrir des productions restées quasi inconnues en Europe, à défaut du cinéma d’auteur du même pays.
Autre invité de marque pour cette édition 2018, Michael Armstrong, scénariste, acteur et réalisateur, est une figure emblématique du cinéma britannique de la marge devenu culte. Défiant la censure, ses films témoignent d’un goût prononcé pour la transgression et l’immoralité ; entre horreur réaliste et fantastique nostalgique, une sélection sordidement séduisante.
Les salles obscures abriteront également une remarquable carte blanche du Professeur Thibaut, journaliste et directeur de l’Extrême Festival. Une sélection composée d’étranges œuvres préservées par la Cinémathèque de Toulouse entre le film devenu introuvable au film d’anticipation soviétique, la déviance n’aura jamais été aussi engageante.
Musique : dissolution de la musique
Ouverture en grande pompe avec l’avant-garde intermédiale Phill Niblock (17.10) qui envoûtera la salle des fêtes d’une drone monolithique microtonale pour son 85ème anniversaire. Sa prestation sera suivie par l’incontournable Kassel Jeager (17.10), directeur artistique du très réputé Groupes de recherches musicales à Paris. L’adepte de Pierre Schaeffer proposera un savant mélange entre musique concrète et noise ambiante.
Figure inévitable de la scène expérimentale autrichienne, Billy Roisz (17.10), viendra en double casquette au LUFF. Côté musique, elle explorera les interférences improbables entre son et image. La musicienne étant aussi réalisatrice, deux programmes de courts métrages retraçant sa carrière seront visibles ; tritures et frissons digitaux seront au rendez-vous.
Venue événement, Martin Rev (19.10), musicien proto-punk, moitié de Suicide, a largement influencé tout un spectre de la musique actuelle avec l’utilisation de synthés cheaps et boites à rythme minima au courant des 70’s. Pour l’occasion, il sera accompagné par l’artiste Vj française Divine Enfant pour un jeu optique syncrétique.
L’élégante Lea Bertucci (19.10) loope d’une manière singulière son saxo alto préparé à l’aide de sampler et lecteur à bandes. Du minimalisme organique pour oreilles averties ou pas.
Pour finir ce tour d’horizon, l’underground français sera également présent avec notamment Arnaud Rivière (18.10), fondateur du très bon Sonic Protest, le duo messin Scorpion Violente (19.10) oscillant entre house de cave et sentiments obsessifs ou encore Gendarmery (17.10), dance impertinente très second degré qui détonnera du reste de la programmation.