« On se sent plus à l’aise sur des petits festivals, où tu as l’impression de faire un apéro avec des potes. »
Lofofora, groupe demetal l français fondé en 1989, pionnier de la fusion. Alliant punk, metal, et hardcore, leurs textes en français, engagés et politiquement chargés, abordent des thèmes comme l’aliénation urbaine, les inégalités sociales, et la résistance au conformisme. Leur son énergique et leur identité forte leur ont permis de rester influents au fil des décennies.
Comment arrivez-vous à maintenir cette puissance et être toujours là aujourd’hui ?
V : Avec énormément de travail, de sérieux.
R : Il faut être avec les bonnes personnes. Ce sont souvent des histoires humaines qui mènent à la fin des groupes. Nous on reste bons amis et on a envie de se revoir.
Vous arrivez à vous dire merde lorsque cela ne va pas ?
R : On arrive même à se parler avant d’en arriver là. On est tous différents. On est un peu comme un couple, des ressemblances qui font la complicité et puis la complémentarité qui fait que lorsqu’il y en a un qui est un plus con, l’autre il relève le niveau.
Des personnalités différentes et donc des centres d’intérêts différents. Quels sont-ils ?
R : Il y en a 2 dans le groupe qui aiment beaucoup le vélo.
V : Moi c’est vraiment le vélo et aller faire des bornes. C’est un mode de vie que j’aime bien.
R : Il faut préciser qu’il est parti un an et demi avec son vélo. L’album acoustique on l’a fait sans lui. Phil, c’est le vélo de descente. Quant à moi, je suis plutôt bricolage, cuisine.
Comment vous avez géré l’émergence des réseaux sociaux ?
R : Dernièrement on a fait un clip un peu provocateur et on lisait les commentaires. Il y a parfois des gens qui vont chercher loin dans leur violence. S’ils ont tant de violence à exprimer, qu’ils fassent un groupe de musique ! J’ai liké un commentaire, « Lofofora je déteste ce groupe, les déchets du metal », j’ai mis un like, presque j’avais envie de désormais nous présenter comme ça. C’était une nana qui avait écrit ça et j’ai trouvé ça ultra violent.
Est-ce que ça vous touche personnellement ?
R : Non…enfin si ! Pendant une heure, en écho, le truc revient. Tu ne comprends pas cette violence, tu te retrouves à y penser. Au tout début de Lofofora, lors des premiers concerts, je n’étais pas très bon et j’entendais en vrai les commentaires du public, mais je me suis accroché.
Vous avez un souvenir, un lieu qui vous a marqué plus qu’un autre ?
R : On était en concert « Chez Narcisse » au Val d’Ajol. C’est un peu pour nous la famille. C’est un lieu avec une ambiance particulière. Par exemple à 3h du mat’, t’as un mec, d’1m95 qui arrive vers toi, tu ne le connais pas, et il te dit « tiens Reuno, tu veux un pâté lorrain ? » et il repart. Ce genre de truc, c’est typique de là-bas. Tout le monde vient te parler comme ça, comme si on était tous potes. Il n’y a pas de distinction artiste – pas artiste. On se sent plus à l’aise sur des petits festivals, où tu as l’impression de faire un apéro avec des potes.
L’avenir, vous l’imaginez comment ?
R : On est 4 mecs différents, mais on a un truc en commun, c’est le problème de se projeter dans le temps. Cela rajoute au côté rock, instinctif de ce qu’on fait. Le passé c’est foutu, ne revenons pas là-dessus. On prévoit des trucs, ça ne se passe forcément comme on l’avait imaginé, alors on préfère rester dans l’instant présent. Alors aucune idée, mais on ne s’arrêtera clairement pas du jour au lendemain de faire de la musique ensemble. [AP]
Photos : CFK Photographies