Comment passer à côté du groupe qui faisait la première partie des Eagles Of Death Metal au Bataclan et qui d’après la chronique à venir de mon collègue Jérémy est plutôt prometteur, mais aussi à côté de la sensation Blues Pills, renouveau de la scène Blues Rock Psyché ? Impossible vous me direz, mais bon tout doit rester relatif, je me rends rapidement compte que seulement 200 personnes se sont déplacées ce soir.
Et l’ouverture du bal est donnée avec White Miles, un power duo très couillu et sans aucun artifice. Voix écorchée ou mélodique, jouant avec le public comme avec son acolyte derrière les fûts, la chanteuse/guitariste nous propulse aux confins de son rock, supplanté par des riffs très bluesy et très bien ficelés. Un set très court puisque nous ne sommes gratifiés que d’une courte demi-heure de live où le deuxième album est très peu mis en avant, le groupe jouant sur son album passé, de très bonne facture soit dit en passant. Une incursion fort remarquée dans le public en fin de set vient clôturer cette mise en bouche. À en croire les dires de la chanteuse de Blues Pills pendant le set dudit groupe, elle semble plutôt satisfaite que White Miles les rejoignent sur le reste de la tournée française. Bonne pioche !
Quand j’ai vu pour la première fois Blues Pills en live, je me suis pris une gifle, il était alors primordial pour moi de ne pas passer à côté de ce show. Blues Pills, il faut l’avouer, c’est en premier une chanteuse, Elin Larsson. Une voix qui oscille entre une Janis Joplin ou une Betty Davis, une présence scénique qui vous hypnotise, un déhanchement à en faire pâlir un mort, bref si jeune et elle a déjà tout d’une grande. Ensuite on va faire un peu les chauvins, le guitariste, Dorian Sorriaux… pouarf mais quel toucher de guitare. Si le mec joue avec sa femme comme il joue avec sa guitare, elle doit jamais s’ennuyer la demoiselle. Des phrasés, des solos, une prestance, une modestie dans le geste, lui aussi est tout jeune et nous donne déjà l’impression d’être un artiste accompli. Et je vous parle pas du jeu de batterie tout bonnement pointu et d’une efficacité redoutable. Je ne m’attarde pas non plus sur cette basse aux accents « floydesques », de toute beauté. Point de vue de la setlist, « Black Smoke », « Bills », « Astral Plane », »Gypsy », »High Class Women » deux nouveaux titres, dont un exécuté en guitare acoustique chant, et un final sur « Devil Man »… bref, que dire hormis que l’on a eu affaire à une setlist monumentale.
Le truc qui craint dans ce genre de soirée c’est la fin. C’est l’impression d’avoir vécu un truc de dingue, moi quand j’écoute ce groupe je me dis qu’on tient là le futur Pink Floyd, le groupe qui va repousser les limites de la musique, marquer un tournant dans l’évolution des musiques actuelles. Je me dis aussi que j’en aurais bien repris une heure de plus et là je dois l’avouer, je n’ai qu’une envie… prendre ma caisse et aller à Clermont pour leur prochain set. Bref, vous l’aurez compris un grand, un très grand moment musical comme on en aurait besoin plus souvent.