Jour 1
Je suis tombé par hasard sur la programmation de cette 3eme édition de ce nouveau festival barcelonais, dédié à de la musique forte voir très forte, mais plutôt version Old School avec des pointures des années 80 et 90.
L’affiche étant alléchante, Daily Rock France, par l’intermédiaire de votre serviteur, décide d’aller y jeter un œil et une oreille !
Je vous passe les désagréments liés aux transports en commun, c’est une certitude : où qu’on aille les emmerdes resteront les mêmes concernant ces derniers. Me voilà enfin rendu dans le Nord Est de la ville à la dernière station de la ligne, à Can Zan exactement. Dès ma sortie de métro je comprends tout de suite que je suis au bon endroit en entendant les guitares stridentes et les martèlements de batterie, le site étant a 100 mètres en contrebas de la station. Malheureusement, à mon heure d’arrivée, le festival est déjà bien entamé, et j’ai déjà raté 7 groupes dont Orphaned Land, Coroner, Tyketto ou encore Grave Digger.
L’organisation étant nickel je ne perds pas de temps en formalités, je récupère les fameux pass et je rejoins le site rapidement. Première impression en arrivant : je me rends compte de la taille humaine du festival. Le site est vaste mais malgré le monde, on peut y circuler, y manger et y boire relativement facilement. Il y a des fans de tous âges, des plus anciens à un bébé d’à peine un mois que j’ai pu apercevoir dans les bras de sa maman et dont les écouteurs étaient quasiment plus grand que lui.
La seconde chose qui m’interpelle positivement ce sont les deux grandes scènes montées l’une a coté de l’autre, donnant la possibilité de regarder le show d’un groupe en entier sans devoir courir vers une autre scène pour ne pas louper le début du groupe suivant.
C’est donc par le groupe Allemand de Metalcore Heaven Shall Burn que commence ma journée ! Un set puissant qui ramène un public amassé devant les buvettes en devant de scène. En effet le soleil cogne fort malgré la petite brise qui permet d’atténuer la chaleur. C’est donc en nage que Marcus le chanteur finira le show, sa chemise rouge a moitié ouverte, en surfant sur la foule. En effet le crowd surfing n’est pas de mise dans le festival. De rares circle pits font leur apparition mais sans grande conviction, et quasiment aucun fan ne surfe la vague de bras vers la scène. Cela permet à la sécurité d’arroser copieusement et régulièrement d’eau la foule en devant de scène.
Chaque groupe ayant entre 45 mn et 1H de temps pour se lâcher, il est temps pour les espagnols de Mago de Oz de présenter leur set tout en couleurs.
Le rock celtique des Mago est très attendu des afficionados et de moi même qui les avais découverts sur album lors d’un précédent voyage en terre ibérique. Et finalement pas déçu par la prestation tout en humour mais réglée comme du papier à musique de ces derniers.
21h45 on range les violons et autres instruments celtiques pour laisser place a la machine teutonique que sont les Kreator. Les ayant déjà vus plusieurs fois auparavant, je n’avais pas été plus emballé que cela et c’est donc peu enthousiaste que je me pose dans les avant postes pour jeter un œil. Je ne sais pas si c’est la chaleur de la soirée ou si la cerveza est plus puissante que la bière allemande, mais le show du quatuor était d’une rare violence. A ce jour une des meilleures performances que j’ai vu du groupe.
Des allemands en chassant d’autres, c’est au tour du guitar-hero Michael Schenker et de son groupe MSG de prendre le relais. Plutôt taciturne à chaque fois que j’ai pu le voir auparavant, là il arbore un sourire « Freedent » tout en enchaînant les tubes du groupe : « Into the Arena », « Assault Attack, » « Cry for the nation » « Armed and Ready » et bien d’autres encore. Tous les titres étaient repris en cœur par un public conquis !
Pour cet avant dernier groupe de la soirée, ce sont encore des allemands (ils devaient y avoir un rabais sur les groupes teutons si on en prenait plusieurs !), les Blind Guardian qui déboulent sur scène avec leur power metal puissant. Ne les ayant jamais vus ni même écoutés, je fus agréablement surpris par la prestation de ces derniers.
Comme mentionné précédemment, l’organisation étant réglée au millimètre, les groupes s’enchaînent sans temps mort et pile a l’heure.
C’est donc a 1h15 du matin que le magnifique décors, orné de croix renversées, de pentacles et autres gargouilles, accueille le maitre des ténèbres : King Diamond. Le clou de la soirée, un son parfait, une voix toujours aussi haut perchée, et une mise en scène digne d’un Alice Cooper. Malheureusement le métro fermant a 2h00 du matin je n’ai pas pu assister à l’intégralité du show, car le trajet, la chaleur et cette journée intense ont eu raison de mes dernières forces et je décide de quitter les bras du démon pour ceux de Morphée.
Jour 2
Aprés une bonne nuit de récupération et une matinée a commencer à derusher les photos de la veille, je commence cette nouvelle journée à 15h40 avec le groupe espagnol Leize dont le passage ne me laissera pas un grand souvenir.
16h40 : enfin les choses sérieuses commencent avec les américains d’Armored Saint. C’est un John Bush en pleine forme qui mène la danse. Un set généreux et puissant revisitant les premiers albums du groupe. Un bonheur de revoir ce groupe avec toujours autant de plaisir de jouer.
Une heure plus tard c’est le nouveau projet de l’ex-Helloween Kai Hansen, qui prend le relais. Unisonic, comment dire, et bien c’est du Helloween bis. Agréable à écouter et à regarder mais bon, aucune surprise. C’est propre, c’est efficace mais pas forcément ce petit truc qui vous fait bondir au plafond !
C’est au tour des américains d’Overkill et de leur thrash metal de nous décrasser les écoutilles. En voilà un groupe qui envoie du lourd. Scéniquement, musicalement, on ne fait pas dans la demi mesure. Du bon vieux Old school comme on l’aime. Un set efficace qui laisse le public abasourdi. Le temps d’aller se rafraîchir autour des brumisateurs et d’un bon godet voilà le groupe espagnol Baron Rojo qui prend son envol. Il me tardait de les voir sur scène, car je les suivais depuis des années, en fait depuis que Judas Priest en avait fait la pub dans les années 80. Mais c’est là qu’on se dit que le poids de l’âge nous rappelle à l’ordre. Set un peu poussif à mon gout malgré des compos que j’adorais sur album. Après tant d’attente de les voir en live, c’est déçu que je quitte le set, je me consolerai en écoutant leurs albums. C’est bientôt le tour du groupe que tout le monde attend : Iron Maiden.
Aux dires de la manager du groupe, 20000 personnes sont présentes pour le show. En effet en ces deux jours je n’ai pas vu autant de monde devant la scène. La vidéo de la pub pour le nouveau jeu de Maiden passée, il est temps d’entendre les premiers accords de « Doctor Doctor » d’UFO, synonyme d’un début de concert imminent.
Décors majestueux sur fond de temple Incas, Bruce termine ses incantations et c’est parti pour deux heures de hits connus de tous, en y intégrant des morceaux du dernier album « The book of soul», dont « If eternity should fail » qui donne le départ de la soirée. On ne sait où donner de la tête tant le groupe est actif sur scène, Jannick Jers un vrai pantin courant à droite à gauche, maltraite sa guitare et Bruce n’est pas avare de déplacements non plus. Il court sur la plateforme tout autour de la scène afin que tout le monde puisse l’apercevoir. Steve, en jambes également, « mitraille » le public de sa basse tout en chantant tous les titres. Seuls Adrian et Dave comme à leurs habitudes sont très discrets mais rudement efficaces. Les titres s’enchaînent ponctués par les déclarations de Bruce entre deux chansons. Les deux heures se terminent après 15 titres et l’on a juste l’impression que cela vient de commencer. Le problème avec ces groupes c’est qu’ils ont tellement de titres qu’il faut faire une sélection. Donc exit « Run to the hills », « Aces High » ou encore « Runnin free ». Mais finalement cela permet aux nouveaux titres de trouver leurs places bien que cela puisse frustrer le fan pur et dur.
Le show fini c’est le départ massif des fans, mais il reste quand même du monde pour applaudir les japonais de Loudness. Encore un groupe que je n’avais jamais vu et que j’avais hâte de découvrir. Là, pas de déception, la voix si spéciale de Minoru Niihara est toujours en place tout comme le jeu de guitare d’Akira Takasaki ! Tous arborent un large sourire car ils n’ont pas souvent l’occasion de venir dans nos contrées. Et c’est un vrai régal pour nos oreilles.
La soirée tire petit à petit à sa fin et je découvre un groupe Argentin (une première pour moi) Rata Blanca. Et au vu de l’attente perceptible du public, on dirait qu’ils ont un fan club important de ce coté de l’Atlantique. Un heavy metal classic mais bien interprété avec un chanteur très présent sur scène et vocalement, qui se partage la scène avec un guitariste très en avant, Walter Giardino, fondateur du groupe.
Puis le clou de la soirée : Doro qui ferme le bal en commençant son show a 1h30 du matin devant un public encore nombreux. Comme quoi rien de plus fidèle qu’un fan. Mais très peu pour moi, après 4 ou 5 titres je décide de jeter l’éponge et me revoilà reparti dans mon dédale de couloirs de métro.
Jour 3
Dernière journée du festival et là je me régale d’avance. Pleins de groupes que je n’ai jamais vu et que voulais voir, et d’autres que j’avais envie de revoir.
La journée commence tôt, à 13h sous un soleil de plomb (la journée la plus chaude du festival). On va souffrir !
C’est le groupe Alyanza qui ouvre cette dernière journée devant un parterre très clairsemé.
Puis c’est au tour d’un groupe suédois, Eclipse de monter sur scène. Je les plains de jouer sous cette canicule, mais les bougres envoient un metal relativement classique mais bougrement efficace. Une petite découverte à revoir.
Puis ce sont aux anglo-irlandais de The Answer de nous proposer leur rock seventies. Le groupe connaît bien la région comme nous le rappelle le chanteur Cormac Neeson puisqu’ils y ont enregistré un album.
Retour au metal lourd avec Candlemass. De mémoire ce groupe ne m’interpellait pas plus que cela, mais là sur scène ce fut une très agréable surprise. Des morceaux plutôt Doom aux morceaux au tempo un peu plus rapide, ce fut un réel bonheur que de les voir live.
Passons sur Ciclonautas qui m’a plus endormi qu’autre chose. Cela a permis de faire une petite pause breuvage et bouffe en attendant un autre groupe américain qui m’avait laissé sur ma faim quand je les avais vu. Donc c’est plutôt a reculons que je me présente devant la scène d’Obituary ! Et là, grosse baffe. Un son surpuissant, une animosité scénique et grand miracle, je peux enfin les voir !!! Oui, d’habitude les lights pour ce groupe étant très tamisés, là pour le coup, jouant en plein jour je peux enfin découvrir leurs visages !!
Le passage d’Impellittri me laisse de marbre, malgré la dextérité du guitariste mais voilà, la magie n’opère pas.
Puis c’est le tour d’un des Big Four : Anthrax. Ce groupe est vraiment taillé pour la scène. Scott Ian plus réservé que dans sa jeunesse, ce sont Joey Belladonna et Franck Bello qui font le show. Les grands classiques y passent « Indians », « Antisocial », « Caught in a mosh »… bref 9 titres pour 55 minutes de show. Mais encore une fois du bonheur de revoir ce groupe live.
Changement de plateau et nous voilà partis dans les contrées nordiques avec la présence du Drakkar d’Amon Amarth ! Un très gros son et une très belle performance pour ces Vikings éblouis par le soleil couchant de cette fin d’après-midi.
Maintenant, place aux monstres sacrés de la journée. Tout d’abord Thin Lizzy, où du line up original il ne reste que Scott Gorham. Ricky Warwick au chant est le meilleur remplaçant à feu Phil Lynott. Par contre derrière les futs c’est Scott Travis (Judas Priest) qui maltraite la grosse caisse. En tout cas, les morceaux sont magnifiquement interprétés : « Rosalie », « jailbreak », « the boys are back in town », au total une douzaine de pépites avec en final un « Whiskey in the Jar » mémorable ! Un de ces concerts où l’on ne souhaite pas que cela s’arrête !
Bref place à David Coverdale et son serpent blanc. Un groupe que je découvre sur scène, et oui encore un. Et là premier constat, David a gardé sa magnifique voix, puissante et douce a la fois. « Bad boys », suivie de « Slide it in », débute le show. Pas de temps mort, 1h15 de show donc il faut en donner un maximum alternant les morceaux rock du groupe avec les slows. Clou de la soirée, le solo de batterie de Mr Tommy Aldridge. Ce type a quatre bras et huit jambes. Ça cogne de partout, et quand il décide en milieu de solo d’envoyer ses baguettes dans le public, il continue a frapper a mains nues sur les toms et les cymbales ! Du jamais vu à mon niveau. Le groupe nous quitte avec « Still of the night ».
Et maintenant le groupe que je rêvais de voir arrive sur scène. Il s’agit de Twisted Sister et de son chanteur fou Dee Snider. On m’avait prévenu, ce sera une énorme baffe ! Et bien je ne m’attendais pas à cela. Pyrotechnie, lights, feu, tout est paré pour un grand spectacle. On n’arrête pas le moulin à parole qu’est Dee et forcément l’organisation impeccablement orchestrée vient de récupérer un grain de sable. On ne l’arrête plus « ne vous laissez pas emmerder par les intégristes de tout bord, fuck them ! », et les dédicaces à Lemmy, et AJ Pero décédé un an plus tôt, donnent des moments d’émotions où Dee demande à ce que les lumières s’éteignent et à ce que le public allume briquets et téléphones. Question musique on a droit à tous les classics du groupe, des premiers aux derniers albums. Puis Dee s’excuse auprès de Slayer qui jouera derrière eux, mais « nous n’allons pas tenir le timing désolé les gars ». Puis vient le moment de dire adieu et Dee d’expliquer que la prochaine fois où il viendrait à Barcelone ce ne sera plus avec le groupe mais pour voir « si votre fichue cathédrale est enfin terminée !! ». Que du bonheur de voir ce groupe intègre et fidèle a ses principes de jouer du rock n roll pour son plaisir et ceux des autres. Si vous avez l’occasion de les voir avant leur fin de carrière, faites le car comme l’a annoncé le chanteur « nous ne ferons pas comme ces autres groupes que nous adorons, qui annoncent que c’est la dernière tournée tous les deux ans ! ». Foi de Dee, n’hésitez pas.
Puis le festival se termine sur le rouleau compresseur qu’est Slayer, qui commencera son set en retard comme l’avait annoncé Dee Snider. Pareil qu’Obituary, ce sont des lights sublimes qui illuminent le groupe. Il faudra 15 morceaux d’anthologie pour mettre a terre le Torerro Rock Fest. 15 morceaux dont « War Ensemble », « Mandatory Suicide », ou encore « Dead Skin Mask ». Je me surprends à headbanger sur ce groupe qui ne m’a jamais énormément convaincu en live. Mais ce soir, est ce le fait de ne jouer qu’une heure qui fait que le groupe se donne a fond ? Je ne peux le dire mais il est clair que j’ai pris une énorme claque. La fin de set est tout simplement énorme : « South of Heaven », « Raining blood », « Black magic » et enfin « Angel of death ». Il est deux heures et demi du matin, sous une tente, le groupe Thundermother fait un dernier set pendant que le site se vide des metalleux repus de tant de décibels. Puis a 3h30 une boîte de nuit à ciel ouvert prend le relais, mais avec AC/DC, Judas Priest ou encore Iron Maiden en guise de bande son.
Il est temps pour moi de rassembler mes affaires et d’attendre 5h du matin pour prendre le métro qui m’emmènera a l’aéroport pour prendre mon vol de 8H, mais avec des étoiles pleins la tête, et des souvenirs inoubliables d’un festival à taille humaine, où la bonne humeur et l’amour du bon gros rock sont de mise.
Rock Fest Barcelona, je reviendrais. Merci pour votre accueil et la bonne ambiance.