#Le Hellfest, ce n’est pas que de la musique. C’est aussi des personnes que l’on se réjouit de revoir ou de rencontrer…Le festival commence donc toujours pour moi, comme un rituel, le jeudi après-midi. Après avoir pris mon pass press et rechargé ma carte cashless, direction le Metal Corner. L’occasion de prendre des nouvelles de certains et de prendre l’apéro en bonne compagnie. Et c’est finalement sous une météo clémente, malgré ce qu’ils avaient annoncé, que débute cette onzième édition.
VENDREDI 17 JUIN :
J’ouvre les hostilités avec The Shrine, groupe que j’ai découvert en première partie de Black Label Society au Bataclan l’année dernière. Il est tôt (10h30) mais la mise à feu est parfaite et leur set énergique, bien qu’un peu court (30mn), donne le ton. Et c’est parti pour trois jours non stop. Delain sur la Mainstage 1 peine à me convaincre, mais en bon soldat, je met un point d’honneur à rester jusqu’au bout. J’avoue volontiers que j’attends surtout Audrey Horne qui se produit juste après. Les norvégiens, comme il y a quelques années au même endroit, ratissent large et leur Hard-Rock musclé sonne comme une charge héroïque. Au chant, Toschie donne de sa personne et ne ménage pas ses efforts. C’est propre et carré avec un grain de folie qui fait du bien à cette heure de la journée. Tremonti étant resté bloqué aux Pays-bas (il se produira en fin de journée sous la Valley), c’est l’heure d’aller se dégourdir les pattes. Autrement dit, direction le bar. Une bonne demi-heure plus tard, Nashville Pussy entre sur scène. Les américains que j’ai déjà eu l’occasion de voir à maintes reprises ne déçoivent pas et font le job. Refusant de succomber aux modes d’où qu’elles viennent, ils nous balancent leur Rock & Roll frelaté et tirent leur épingle du jeu. Changement de style avec Shinedown et leur Heavy Metal calibré US. C’est efficace mais pas très original et le chanteur en fait des caisses et a donc le don de m’agacer. Du Made in France maintenant avec le Bal des Enragés. Au menu : des reprises joués par la fine fleur du Metal français (avec des membres de Loudblast, Lofofora, Tagada Jones…). Le temps passe trop vite mais on a le temps de reprendre en chœur des standards de Motörhead, Rage Against The Machine, Parabellum ou bien Trust. Fun et jubilatoire. Halestorm que je voyais pour la première fois ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Et ce n’est pas le joli minois de la chanteuse Lzzy Hale qui va y changer quoique ce soit. C’est plat et tout comme Shinedown, je m’ennuie ferme. Aucune spontanéité, des riffs déjà entendu des milliards de fois et un concert en demi teinte. Vite la suite ! Encore une fois, c’est une formation française qui va redonner le tempo. Les Mass Hysteria, car c’est eux dont il s’agit, vont envoyer du velu. Au chant, l’infatigable et le revendicatif Mouss mouille la chemise (enfin son polo), imité dans la foulée par le reste de la bande. Nous sommes en milieu d’après-midi et ils remplissent le contrat en faisant exploser l’applaudimètre (et quelques tympans). Pourquoi aller chercher ailleurs ce que l’on a sous la main ? Une prestation haute en décibels et musicalement irréprochable. Cocorico ! La dernière fois que j’ai vu Anthrax, c’était à Paris dans un Zénith blindé en première partie de Motörhead. Ils m’avaient bluffé ce soir là et je n’avais qu’une seule envie : Les revoir au plus vite. Les conditions d’un concert en salle et en festival ne sont pas les mêmes et on va très vite s’en rendre compte. Les américains déroulent et se contentent d’additionner les titres. Quand on connaît la force de frappe d’un Scott Ian à la guitare, on a le droit d’être déçu. Et c’est le cas ! Même Joey Belladonna au chant parait hors sujet, c’est dire. Il faut immédiatement rétablir un niveau de jeu adéquate et la réponse viendra du combo norvégien Turbonegro qui comme à son habitude, ne vient pas ici pour coller des gommettes. Le public chauffé à blanc n’aura d’yeux que pour son chanteur anglais Tony Sylvester (qui a brillamment remplacé son prédécesseur) qui ne tardera pas à mettre tout le monde d’accord. Une avalanche de hits plus tard (« l Got Erection » et « All My friends Are Dead » en live, c’est quand même quelque chose), c’est une envie de liquide qui me fait quitter les scènes principales. Je fais donc l’impasse sur Bullet For My Valentine (Quel nom ridicule) et Hatebreed pour ne revenir que pour revoir les danois de Volbeat. Le public venu en masse ne se fait pas prier pour donner de la voix et Michaël Poulsen au chant est toujours aussi convaincant. Rob Caggiano (ex Anthrax/guitare), quant à lui emporte tout sur son passage avec ses riffs méchamment heavy. Une valeur sûre. Place maintenant aux bostoniens de Dropkick Murphys qui vont nous livrer une belle prestation, cependant beaucoup moins bandante qu’en 2012. L’effet de surprise n’est plus là et leur concert est trop maitrisé et sans saveur particulière. Dommage. Visuellement, Rammstein ne fait pas dans la dentelle et c’est devant une foule immense et compacte que débute leur show. Même si je ne connais pas par cœur la discographie des allemands, je n’ai aucun mal à reconnaître certains titres. Une grosse cylindrée qui ne m’a pas déçu et pour qui le festival a dû faire fermer, par mesure de sécurité, la nouvelle tyrolienne. Du spectacle grandeur nature qui réchauffe (au sens propre comme au figuré) et qui donne vraiment envie de les revoir dans une autre configuration. Impressionnant. Kvelertak ou The Offspring ? The Offspring ou Kvelertak ? Moi qui hésitait encore en début de journée, finalement, je n’ai pas eu le choix vu le parcours du combattant pour rejoindre la toute nouvelle Warzone. Ce sera donc The Offspring, qui a plus de minuit va nous offrir une séance sympa mais légèrement has-been. Il est un peu plus de 2 heures du matin et direction le Easy Camp, pour tester les nouvelles tentes, qui, je l’espère, résisteront aux averses.
SAMEDI 18 JUIN :
Ce matin, découverte de la toute nouvelle Warzone. L’endroit est magnifique, spacieux et superbement agencé. Jouer à cet endroit, même à onze heures du matin, doit être assez gratifiant et les Dirty Fonzy ne s’y trompent pas. C’est efficace, robuste et ils ont le mérite de nous remettre direct dans le bain. La fatigue d’hier soir est vite oublié et me voilà prêt pour une seconde journée (Non sans avoir goûté le fameux Muscadet du pays nantais au bar à vin). De retour sur la Mainstage 1 ensuite pour assister au Hard-Rock nippon de Loudness. Les japonais s’en sortent plutôt bien avec mention spéciale au guitariste Akira Takasaki, véritable star dans son pays, qui se paye le luxe d’utiliser la technique appelé tapping popularisé par Eddie Van Halen. Un détour par la Valley s’impose maintenant pour revoir les américains de Crobot, que j’avais découvert également en première partie de Black Label Society. Comme la première fois, j’adhère immédiatement et les quarante minutes qui leur sont accordés me semblent bien trop courtes. A peine de le temps de reprendre mon souffle, me voici de retour sur les Mainstages pour Glenn Hughes (The Voice of Rock). Même chose que pour le concert précédent, c’est bien trop court car vraiment très bon. Le chanteur britannique force le respect et nous propose un medley des nombreux groupes auquel il a participé (Deep Purple et Black Country Communion notamment). Le menu est encore frugal aujourd’hui et l’enchainement est physique. Un arrêt au stand s’impose. SIXX: A.M. c’est avant tout Nikki Sixx (Mötley Crüe)…Le légendaire bassiste est en grande forme, bien secondé par ses deux acolytes. Mais à mon grand regret, tout est millimétré et aucune place n’est faite à l’improvisation. On passe tout de même un bon moment en leur compagnie et on savoure leur première participation du côté de Clisson. Il ne reste qu’un seul membre fondateur et pourtant, Foreigner tourne toujours. Mick Jones est toujours de la fête (et toujours aussi impressionnant) mais c’est Kelly Hansen (quel chanteur !) qui prend les rênes du groupe. Des tubes à la pelle, un son fantastique et c’est parti pour cinquante minutes de bonheur. Un régal ! Premier guitar hero à se produire au Hellfest, le virtuose Joe Satriani muscle son jeu et c’est sans artifices mais avec un sens inné du feeling qu’il remporte tous les suffrages. Moi qui pensait m’absenter au bout de cinq minutes, j’en aurai bien repris un petit peu. Belle surprise en tout cas. Et ce n’est pas fini puisqu’ensuite, c’est Disturbed (que je connais très peu) qui se distingue sur l’autre scène. Je voulais rejoindre la Valley pour Goatsnake mais encore une fois, l’affluence record m’incite à économiser mes pas et à rester sagement où je me trouve (c’est à dire près du bar). Et là encore, grosse surprise. David Draiman au chant est on ne peut plus convaincant et les titres interprétés honorables (même si la reprise de « Sound Of Silence » plombe un peu l’ambiance). Devoir accompli pour les américains qui seront rejoints en fin de service par Sixx: A.M. et Glenn Hughes. Sharon Del Adel et son groupe Within Temptation n’auront pas non plus à rougir de leur prestation. La chanteuse dans une très belle robe hypnotise l’assistance et me semble beaucoup plus concernée qu’au Zénith de Nantes en 2011. Pas forcément fan des hollandais, j’apprécie tout de même ce que j’entends. Pour finir la journée, direction la Valley pour voir un des groupes que je n’ai jamais encore vu. J’en attends beaucoup et le concert va me séduire au delà de mes espérances. Fu Manchu donne selon moi, l’un des meilleurs concerts du festival. Voici l’exemple parfait d’un groupe qui prend tout son sens sur scène, avec un son massif décuplé par la sono et des riffs pachydermiques. Du rock stoner irrésistible et sans concessions. Sublime !
DIMANCHE 19 JUIN :
Pour cette troisième journée, les Stonebirds sous la Valley prennent les choses en main dès 10h30 du matin. Les bretons distillent un stoner doom un brin psychédélique et nous réveillent de façon amicale. C’est planant et pesant à la fois et malgré l’heure, je rentre dans leur délire. Me voici prêt pour la dernière ligne droite. Il apparaît de prime abord difficile de critiquer le nouveau line up que nous propose Nightmare. Jo Amore parti sous d’autres cieux, c’est Maggy Luyten au chant qui attire tous les regards. Le mercato a été judicieux et la toute nouvelle chanteuse est tout simplement une des meilleures à son poste. Elle possède notamment un grain dans la voix qui fait la différence, et une envie de bien faire qui fait plaisir à voir (enfin surtout à entendre). Du Power Metal de qualité qui fait l’unanimité. Le terme Thrash Crossover leur colle à la peau et ce n’est que justice. Municipal Waste et son backdrop qui nous a beaucoup amusé (Donald Trump qui se tire une balle en pleine tête) envahit la Mainstage 1 et nous prend direct à la gorge avec des titres courts, très courts même. Dans un registre toujours aussi efficace, les ricains nous balancent 18 morceaux en à peine 30 minutes ! Aucun répit donc et leur set se termine brutalement avec l’interruption nette de « Born To Party », le groupe ayant débordé de son créneau. Gros coup de cœur en ce qui me concerne (tout comme Iron Reagan l’année dernière, dans le même style). Les israéliens d’Orphaned Land, à travers leur musique, nous délivre un message de paix et de tolérance. On est bien loin ici du folklore satanique qui colle à l’image du festival et on se laisse porter par ce Heavy Metal hybride. L’absence de chanteuses et d’instruments traditionnels fait cruellement défaut (remplacé semble t’il par des bandes) et je trouve, malgré toute leur bonne volonté, leur prestation bien moins convaincante qu’au Motocultor 2013. Moi qui pensait assister au concert de Vintage Caravan, je me rends compte de mon erreur lorsque débute le show de Vintage Trouble. Dans un style rock – rhythm and blues, les américains font bien mieux que de la figuration et réussissent à convaincre un public féru de Metal. Un véritable ovni dans la programmation du Hellfest qui va en surprendre plus d’un (et moi le premier). Au micro, Ty Taylor est possédé et comme le regretté James Brown, il enchaine les pas de danse tout en chantant avec conviction. Il ira même jusqu’à se frayer un chemin dans le public sur le titre « Run Baby Run » pour repartir dans les airs porté par les festivaliers. Quel showman ! Une parenthèse inattendue qui nous fera le plus grand bien. Sur les conseils d’un ami, direction la Altar pour The Skull. N’ayant pas fait le rapprochement, on me souffle à l’oreille qu’il s’agit ni plus ni moins d’Eric Wagner et Ron Holzner, deux membres historiques de Trouble. Leur doom est du genre efficace, écrasant et je ne regrette nullement mon choix d’avoir fait l’impasse sur Dragonforce. Comme chacun le sait, les No One Is Innocent sont en grande forme et dans un climat plus que jamais hostile, Kemar (toujours aussi virulent) et ses sbires viennent nous convaincre à grand renfort de décibels. La prestation est impressionnante et « Charlie » + « Silencio » (tiré de l’excellent « Propaganda ») s’intègrent parfaitement à la set-list. En bonus et en hommage à Lemmy : la reprise de Motörhead « We Are The Road Crew ». Bordel, ça fait du bien ! Tarja Turunen est une artiste que je ne connais pas très bien et je me positionne justement pour en savoir un peu plus sur l’ex chanteuse de Nightwish. Mais rien à faire, à aucun moment je n’apprécie ses vocalises et cela finit même par me gonfler. Sa reprise de Muse « Supremacy » finit de m’achever et je rends les armes dans la foulée. Un café et l’addition s’il vous plait ! Le public venu en nombre est en ébullition. Gojira se produit sur scène et défend son sixième album « Magma » sorti deux jours plus tôt. Un album d’ailleurs qui divise les fans mais peu importe, les landais atomisent la Mainstage 1 (et je n’exagère pas !). Puissance et violence sont au programme pour une vraie démonstration. C’est qui les patrons ? Eins, zwei, drei…Les allemands de Kadavar investissent la Valley et me déçoivent légèrement. Leur performance est bonne mais hélas sans aucune surprise, et j’ai vraiment l’impression d’écouter un de leur CD. Bien évidemment, c’est très bien exécuté, mais ça manque méchamment de folie. Peut mieux faire donc. Sur la même scène et à 19h30 pétantes, Rival Sons et son fabuleux guitariste Scott Holiday n’ont aucun mal à séduire l’assistance. Le son est impeccable et Jay Buchanan au chant est vraiment impressionnant. Les californiens y mettent les formes et remportent haut la main la palme du groupe à suivre coûte que coûte. Leur niveau de jeu est tel qu’Ozzy Osbourne lui même les a choisi pour les premières parties de Black Sabbath. Comme une évidence. Ce n’est pas la première fois que Megadeth se produit à Clisson. En 2012, nous avions assisté à un excellent show de leur part et le public déjà très nombreux, avait joyeusement repris à l’unisson « Holy Wars », « A tout Le Monde » et autres titres rentrés dans la légende du Heavy Metal. Dave Mustaine, comme d’habitude a l’air de faire la gueule, mais esquisse un sourire (oui c’est possible) lorsque son nouveau guitariste Kiko Loureiro (ex Angra) vient se frotter à lui. Musicalement irréprochable. Bien que sur album, je trouve ça parfois pompeux (ceci dit, ils ont quand même des putains de bons titres), les énigmatiques Ghost (Papa Emeritus lll et ses Ghouls) arrivent à m’enrôler en donnant dans le théâtral et dans la cérémonie en grandes pompes. Décors, costumes, mise en scène…Tout y est ! Ajoutez à cela, des nonnes venues faire tapisserie et une chorale d’enfants sur le dernier morceau, et vous aurez un aperçu de ce que les suédois proposent. Et même si l’ensemble est fortement aseptisé, je me laisse embarquer dans leur univers. Sympa. Place maintenant au groupe qui a posé les bases du Heavy Metal et qui est une référence absolue : Black Sabbath. Rien n’aurait été possible sans le gang de Birmingham et rien que pour cela, il fallait être présent ce soir là. Ozzy Osbourne sur qui reposait toutes nos incertitudes est plutôt en forme et harangue la foule. Tony Iommi (guitariste hors pair) et Geezer Butler (basse) bien que plus discrets, sont d’une précision maléfique. Tommy Clufetos (qui remplace le mythique Bill Ward à la batterie) est un cogneur de premier ordre et s’en donnera à cœur joie lors d’un solo dantesque de près de dix minutes. Un concert semblable à un best of tant les titres joués sont immenses et ont laissés une trace indélébile dans l’histoire de la musique. Jugez plutôt : « N.I.B », « War Pigs », « Iron Man », « Children Of The Grave », « Into The Void », « Paranoid »…Les anglais tirent donc leur révérence (c’était leur tout denier concert) en nous livrant une performance inoubliable. Merci. Nous sommes en fin de parcours et la fatigue se fait sentir. Et c’est d’un œil distrait que j’assiste au concert de King Diamond, qui malgré sa voix criarde, me servira de berceuse.
#Alors le Hellfest, le paradis ou l’enfer ? Pour récolter des indices objectifs, je me suis appuyé sur les meilleures sources en la matière. C’est à dire chez les non pratiquants. Et sans hésitation, il en ressort que ce festival est vu plutôt comme un lotissement post mortem et la place des infidèles, des personnes immorales, de celles qui pratiquent la magie noire. Et selon eux, l’enfer est bien le pire endroit à visiter même de son vivant. Mais le paradis est-il aussi hospitalier qu’on le pense ? Pour moi qui suis athée, la question ne se pose même pas et je vous donne donc rendez-vous le 16/17/18 Juin 2017 du côté de Clisson. Stay Heavy.