Jonathan Davis (main stage 1)
L’excellent compositeur du groupe désormais culte Korn n’a plus rien à prouver en terme de créativité : 25 ans de scène, 19 albums dont 2 en solo (2008 et 2018). Le musicien se disait avide de changements et d’expérimentations, volonté qu’on retrouve sur scène avec un groupe assez riche (violoniste, claviériste). Avec son nouvel album « Black Labyrinth », l’éternel dreadlocké apparaît plus mature tout en gardant ses émotions à fleur de peau qui font sa signature. Rapide clin d’œil également à d’autres collaborations comme la BO du film « The queen of the damned » (Forsaken). Néanmoins, petit bémol qu’on avait déjà remarqué, le compositeur n’est pas un showman aguerri et le concert, bien qu’impeccablement mené, manquait un peu de spontanéité et d’énergie.
Greta Van Fleet (Warbird stage) (Nico)
Voilà le nouvel OVNI dont tout le monde me parle !! « Va voir et fais-toi ton avis, tu vas prendre une baffe ». Sur ces bons conseils me voilà devant la scène de la Warbird pour y découvrir le groupe des 3 frères Kiszka. C’est un début de concert laborieux, car pendant deux ou trois minutes impossible d’entendre le chanteur. Le problème étant réglé c’est en effet une très agréable surprise qui m’attend. En effet je lève les yeux au ciel et c’est l’ombre d’un Zeppelin qui survole la Base Aérienne. La voix haut perchée de Josh n’est pas sans rappeler celle d’un Robert Plant des grandes heures. Et que dire de la guitare de son frère Jake. UN excellent moment qui nous emmène dans la musique des années 70, paradoxe pour un groupe âgé d’a peine une vingtaine d’année.
Volbeat (main stage 1) (Nico)
Volbeat est le dernier groupe à fouler les planches de la Main Stage avant l’arrivée des Guns and Roses. C’est un sentiment bien mitigé que de voir ce groupe sur scène. Pour quelqu’un qui les voit pour la première fois, il n’y a rien a dire. C’est carré, cela sonne pro, très américain, et aseptisé. Les morceaux percutent et cela promet une bonne soirée, avec les hommages à Johnny Cash et les autres groupes qu’ils affectionnent. Par contre pour les avoir vu au moins 5 ou 6 fois, et bien rien de nouveau à l’horizon. Toujours la même chose, rien d’excitant, tout est calculé d’un show à l’autre. Au final il vaut mieux les écouter tranquillement dans son canapé car niveau émotion cela sera du même niveau que de les voir live !! Les gars va falloir revoir un peu votre jeu de scène : si cela continue les gens vont se lasser !!
Seether (Warbird stage)
Le groupe de grunge sud-africain est resté fidèle à lui-même : la même Cobain’s attitude, jeen, tee-shirt, sans fioritures, sans chichis, juste l’énergie du riff et de la voix rocailleuse de Shaun Morgan. Le leader du groupe est resté très simple, très accessible, loin de vouloir de se mettre en avant, il se glisse sur la droite de la scène, laissant le front à son énergique bassiste. Le dernier album « Punish the Parish » est enfin un retour aux bons riffs qui ont fait la force des « Disclaimer (1 et 2) » et « Karma and effect », retour vivement souhaité par le leader qui a fondé pour l’occasion son propre label et a auto-produit cet album (sorti en 2017). Très belles découvertes des nouveaux opus très rock tels que « Stoke the fire » ou « Let you down ». Comme à son habitude, Shaun Morgan se laisse tenter par un acoustique sur une reprise de « Broken » (duo originellement enregistré avec Amy Lee, chanteuse d’Evanescence) et les fans des premiers temps ne sont pas en reste : « Remedy », « Fine again », « Gazoline » ou le très rythmé « Fake it » composaient aussi le très court set de 60min.
Gun’s and roses (main stage 1)
30min de retard pour le groupe légendaire californien. Le public compte de nombreux fans, arborant leurs tee-shirts officiels depuis le début d’après-midi. La tension est palpable tandis que le teaser de début (un char visiblement fatigué, remplacé ensuite par une cartouche de révolver moitié fusée, moitié insecte) fait davantage monter la pression… (et l’impatience). Enfin, le groupe arrive sur scène. On éprouve un peu d’émotion en revoyant sur une même scène Axl Roses, Slash et Duff McKagan. Il ne faut pas oublier que le leader rouquin du groupe a fait voile en solo pendant près de 20 ans avant le « Not in this lifetime » Tour, débuté en avril 2016. Un set très éclectique, avec de belles références au légendaire « Appetite for destruction » (1987) avec « Welcome to the jungle », « It so easy » et « Rocket queen » mais aussi des clins d’œil au projet solo d’Axl Roses « Chinese Democrasy » (2008). Pour un groupe qui n’a pas sorti d’album depuis 10 ans, le son reste impeccable, la production très hollywoodienne, avec néanmoins un air un peu « lassé » chez les 2 monstres de l’Histoire de Hard Rock.
Bilan : entretien avec Damien Charmard Boudet, l’un des 3 programmateurs du Download Festival France.
120 000 festivaliers sur 4 jours dont 10 000 campeurs (2000 dès le jeudi soir). « Ça devient enfin un festival » affirme Damien, même si la plupart des festivaliers semblent arriver en fin de journée pour les têtes d’affiche. La disparité des temps de jeu (40min pour Tagada Jones et 3h00 pour les Guns of Roses par exemple) doit aussi influencer la tendance. Le programmateur confirme que le festival parisien souhaite donner la possibilité aux têtes d’affiche de proposer leur set « stade » sur les main stages. Les « petits » groupes seraient alors presque relégués au rang de 1ère parties pour les monstres de l’histoire du rock (Ozzy Osbourne, Marilyn Manson, Foo Fighters et Guns of Roses pour l’édition 2018).
La programmation ne s’orientera pas à priori vers du métal extrême même si certains groupes de Black Metal (Perturbator) sont tout de même programmé en fin d’après-midi. « Le Hellfest gère très bien ce style de musique, nous souhaitons rester sur du Rock », confirme Damien Charmard. Malgré cette prise de position, les styles restent très variés sur une même scène (Franck Carter, suivi de Mass Hysteria puis Foo Fighters). Néanmoins, pour le moment, l’équipe de programmation ne souhaitent pas dédier des scènes à un style particulier (comme les zones dédiées du Hellfest) afin de se laisser une plus grande liberté en termes de choix de programmation. « On ne veut rien s’interdire », conclue le programmateur avec le sourire.
Pour les nostalgiques des Eu(ROCK)s qui ne sont pas encore près à franchir le seuil périlleux du Hellfest, le Download est un bon compromis, un festival qui se veut « grand public » pour les amateurs de rock, curieux de découvrir de belles têtes d’affiches dans un cadre atypique. Si le jeune festival français manque encore d’une identité qui lui ait propre, l’équipe ne manque pas de motivation et il semble prêt à prendre ses ailes et à s’imposer sur le sol de français.
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Textes: Aurianne et Nicolas
Photos: Nicolas