Encore une fois, l’auteur-compositeur-interprète Thomas Simon Saddier signale son retour. Le montréalais d’adoption ne chôme pas et cumule les sorties musicales, aussi éclectiques qu’elles soient, sous divers pseudonymes. Cette fois-ci l’artiste réapparaît sous son nom complet en livrant « Exil Toujours » le 6 mai 2022. Le fruit de cette expérimentation révèle des chansons à texte, de musique du monde, de rock en passant par des rythmes jazz.
Ce projet solo fut réalisé à Montréal au Jarry Recording, studio personnel de son créateur. Assurant lui-même la production, la prise de son et le mixage, il confie le matriçage à TomA Sound Factory. De nombreux collaborateurs l’entourent, qu’ils proviennent de Suisse, de Serbie, du Canada et du Québec, dont le tout résulte d’un partage de cultures et d’influences.
La première partie de l’album évoque une composition jazzée, notamment avec « Aéroport » où une section de cuivres vient orner la trame, improvisation du musicien Guillaume Laroche. En effet, sa séquence de saxophone alto et ténor s’accorde de connivence avec la voix du français d’origine et de ses proses aériennes. La rythmique de la batterie, jouée par Saddier lui-même, dans « Loin », appuyée de la guitare par Phil Beaulieu du groupe Loofoq, s’apparentent au style musical originaire du sud des États-Unis.
Thomas Simon Saddier signe la totalité de ses textes à l’exception des échantillonnages utilisés. Que ce soit dans l’intrigante ouverture « Françoise », avec l’extrait d’entrevue de l’auteure Françoise Sagan, ou bien du dernier discours en fonction de l’ancien Président français François Mitterrand pour « Berlin 1995 », ces collages symbolisent l’exil chacun à leur façon. Une écoute attentive permet de déceler les références du concept, ligne directrice de ce projet solo, soit par l’exil de sa classe, de son pays, de son identité.
La deuxième partie du long-jeu voyage vers des sonorités de musique du monde plus prononcées, parsemées de psychédélisme, dès qu’on atterrit sur « La place Jemaa El Fna ». Joueur aguerri de sitar, son doigté agrémente ce bloc conceptuel. Remarquons aussi l’apport de l’artiste serbe Milena Nicic, qui prête sa voix sur « Duh U Tranziciji », dont on souligne la conception réussie de la pochette.
Ainsi avec « Exil Toujours » nous accédons à une collection de titres qui transporte l’auditeur dans une excursion d’ambiances et de rythmes. Un périple témoignant l’impulsivité créative de l’artiste et de son bagage culturel puisant de sources diversifiées.
4/5
Thomas Simon Saddier
Exil Toujours
Namaskar Records