Pour une fois, la controverse qui entoure les spectacles des Smashing Pumpkins en sol québécois ne provient pas des frasques, des commentaires, ni de l’humeur changeante du leader de la formation Billy Corgan. C’est plutôt une malencontreuse blessure survenue à Perry Farrell qui poussa le groupe californien Jane’s Addiction à annuler sa performance, et à devoir être remplacé, à la va-vite, par Our Lady Peace. C’est ce changement de dernière minute qui causa tout cet émoi une semaine précédant le concert. J’étais de la poignée des non-déçus de cette nouvelle, n’étant pas très fan de Jane’s Addiction, mais qu’est-ce que j’avais tort.
Je m’abstiendrai de vous parler de Poppy dont la performance débuta avant 19h. Je n’ai pas souvenir d’un spectacle au Centre Bell, en pleine semaine, qui débuta à une heure aussi tôt mais tant pis pour moi, les gens en ont dit que du bien.
Rentrons dans le vif du sujet, Our Lady Peace a été horrible et épouvantable, d’un ennui effarant et contraignant. C’est d’une tristesse infinie que d’assister à la déchéance d’une voix si belle et si distinctive de sa génération. Le chanteur Raine Maida ne s’entend plus dans la proposition du groupe Our Lady Peace. Je est un autre. Au point ou même les plus grands succès du groupe étaient méconnaissables. Par chance, les musiciens sont encore très en forme et s’évertuent autant que possible à donner un show rock comme il se doit, mais ce n’est plus que ce qu’était. On pourrait presque parler de fausse représentation.
En comparaison les Pumpkins ont été grandioses, bien loin de la catastrophe escomptée par les trolls. La performance débuta par contre avec un son mal ajusté où seul les basses fréquences nous parvenaient. Le public fut plongé dans une pluie de lasers multicolores d’une grande intensité et d’étoiles, symbole récurrent chez les Smashing Pumpkins. Ça aura pris pas moins de trois pièces avant que les guitares puissent être quelque peu audibles. Malheureusement, « Bullet with Buttefly Wings » fut l’une de ses chansons sacrifiées. Elle n’aura pas eu l’effet escompté, les guitares inexistantes du mix ont laissé la chanson complètement en suspens. Mais « Today », le quatrième morceau, rassura le public présent. Il y aurait bel et bien des guitares lors de ce spectacle. À partir de ce moment, le restant de la soirée s’est déroulé absolument comme il se doit avec très peu de temps morts ou d’intervention, et un Billy Corgan en pleine maîtrise de sa voix. À quelques moments, durant la soirée, l’on a senti sa voix travailler plus fort que nécessaire, on a craint de l’entendre s’éteindre mais il n’en fut rien. Les Pumpkins ont enchaîné avec « We only come out at night ». Ce moment en fut un de grande nostalgie, nous rappelant pourquoi l’on aime ce groupe depuis 34 années. Le court aparté acoustique en duo, entre James et Billy, pour « Tonight, Tonight » fut l’un des moments les plus mémorables de ce spectacle alors que tous avaient la même idée en tête : « Diantre, qu’un album acoustique des SP serait dans l’ordre normal des choses ». Le nouveau simple du groupe, ma foi, plutôt efficace, Beguiled, fut interprété avec le vidéoclip qui déroule en arrière-plan. Je ne suis pas certain d’avoir déjà vu ça non plus. Du moins, je ne suis pas sûr que ce soit l’idée du siècle. Ça fait beaucoup de Billy Corgan en même temps. Les chansons plus récentes, et moins connus, du groupe se sont parfaitement imbriquées avec les autres pièces classiques, ce n’était ni trop ni pas assez. La reprise des Talkings Head «Once in a lifetime» était incroyablement réussie avec une agressivité juste et calculée digne de la période grunge. La pièce « Zero », interprétée au trois-quarts du spectacle fut la pièce qui arracha tout et garda le public bien en place pour la suite. Le concert se serait toutefois terminé avec trois pièces en moins, dont la fabuleuse Disarm, pour une raison qui reste encore obscure. Mais, après 1h45 de musique, même sans rappel, personne n’en a trop fait de cas. Grande et belle soirée avec un groupe qui n’a pas pris une ride.