Home XXX - Interviews France Temp LES FATALS PICARDS – Axone – 23/11/2013

LES FATALS PICARDS – Axone – 23/11/2013

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Interview Fatals Picards

Laurent → Guitare

Paul → Chanteur

Yves → Bassiste

 

DRF : Votre inspiration pour les textes vient de vos expériences ou c’est purement imaginaire ?

Laurent : ça dépend des chansons j’ai envie de te dire. « Gros con » par exemple, on n’a jamais frappé personne.

Paul : on ne s’est jamais fait frappé par notre mari mais par contre dans la chanson qu’on avait écrit précédemment « quelqu’un avait mis quelque chose dans mon verre » effectivement on s’est retrouvé un petit peu malmené par des jeunes qui avaient abusé de la drogue dans nos verres.

Laurent : « Bernard Lavilliers » c’est les expertises de Paul qui connaissait très bien la carrière du chanteur et « miss France » c’est une femme avec qui Yves a eu une lointaine relation…

Yves : une lointaine relation où elle a failli me taper d’ailleurs mais elle est parti avant.

Laurent : après nous sommes citoyen, nous sommes dans une société qui nous inspire car il y a suffisamment de travers pour faire des chansons. « Punk au Liechtenstein » c’est purement un délire.

DRF : je me disais bien aussi…

Laurent : moi ça faisait longtemps que je voulais faire un truc sur le Liechtenstein, on a fait la musique sur scène pendant les balances et on a trouvé ça cool. Avec Paul, on a commencé à se poser pleins de questions comme « Est-ce qu’il y a des punks au Liechtenstein ?? » et Paul n’a toujours pas trouvé je crois…

Paul : ben y a pas de punks au Liechtenstein, il y a un groupe qui ferait plus ou moins penser à Nightwish un peu, d’après ce que j’ai pu lire. C’est le seul groupe un peu connu et leur chanteuse, au moment où ils commencent à être un poil connu, et ben elle est morte et elle a été remplacé par une autre chanteuse qui était déjà dans un autre groupe allemand ou Autrichien. En réalité, j’ai passé vraiment une bonne demi-heure à chercher en tapant tout ce que tu peux taper avec Liechtenstein / rock / musique / country… j’ai tout tapé, et en fait à part ça je n’ai rien trouvé d’autre.

Laurent : Daily Rock c’est lu au Liechtenstein ?

DRF : non je ne pense pas…

Laurent : nous on rêve de rencontrer le prince, l’empereur, le roi qui dirige le Liechtenstein !

 

DRF :  Comment se fait-il que vous avez décidé d’écrire des chansons plus engagées ?

Laurent : non c’est une erreur : elles ont toujours été engagé c’est la manière de les présenter qui est différente. Depuis « Droit de veto » avec des chansons comme « elle est belle la France » ou « c’est sûr on se bougera » sur « Picardia Indepedenza », on a toujours parlé de trucs mais c’est vrai que c’était tellement décalé… Aussi depuis qu’Ivan est parti on a une plume en moins dans le groupe donc ça a changé notre manière d’écrire et on s’est retrouvé avec des chansons comme ça. Quand il est parti, on a aussi eu envie de parler de trucs dont on ne parlait pas forcément avant et on ne peut pas toujours faire la même chose…

Paul : même avec Ivan on passait un peu du coq à l’âne et ça on l’a un peu gardé. Après c’est vrai qu’on arrive à un septième album studio et on a déjà abordé plein de thèmes et du coup on n’y reviendra plus. À nous de trouver d’autres trucs en gardant toujours l’humour en général : si c’est un truc sérieux c’est cool et si c’est débile c’est cool aussi !

Laurent : on lit des interviews de gens qui disent que notre marque de fabrique c’est de parler avec décalage de sujets sérieux et finalement c’est cool parce qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui font ça. On a aussi fait des trucs complètement barrés comme « premier de la glace » sur les bébés congelés. C’était un sujet tragique…

Paul : c’est un truc intéressant à faire c’est-à-dire tu peux monter sur scène et dire un truc sérieux ou faire une chanson complètement débile et c’est un peu à notre image : on est sérieux et débilos ! Certain plus sérieux que débilos et inversement.

 

DRF : Votre nouvel album s’écoule bien ? Parlez en moi un peu

Laurent : on en a vendu dans les 5000 ou 6000 le premier mois ce qui est bien pour un groupe qui ne passe pas en radio ni en télé qui n’est pas présent sur les gros médias. Le truc c’est que nous faisons beaucoup de concerts, c’est sur scène que le groupe existe. C’est un peu comme les comiques, le gens vont voir les spectacles et ne vont pas forcément acheter le dvd même si ça se vend bien. Les gens viennent souvent nous voir en concert mais on ne va peut-être pas vendre autant de disques que d’autres.

DRF : aujourd’hui il y a une nouvelle manière de consommer…

Laurent : on a commencé la musique grâce à Internet. On a été vachement télécharger illégalement mais ça ramenait beaucoup de fans sur les concerts donc on a une position là-dessus qui est plutôt mitigée. En gros pour faire simple, on pense que c’est bien de télécharger illégalement quand on a pas les moyens de faire autrement mais quand on a les moyens d’acheter les disques on le fait. Quand on était gamin on se faisait des cassettes…

Paul : le constat qui est un peu déprimant c’est qu’effectivement les gens ont plutôt tendance à acheter des vrais disques de trucs qu’on aurait pas vraiment besoin et que des artistes plus ou moins en développement auraient bien besoin qu’on achète leurs disques. Nous, on en vit bien de la scène mais certains artistes s’ils vendaient un peu plus de disques, ça leur permettrait d’exister encore comme Marcel et son orchestre par exemple.

Yves : le problème c’est que pour acheter des disques il faut de l’offre, il faut les trouver, on est pas à l’étalage. C’est plus facile de nous télécharger ou de trouver nos disques à un concert que dans un petit magasin.

Laurent : les gens ont perdu le réflexe d’entendre un truc et d’acheter le cd. Perso, je suis abonné à Deezer et c’est devenu ma source. Nous on est confronté au Deezer, Spotify et Youtube qui versent vraiment peu d’argent aux groupes. C’est de l’ordre de 0,063€ par diffusion. Ça ne fait pas lourd !

Paul : Deezer nous envoie grassement 17€/an par personne !

 

DRF : Votre clip « Gros con » a fait sensation auprès du gouvernement. Comment s’est passé cette rencontre avec Mme Najat Vallaud-Belkacem ? De quoi avez-vous discuté ?

Paul : ça s’est bien passé ! Il s’avère que Najat Vallaud-Belkacem nous écoute depuis très longtemps. On a retrouvé des traces sur un blog et il y a une interview de 2008, je crois, où le mec lui demandait ce qu’elle écoutait et elle a répondu : « moi j’adore les Fatals, je les écoute à fond dans ma bagnole ! ». Elle est venu nous voir en payant sa place ! Donc on la rencontré et elle est hyper sympa. On a échangé deux trois mots du style elle nous a dit « merci », on lui a dit « de rien », elle a dit « j’aimerais bien venir vous voir », on a dit « on joue là » et elle a répondu qu’elle viendra.

Laurent : il y a des gens qui peuvent nous reprocher le côté politique de la chose mais là, en l’occurrence, ce n’est pas Najat qu’on va voir avec le clip « gros con » c’est la ministre des droits de la femme !

Paul : ce serait une femme du FN peut-être qu’on n’irait pas trop s’afficher avec. Elle est du PS et moi qui suis plutôt gauchiste, (je ne suis pas à fond non plus dans le PS) mais je n’ai pas honte et pas de scrupules à m’afficher à côté d’elle par rapport à ses idées et en plus, on l’a déjà rencontré. C’est une femme qui aime ce qu’on fait. Donc on a rencontré la femme et le ministre.

 

DRF : Pourquoi cette chanson ?

Paul : c’est dans notre souci d’aborder des thèmes différents…

Laurent : en fait il y a deux choses : j’avais discuté avec des gens qui étaient victimes de violences et quand on me parle d’un sujet, je me dis qu’il y a toujours moyen d’en faire une chanson. C’est une espèce de déformation professionnelle. Donc je me suis demandé comment aborder le problème des violences faites aux femmes. Je trouvais que « Gros con » c’était bien parce qu’on ne cite personne et c’est quelque chose d’assez universel. J’essaie de trouver des formules où les jeux de mots fassent sens. Ensuite on a trouvé la musique quand on était en studio en septembre.

 

DRF : Vous inspirez-vous toujours des Ludwig Von 88 et des VRP (source Wikipedia) ?

Paul : en fait inspirer ce n’est pas le bon mot ! On aime bien mais il n’y a aucun fan des VRP ici. Ludwig j’ai beaucoup aimé et j’aime bien ce concept de faire de la chanson humoristique, un petit peu piquante, punkifiante… Il n’y a pas que les Compagnons de la chanson, Licence IV ou Sébastien Patoche qui ont le droit de faire de la musique comique. Dans la tradition du rock français, la grande époque de groupes alter des années 80, il y avait ce côté là c’est-à-dire une musique un peu politique, un peu comique aussi et rock. Maintenant il n’y en a presque plus. Il doit sûrement y en avoir au niveau local mais des groupes qui tournent comme nous il n’y en a pas trop.

DRF : il y a Ultra Vomit qui font du rock humoristique

Paul : ok mais Ultra Vomit ça n’a rien avoir avec nous ! On nous met dans la même case alors qu’en fait c’est complètement différent.

Yves : ce n’est pas si différent que ça ! C’est très rock, il y a des sketchs, de la parodie sauf qu’eux c’est métal. Nous on va titiller de la chanson, de l’acoustique… On ne ferait que du rock, on serait encore plus proche d’Ultra Vomit.

 

DRF : Pourquoi avoir tenter l’eurovision ?

Laurent : si tu te replaces dans le contexte, il y a une chose qui change : c’était la première fois que France Télévision, qui s’occupe du concours, avait décidé de faire une sélection avant le concours. C’est vrai que l’Eurovision c’était peut-être un peu ringard mais on nous a dit qu’il y avait Les Wampas, M.A.P… Quand on nous a proposé, c’était déjà plus facile d’accepter et ça nous faisait marrer. Yvan et Paul ont écrit une chanson rapidement…

Paul : le truc qui nous a fait le plus marrer c’est que sur l’écran, il y ait Fatals Picards France ! On a essayé de la faire bien dans la déconne c’est-à-dire qu’on a chopeé Jean-Paul Gauthier pour nous faire des fringues. Il nous a sapé en rose à la pouf qui correspondait bien au concept Eurovision. On a essayé de le faire bien et surtout sans se trahir nous-même, sans que nos fans disent : « qu’est-ce que t’as été vendre ton derch là-dedans! ». Tout le monde a bien compris à part deux ou trois qui bitent rien. On ne voulait pas non plus faire de la peine aux gens qui y croient donc on a joué le jeu. Mais c’est vrai que ça nous a fait une super pub.

Laurent : c’est vrai ! Ça a été un super accélérateur !

Paul : ça nous a fait connaître à des gens qui ne savaient pas qu’on existait, comme il doit y en avoir encore, et qui aimeraient ce qu’on fait.

 

DRF : Quels souvenirs en gardez-vous ?

Paul : c’était un peu chiant en fait ! C’était trop long !

Laurent : c’était hyper organisé donc au bout d’un moment… Et la Finlande, c’est pas funky !

Paul : au niveau organisation, c’était hyper sérieux. T’as des zones avec des couleurs : les bleus peuvent aller là, les roses là… C’est les jeux olympiques de la musique ! Il y a de l’enjeu, de la thune et c’est vraiment la grosse industrie sérieuse et c’est vrai que nous c’est pas trop notre truc.

Laurent : c’est vrai que c’était drôle quand le rideau s’ouvre et qu’on est devant 13000 hystériques dans un stade…

Yves : et jusqu’au moment de la prestation, il n’y a aucune raison qu’on ne puisse pas gagner. Donc t’y crois, tu te prends au jeu comme des mômes sauf qu’à la fin…

Paul : tu déchantes relativement assez vite ! La veille on avait assisté aux demi-finales et on avait compris le système de notation.

Laurent : on s’est dit : « ça va être compliqué ! »

Paul : on y a cru vraiment parce que chez les bookmakers on était bien placé, souvent dans les trois premiers mais après le système de notation est différent.

 

Merci et bonne continuation.

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