Des soirées d’été comme on les aime sur le bord de la Riviera avec un parfum de vacances sur la promenade où il fait bon s’attarder par une météo (enfin) idéale. De plus, le menu de la soirée Scène du Lac (qui affichait complet depuis belle lurette) était fort alléchant avec Larkin Poe en entrée et Lenny Kravitz en plat principal.
Ce sont les sœurs Lovell qui ouvrent donc les festivités face à une place du Marché déjà fort bien garnie. Les natives de Géorgie (USA) mais résidentes de Memphis arrivent sur la Scène du Lac tout sourire, avec leur fraîcheur et leur sympathie. Pratiquant la musique dès leur plus jeune âge au plus haut niveau, elles fondent Larkin Poe en 2010 en sortant plusieurs EP. Leur southern rock mâtiné de blues et d’americana est agréablement varié, alternant titres pêchus et ballades délicates.
Le concert débute avec le bien nommé ‘Summertime Sunset’ couplé avec ‘Jessica’, magnifique cover de The Allman Brothers Band. Rebecca et Megan excellent dans les instruments à cordes, la première maniant à merveille la guitare (électrique et acoustique), mandoline et banjo notamment, tandis que la seconde amène une touche particulière et chaleureuse avec le lap steel et le dobro.
Toutes deux ont une voix sublime et le public se régale avec leurs harmonies vocales. On appréciera particulièrement ‘Bolt Cutters & The Family Name’, classique du groupe et ‘Bluephoria’, sorti quelques jours plus tôt, pour l’un de ses premiers passages en live.
Une fois de plus dommage du peu (45 minutes), mais les sœurs Lovell sont devenues des habituées de la région et de l’Europe en général où elles tournent régulièrement avec un succès grandissant. Il y a donc bon espoir de les revoir tout prochainement sur nos scènes.
Peu avant 21h30, la place du Marché est bondée et le staff demande gentiment au public d’avancer d’un pas en direction de la Scène du Lac afin de permettre aux retardataires de prendre place. Dans la foule, une majorité de demoiselles et de dames – of course – venues apprécier le sexy sexagénaire, et une belle mixité de générations venues célébrer 35 ans de carrière de l’artiste new-yorkais.
Même si ses derniers albums sont moins percutants que ses premières œuvres (‘Blue Electric Light’ paru en mai dernier n’échappant pas à la règle), Lenny Kravitz en live reste un incontournable. Une vraie bête de scène charismatique au magnétisme animal, spécialement sur ses titres les plus musclés qui libèrent une énergie impressionnante.C’est d’ailleurs avec l’imparable et sauvage ‘Are You Gonna Go My Way’ que l’artiste ouvre le feu et se met d’emblée le public dans la poche. Une ambiance de folie dès les premiers accords et une complicité jubilatoire entre les grattes de Lenny et de son fidèle guitariste, Craig Ross. On les retrouvera quelques titres plus tard pour l’un des temps forts du concert avec le sublime ‘Believe’, son intro acoustique et sa montée en puissance pour éclater dans le solo épique de Craig qui fait décoller l’assistance – on en a encore les frissons rien qu’à son évocation.
Seul regret, l’icône de la basse, Gail Ann Dorsey n’est pas présente, faisant toujours les beaux jours de Matthieu Chedid, mais son remplaçant n’a pas à rougir, assurant un groove d’enfer à la section rythmique. Pour que la fête soit belle, une époustouflante section de cuivres (trompette, saxophone ténor, saxophone baryton) donne encore plus de couleur et d’intensité aux titres de Lenny, en particulier sur ‘It Ain’t Over ‘Til It’s Over’ et ‘Let Love Rule’ qui sera le point final du concert.
Le New-Yorkais fait monter les pulsations de ces dames avec les sensuels ‘I Belong To You’, ‘Low’ et ‘The Chamber’ notamment. Le bougre sait s’y prendre, il n’y a pas à dire, démarche et poses lascives, phrasés chauds comme la braise font tout leur effet. Entre deux titres du dernier album, Lenny glisse ‘Always on the Run’, ‘American Woman’ et ‘Fly Away’, monuments qui n’ont pas pris une ride ni perdu de leur intensité, on en redemande à cor et à cri ! Au final, l’artiste aura joué près de deux heures, prestation intense et généreuse qui aura séduit une nouvelle fois un public tout acquis à sa cause.
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Texte : Jean-Blaise JB Betrisey
Photos : Alex Pradervand