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Le raid lausannois du Paganfest 2025

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L’heure est venue, le raid a commencé, la bataille des cinq armées débute alors que le soleil est encore haut dans le ciel. Le Paganfest 2025 de Lausanne commence vers 17h, un jeudi soir où la plupart d’entre nous sommes encore au bureau.

Celles et ceux qui n’avaient pas pensé à prendre leur épée et leur cape en fourrure au bureau devront faire la soirée sans, comme moi, mais ça n’empêche pas d’apprécier Elvenking, le premier groupe, du power metal italien s’inspirant de la fantaisie (elfes, magie, druides…). Ce qui empêche d’apprécier Elvenking, par contre, c’est un problème technique pour un demi-morceau sans son – ce qui a permis de nous prouver, au moins, que le groupe ne joue pas en playback, si jamais on avait un doute. Ils sont très compétents, carrés, charismatiques, et jouent avec le public avec une belle aisance. On ressent leur bientôt 30 ans de carrière. Le public est certes parsemé mais a du répondant, ce qui annonce du bon pour la suite.

En deuxième affrontement de la soirée, les Néerlandais de Heidevolk apportent leur style hard rock à l’ancienne, sautant de part et d’autre de la scène, avec des vestes en cuir, jouant à la perfection de leur duo de voix très différentes (heavy et baryton). On remarque les premiers circle pits se former pas si timidement que ça, après quelques débuts de pogos qui, si tôt dans la soirée, font plaisir à voir. On accordera d’ailleurs des points bonus au groupe qui a fait l’effort de parler un français très convenable, et a surtout fini sur son morceau qui est un incontournable du genre, pour mettre une ambiance de feu : Vulgaris Magistralis (autrement connu sous le nom « ahou, ahou, ahou ! »).

La salle s’est bien remplie entre-temps, on commence même à sentir l’odeur de transpiration. La queue pour aller prendre une bière avant Týr est si longue que le dilemme se pose : rater le début, ou ne pas avoir de bière ? C’est là qu’on remarque les amis en or, qui se sacrifient pour les autres. C’est aussi là qu’on remarque que la salle du Métropole n’est pas rôdée pour les concerts de metal (où le débit de bière n’a d’égal que le niveau des décibels). J’entends au loin les prémices de la guerre pour la place du milieu, le troisième concert sur cinq. J’en vois finalement la majeure partie, mais l’accès aux premiers rangs devient difficile tant le public se densifie. Les riffs épiques portés par les Féroiens féroces qui chantent en chœur en imposent, sans décor grandiloquent, ni maquillage ou costume spécial. Ici, on impose en toute sobriété. Les jeux de lumière suffisent à mettre en valeur le groupe et sa musique. Entre le charisme du bassiste qui ne boude pas son plaisir d’être là, et le doigté précis et incisif du second guitariste dont la capuche nous empêchera de voir son visage tout du long (ce n’est pas grave, on regarde surtout ses mains), je comprends que la foule en délire en vienne à déchirer par accident la moquette qui recouvrait le parquet de la salle. Deuxième preuve que le Métropole n’est pas prêt à accueillir les hordes de barbares que nous sommes.

D’ailleurs il l’heure d’aller se ravitailler, tout en trépignant d’impatience pour Ensiferum qui se prépare. Avant-dernière aventure de la soirée, Ensiferum livre son metal aussi death qu’épique. Leur discographie étant composée de morceaux soit mélodiques, soit folkloriques, soit les deux, les Finlandais n’ont qu’à annoncer un titre pour que la foule saute déjà en rythme. Surtout lorsque le morceau a, pour citer Petri, « plusieurs noms, mais je sais qu’entre vous, vous l’appelez « Ta-tadadaaa, ta-tadadaaa ! » » (eh oui, les Finlandais peuvent aussi avoir de l’humour, et ça fonctionne). Lorsqu’il ne fait pas de pogos ou des circle pits qui font la moitié de la salle, le public s’assied et rame pendant de longues minutes. Il paraît que c’est bon pour le cardio, tant mieux. On note beaucoup de variété dans les morceaux, tirés de périodes différentes et avec une alternance des chanteurs (Petri bien sûr, mais beaucoup de Pekka et de Markus). Pas de fausse note pour Ensiferum, donc : ambiance au top, enchaînement de tubes (Lai Lai Hei, Andromeda, Iron évidemment), membres du groupe tout sourire malgré les grimaces guerrières de rigueur pour le show. Le balcon rempli de personnes assises jusque-là est désormais constitué lui aussi d’une barrière humaine qui scande les refrains et le nom du groupe.

Ça y est, la salle est chaude, à point pour affronter le boss final de la soirée : les pirates écossais d’Alestorm. Quel festival international ! Et ouvert en termes de style, aussi, car nous sommes passés de la fantaisie à la mythologie viking, avec un détour par l’Histoire nordique et médiévale, pour se retrouver avec des pirates des temps modernes, sans filtre, qui détournent les Pokémon, brandissent un canard en plastique géant, et finissent leur concert avec un combat de catch aussi crédible que le second degré du groupe le permet. Une belle réussite en termes d’ambiance festive, qui ne surprendra personne, mais la présence de la désormais célèbre Patty Gurdy aux côtés du groupe sur scène est un facteur indéniable à la continuité de leur succès. Elle apporte une touche de bonne humeur, mais surtout d’authenticité avec sa vielle à roue. Le public chante avec joie tous les refrains, tout en faisant avancer les crowd-surfers jusqu’à la scène (une fan arrivera même sur la scène, mais n’aura pas eu le temps d’approcher Chris). Par contre, je n’envie pas les crowd-surfers, dont la plupart atterrit sur une sécurité qui, encore une fois, n’est pas préparée à un public de métalleux et ne prévient pas les chutes sur la barrière. Troisième preuve. A priori, pas d’incident, mais on n’était pas loin. Les festivités ont pu continuer jusqu’au dernier moment dans une ambiance bon enfant, et tout le monde a l’air ravi. Il faut dire que les chansons d’Alestorm sont tellement entraînantes, dur d’y résister !

La fête continue même un peu dehors et dans les fast-foods les plus proches, dans une ambiance moins bruyante et moins animée que les concerts – mais on est en semaine et le public était majoritairement trentenaire, au minimum, ne l’oublions pas…

Cela faisait dix ans que le Paganfest était resté dans l’ombre, mais les Helvètes ont fait honneur à leur réputation : endurance et motivation étaient de mise. On espère que cela aura donné envie aux groupes et au festival itinérant de revenir dans nos contrées dès que possible !

Texte : Alain Foulon

Photos : Alex Pradervand

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