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Lacuna Coil – Foi en l’être humain

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C’est assis sur de confortables canapés en cuir, avec en fond sonore le concert de Betraying the Martyrs, que Lacuna Coil nous accorda une interview durant l’Irreversible Festival de Monthey. Cristina Scabbia et Andrea Ferro incarnent parfaitement le charme à l’italienne.


Etes-vous déjà venu dans cette région de la Suisse ?  Nous ne sommes pas très loin de Milan !
CS : Nous sommes souvent venus en Suisse, mais habituellement à Pratteln, où vous avez une super salle de concert. Je ne me souviens pas être venue ici dans cette région spécifiquement. Mais j’adore vraiment vos paysages et l’atmosphère générale qui se dégage de votre pays.
AF : Je suis déjà venu visiter le musée Giger, et je suis aussi venu visiter Montreux par moi-même, juste pour le plaisir.

Votre nouvel album ‘Delirium’ a été très bien reçu par la critique. Qu’en est-il de l’accueil réservé par vos fans ?
CS : Ce nouvel album a été très bien apprécié par de nouveaux fans, mais aussi par les fans qui nous suivent depuis longtemps. Il y a beaucoup d’éléments qui leur rappellent nos anciennes productions. Ce n’est pas quelque chose que nous voulions absolument, mais cela fait simplement partie de nous. Je suis très contente que nous ayons écrit quelque chose d’un peu plus ‘heavy’, car j’adore l’atmosphère que cela donne en live. Tout est plus puissant, on a un nouveau line-up, c’est encore plus frais et très stimulant pour nous.

Je pense que cet album est le plus agressif que vous ayez fait. Avez-vous mis en musique toute votre colère ?
AF : Il y avait une certaine atmosphère quand nous composions, mais pas vraiment de la colère. Plus une envie de ne pas suivre les règles, de ne pas faire ce que nous avions déjà fait par le passé. On a essayé d’utiliser toutes les expériences positives et négatives que nous avions eues pour écrire nos titres. Cela fait vingt ans que nous sommes un groupe, nous avons notre son, nos habitudes, nous ne voulons pas changer ça. Par contre, nous avons voulu explorer de nouvelles choses que nous n’avions encore jamais faites. Le nouveau line-up nous a aidé dans ce sens- là. De nouveaux musiciens, avec de nouvelles sensibilités. Je pense que ‘Delirium’ est un bon mix entre ce que nous étions, et ce que nous sommes aujourd’hui.
CS : Nous avons aussi voulu écrire des paroles plus sombres qui allaient avec la musique que nous avions composée.

Vos paroles parlent de folie, ce serait quoi votre folie à vous ?
CS : Malheureusement, je suis personnellement touchée par ce sujet, de par ma famille. J’ai souvent dû aller en visite dans des centres où l’on prend soin de personnes déficientes mentales. On ne parle pas de folie d’un point de vue médical, mais de ces choses folles que l’on fait dans notre vie de tous les jours. On essaie de s’imaginer un centre avec plusieurs chambres et plusieurs patients qui nous racontent leurs histoires. On a mis ça en musique tout simplement. Et le fait que je sois très proche de ce sujet, fait que j’en parle avec beaucoup de respect.

Comme on l’a dit vos paroles sont sombres. Vous avez encore confiance en l’être humain ?
CS : (elle réfléchit) Je crois qu’on doit avoir confiance. Je pense que tu dois prendre le positif de toutes les expériences négatives que tu as. Je préfère toujours voir le verre à moitié plein. Quoi qu’il t’arrive, tu peux toujours devenir plus fort et apprendre de tes déboires. Ensuite, tu peux devenir une meilleure personne. Il y aura aussi toujours quelqu’un pour tirer vers le bas une personne ou la critiquer, mais bon voilà, c’est la vie, il faut avancer.

Vous vous êtes occupés vous-même de la production de ce dernier album, et le résultat est très bon. Regrettez-vous de ne pas avoir produit vos albums plus tôt au vu du résultat ?
AF : Non, car Marco, notre bassiste, devait emmagasiner de l’expérience avec nos anciens producteurs avant de s’atteler à cette tâche. Il a senti que c’était le bon moment pour nous de nous y mettre. Il pensait que nous avions atteint le niveau d’expérience nécessaire pour le faire.
CS : Ce serait prétentieux de se prendre trop tôt pour un producteur, et de se dire que l’on sait tout. Il y a toujours quelque chose à apprendre, même les producteurs apprennent des musiciens qui les entourent. C’est un échange constant. Mais cette fois-ci, nous étions sûrs dans quelle direction nous voulions aller, et nous ne voulions personnes qui viennent interférer dans notre processus.

Comment est venue l’idée de cette collaboration avec Myles Kennedy (Alterbridge) pour le solo de guitare du titre ‘Downfall’ ?
CS : J’avais travaillé avec Alterbridge pour leur titre ‘Watch over you’ qu’ils avaient réenregistré avec moi. Quand nous nous posions la question d’un invité sur notre album, le nom de Myles nous est très vite venu à l’esprit. On le connait comme étant un chanteur extraordinaire, mais il est aussi un phénoménal guitariste. A Noël, je lui ai envoyé un message pour lui souhaiter mes vœux de fin d’année, et je lui ai balancé comme ça ‘hey ça te dit une collaboration pour notre futur album ?’ Mais je le savais très occupé entre Slash et Alterbridge, alors je ne savais pas trop la réponse. Il me répondit simplement de lui envoyer quelques titres, et qu’il allait choisir lequel il voulait pour faire son solo. Et il nous a joué un solo incroyable sur ‘Downfall’, et nous lui en sommes vraiment reconnaissant.

Depuis 2014 votre line-up a passablement changé. Comment se passe cette nouvelle collaboration avec votre guitariste Diego Cavalotti ?
CS : A l’origine, Diego est un ami de Marco, car il avait produit l’album de son précédent groupe. Quand nous avons du trouver un nouveau guitariste, Diego s’est proposé de lui-même pour faire un essai. Mais au début, nous n’étions pas sûrs. Tu sais, perdre un membre qui a joué avec le groupe pendant longtemps, c’est un peu comme perdre un frère finalement. Alors nous voulions quelqu’un qui correspond à l’ensemble des membres du groupe plus humainement que musicalement. Mais maintenant Diego est avec nous depuis un petit plus d’une année, et je crois qu’il est bon ! (rire)
AF : Il faut beaucoup de temps pour savoir si un nouveau membre correspond bien au groupe. Nous l’intégrons petit à petit pour les clips, les séances photo. Il n’est pas encore un membre à part entière du groupe, mais il sera pour sûr notre meilleur choix.

Après vingt ans de collaboration, vous signez à nouveau sur Century Media. Pourquoi est-ce que ça marche si bien avec eux ?
AF : Pour nous, les deals avec les maisons de disques ont leurs bons et leurs mauvais côtés. Avec Century Media, il y a des points qui nous plaisent et d’autres beaucoup moins, mais quand l’on met tout ça dans la balance, on s’aperçoit que sur l’ensemble, c’est très positif. Quand ils nous ont offert la possibilité de continuer avec eux, nous avons décidé que c’était le bon choix à faire. Nous avons bien sûr eu d’autres offres, mais au final avec Century Media, on sait exactement ce que l’on a. Avec un nouveau label nous devrions tout recommencer sans connaître les gens et la manière de faire. Alors il était plus confortable pour nous de ne rien changer.

Une tournée avec Epica est prévue aux USA. Pouvez-vous nous en dire plus ?
CS : On connaît les gars d’Epica depuis longtemps, et l’on pense que c’est un bon package. Nos deux styles musicaux sont différents, mais nous avons tous deux un public génial. On part sur la route avec eux en septembre et l’on se réjouit.

L’aventure Lacuna Coil commença en 1994. Honnêtement, il y a encore des choses que vous ne savez pas l’un sur l’autre après toutes ces années ?
CS : (rire) Tu sais, on ne connaît jamais totalement une personne, même au sein d’un couple. Andrea et moi nous connaissons suffisamment pour savoir quand l’un ou l’autre a besoin d’espace, si on est fatigué ou heureux par exemple. On apprend tous les jours à faire avec ça.
AF : Moi, je sais que je peux survivre avec Cristina dans un tour bus, et qu’on ne s’entretue pas, c’est déjà bien (rire)

J’aimerais que l’on parle du tragique décès de Chris Cornell survenu très récemment. Vous auriez quelques mots à nous dire à ce sujet ?
CS : Oh mon Dieu, j’étais totalement sous le choc. Il est bien clair que tu ne vois toujours que la partie lumineuse d’un artiste. De jolies photos, des photos sur la plage par exemple, ou avec des fans. Et tout paraît génial et parfait. Par contre, on ne sait pas ce qu’il se passe dans la vie privée des artistes, et des personnes en général. Je ne l’ai jamais rencontré, mais il donnait l’impression d’avoir une telle assurance, et d’être un vrai gentleman. Il est clair qu’il nous a influencé. Mais mon Dieu, c’était tellement inattendu ! Il s’est suicidé et on ne peut pas juger son geste. Je me considère chanceuse de n’avoir jamais été dans une position où j’aurais pu penser à un tel acte.
AF : On doit juste respecter, car on ne sait pas tout. Je ne veux pas juger. On doit se rappeler de sa musique et de ce qu’il nous a offert, tout simplement.

www.lacunacoil.it

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