KLONE – Unplugged

 

Popularisés par la chaine américaine MTV, les sessions Unplugged permettent à des artistes populaires de donner des concerts dits débranchés, c’est à dire sans instruments électriques. On se souvient avec bonheur de certains d’entres eux : Eric Clapton en 1992, Nirvana en 1994, Kiss en 1995 ou bien Alice In Chains en 1996. Cet exercice ne se résume pas au simple fait de tout débrancher, car il faut la plupart du temps retravailler les arrangements. Et ça, les membres de Klone l’ont bien compris. Leur dernier album en date Here Comes The Sun avait déjà ouvert la voie à une musique plus posée, et finalement cet enregistrement acoustique apparaît comme une suite logique.

Enregistré sans filet au théâtre de la Coupe d’Or de Rochefort (17), il comporte neuf morceaux live, ainsi que deux chansons réalisées en studio (dont une version du People Are People de Depeche Mode). Dès les premiers instants, la signature vocale et musicale des poitevins est reconnaissable, mais réinterprétée avec douceur et légèreté. Ils semblent appliquer une recette qui leur convient parfaitement et ils évoluent de fort belle manière. Tous les instruments sont en parfaite harmonie, et n’ont qu’un seul but : celui de vous faire voyager et vous donner au passage quelques frissons, la voix presque chamanique de Yann Ligner y étant pour beaucoup, se faisant à la fois touchante, mélancolique, cafardeuse, et possédant cette faculté de nous transporter ailleurs.

Dans la vie, il faut parfois savoir faire des pauses, s’extraire du cours des événements et respirer enfin un peu. Mais je vous parle de la vraie pause, celle où on laisse volontiers vagabonder son esprit, et où on se fond dans le décor et que l’on devient, l’espace d’un temps défini, l’observateur muet de son propre intérieur. Cette nouvelle expérience sonore passe donc l’examen avec brio, et la musique de Klone peut désormais se savourer de deux manières : avec ou sans saturation. Joli cadeau de la part du quatuor qui continue sa mue et se bonifie au fil du temps.

Avec ces onze titres, ils nous proposent l’opus parfait qui vous donnera envie de vous faire engloutir dans l’immensité d’un coucher de soleil, le tout goûté depuis le haut d’un massif verdoyant. Un disque du matin, quand la rosée n’est pas encore évaporée, et que la journée est encore riche en promesses. Un électrochoc, forcément, dans cette vie trépidante qui ne laisse aucune place à la sérénité. On ressent également une osmose parfaite avec le son que l’on entend. Et comme à chaque fois que l’on est plongé dans ce genre d’état propice aux émotions et aux sensations fortes, on s’en va magnifier l’oeuvre pour qu’elle nous touche en plein cœur. Et ici, le but est atteint.

Avec cet Unplugged, la formation originaire de Poitiers, nous propose un véritable hymne au bonheur simple qu’est la vie sur une planète recelant tant de merveilles susceptibles d’imposer silence et respectueuse contemplation. Magnifique, tout simplement.

 

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