Les Docks étaient complets depuis belle lurette pour cette magnifique affiche dans le cadre du JazzOnze+ Festival Lausanne. La soirée, initialement prévue à l’automne 2024, avait été reprogrammée suite à des problèmes de santé de Kamasi Washington. Les spectateurs avaient bien noté la date dans leur agenda car ils étaient déjà en nombre pour ARBRE qui jouait en ouverture.

ARBRE est un collectif bernois qui propose un jazz fusion mêlant des éléments de musique électronique, alternative voire avant-gardiste. Mélusine Chappuis (claviers, electronics et voix), Paul Butscher (bugle, electronics et chant) et Xavier Alemeida (batterie) nous convient dans un univers musical onirique et atmosphérique où l’on s’abandonne avec plaisir. Tantôt feutrés, tantôt animés, leurs titres titillent notre curiosité de par leur originalité. Une jolie découverte scénique et un trio à suivre.

Kamasi Washington est un artiste multi-instrumentiste et compositeur devenu l’un des grands maîtres du saxophone ténor contemporain. Il a collaboré avec des artistes aussi nombreux et divers que Snoop Dogg, Kendrick Lamar, Herbie Hancock, Florence + The Machine, Wayne Shorter, Lauryn Hill ou George Duke, la liste n’étant pas exhaustive. Accompagné de six musiciens d’exception et d’une choriste, le natif de Los Angeles a ensorcelé les Docks pendant près de deux heures.
La setlist a fait la part belle à son dernier album (‘Fearless Movement’, Young, 2024) dont il interprètera notamment le divin ‘Get Lit’ porté par les trois cuivres et la voix douce de la choriste, puis une reprise à sa façon de ‘Prologue’, classique d’Astor Piazzolla. Chaque titre est l’occasion de mettre en lumière chaque musicien avec un solo de son instrument. Parmi eux, le père de Kamasi, Rickey Washington, qui excelle au saxophone soprano et à la flûte traversière. Cameron Graves, impressionnant d’aisance aux claviers, nous a également fait forte impression. Un peu déroutant, DJ Battlecat aux platines, a mixé quelques sons au rythme de R’n’B et rap accompagné par le reste du groupe, démarche qui démontre bien l’éclectisme de l’artiste.
Remarquable d’humilité et d’humanité, le saxophoniste remerciera plusieurs fois le public d’être venu et de se montrer attentif à sa musique. Il rendra grâce également à la Musique, « qui est ce dont le monde actuel a le plus besoin avec la paix et l’amour ». Le talent et la renommée de Kamasi Washington ne cessent de grandir, à juste titre, et nous sommes heureux d’avoir pu assister à son concert sur nos terres dans une salle intimiste.