Depuis sa naissance, le rock a toujours été une musique de scène. Là, débarrassé de tout artifice, il développe son esthétique dans de grandes orgies sonores. Les prestations possédés de Jim Morrison, la guitare sacrifiée de Hendrix, le théâtre spatial d’Hawkwind, on ne compte plus les images et son culte inventé devant un public incrédule.
L’idée de capturer ces prestations sur disque a connu son âge d’or dans les années 70, mais elle n’a jamais réellement disparue depuis. Certains pourront se demander si les modifications effectuées en studio ne tuent pas l’intérêt de ces enregistrements, en donnant une image tronquée de ce qu’est le groupe sur scène.
On sait que l’album live doit être retouché, ne serait-ce que pour rendre la prestation audible. Mais certains groupes sont allés bien plus loin que le strict nécessaire et, de Thin Lizzy au Guns, une multitude de groupe de hard rock ont largement retravaillé leurs prestations.
Et, après tout, c’est sans doute mieux ainsi, le public aime qu’on lui mente, surtout quand il s’agit de le faire rêver. Les lives cimentent bien souvent la réputation des groupes qui les enregistrent, et la légende ne se soucie pas des moyens mis en œuvre mais du résultat.
« Si la légende est plus belle écrivez la légende. » Cet adage s’est toujours vérifié et, peut importe son niveau de retouche, « Live in Copenhagen » est bien un autre chapitre de cette légende qu’on ne se lasse pas de revivre.
Remarqué après la sortie du gigantesque « Abra Kadavar », qui est aux années 2000 ce que Led Zeppelin II fut aux années 70, Kadavar a sorti un dernier album rassurant après le léger dérapage de « Berlin ».
Sorte de version plombée de la musique d’Hawkind, « Rough Time » était l’album puissant et direct dont le groupe avait besoin pour revenir sur le devant de la scène. Sa production brute et ses riffs irrésistibles justifiaient d’ailleurs à eux seuls la sortie de ce live.
La puissance de ce dernier « Rough Time » a fait passer un nouveau cap au musicien, et sa hargne psychédélique contamine chaque titre joués lors de cette prestation impressionnante. Fort de cette superbe, le groupe part dans deux improvisations sombres et puissantes, comme pour annoncer que leurs règnes sur la scène classique rock est loin d’être terminé.
La force du résultat, où le batteur massacre ses toms avec une puissance à faire rougir le grand John Bonham, place définitivement le groupe au dessus de la mêlée. Les teutons ne sont pas la pour s’embarrasser de finesses mélodiques, et même le plus tempéré « Old Man » est joué avec une fraîcheur qui rend enfin justice à son riff entêtant.
Après Blues Pills, Kadavar offre enfin son album live incontournable. Il y’a eu « Made In Japan », « Live And Dangerous », préparez-vous désormais à accueillir ce « Live At Coppehagen ».