Autoprod

Troisième galop en studio pour le combo lausannois dont la maîtrise d’un rock artisanal se précise au fil du temps. Edifiant sa musique sur une base dense et trapue, le quartet prend plaisir aussi à chercher les grands espaces, à ralentir le pas. Parfois dans un modèle un peu chien fou par le passé, parfois un peu dissipées, les structures évoluent ici comme le long d’une courbe régulière, montrant toute l’envie des musiciens de mieux cerner l’univers qu’ils arpentent. Dès l’entrée en matière instrumentale (« A Dark Light »), dès ce piano abyssal qui s’étire dans une langueur âcre, la musique est sculptée de manière très fine. L’équilibre entre des guitares aériennes et d’autres plus granuleuses est dosé avec doigté (« Crucifixion Day »).

Il n’est pour l’instant pas question de chercher à accrocher l’auditeur par une puissance débridé, cela viendra mais il faut patienter. D’abord il y a l’espace à habiter, ces guitares aériennes à laisser respirer. La voix peut alors jouer sur du velours quand la section rythmique lui tresse un tapis moelleux (« Switching Sunlight »). Et tandis que les compositions poursuivent leur lente progression vers plus de densité, ce sont les mélodies qui vont tirer l’ensemble vers l’avant gagnant en profondeur quand la batterie durci le ton (« Limitate Your Brain ») avant de libérer l’énergie quand les riffs osent enfin sortir du bois et que la basse a le regard noir (« Hush Hush »). Nous voilà enfin au sommet de cette montée en puissance et le groupe livre alors son travail le plus percutant. On se prend à rêver d’un final en forme de déflagration ultime. Pourtant c’est plutôt le long de sentiers sinueux, à la découverte d’une architecture musicale moins linéaire que Jesus Craft! nous convie. Clôturant l’album d’un « Touching the Sky » lent et sombre. [YP]

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Note: 3.5/5