Oyé! L’auteur-compositeur-interprète Jason Bajada lance Ça m’manque pas d’avoir le blues, son neuvième album en carrière, le 18 octobre 2024. Ce nouvel opus marque le retour à la chanson francophone pour l’artiste natif de Montréal, dans lequel il fait le saut vers la musique country.
Inusitée pour certains, radicale pour d’autres, cette nouvelle direction musicale surprendra son public de longue date. N’en déplaise, elle rafraîchit l’essence du romantique – réputé pour sa maîtrise de l’art des maux d’amour – dans une voie lumineuse et quelques notes d’humour. Se chargeant de la réalisation complète – une première – Jason Bajada propose des chansons plus légères que jamais, enregistrées au Studio Sunset Hills de Ian Kelly, ingénieur sonore du projet. Si le son rockabilly de J’ai beau essayer mais ça s’passe moyen fait taper du pied et rire jaune, la pièce Té tu tanné Tristan? nous sensibilise sur l’épuisement causé par la polarisation sociale et la division qu’elle engendre. Quant à Hot Dog & Honey, elle suscite quelques pas de danse en ligne. On peut percevoir dans Ça m’manque pas d’avoir le blues une sorte de chanson auto-dérisoire évocatrice de l’actuelle philosophie de vie de Bajada. Le ton se confirme : exit l’âme écorchée par l’amour toxique. Car celui qui embrasse la parentalité depuis quelque temps nous en témoigne dans la ballade Nouvelle couleur :
« Guava jam dans l’cubicule
Je n’veux jamais quitter cette bulle
Des p’tites mitaines, un œil qui colle
C’est notre première danse
Tu m’connais pas encore mon gars
Mais je t’aime plus que tout
C’est quétaine, mais c’est comme ça
Dans l’enceinte de mes bras »
–Nouvelle couleur
D’une simplicité désarmante, une telle tendresse ne s’était jamais manifestée de la sorte dans son long répertoire. Son rôle de père lui embellit la vie et l’entendre nous tire une larme de joie, d’empathie même. Sa voix feutrée et enveloppante – qu’il appose sur des duos avec Ingrid St-Pierre et Les sœurs Boulay – s’harmonise si bien avec ces airs de western qu’elle semblait prédestinée au genre. Grand mélomane, Bajada incorpore du rock & roll sur la pièce Pas si pire (mais pas super) et offre, comme dernière piste, Je serai ton miroir : une adaptation libre de I’ll Be Your Mirror du groupe mythique The Velvet Underground. Une douce relecture intime à laquelle Audrey Bégnoche, sa fiancée et mère de ses enfants, se donne aux chœurs. Ah, l’amour!
L’album Ça m’manque pas d’avoir le blues est un virage country aussi naturel que mémorable pour Jason Bajada, qui confirme que le renouveau enrichit son talent créatif. Langue de Cohen ou langue de Miron, l’artiste biculturel s’inscrit parmi les rares à rendre chacune d’elles intègre à sa vocation d’auteur-compositeur-interprète. Le bonheur lui va à ravir et le chapeau de cowboy lui va comme un gant!