Lieu intimiste pour un concert intimiste, le temple de Satigny au magnifique chœur gothique accueillait le duo James Yorkston & Nina Persson dans le cadre du festival Antigel. Le lieu de culte à l’acoustique idéale affichait complet, de sobres projecteurs bleutés décoraient la nef pour souhaiter la bienvenue au public dans une atmosphère quasi surnaturelle.
C’était presque un anniversaire pour l’album « The Great White Sea Eagle » (Domino Recording Company) de James Yorkston, écrit en collaboration avec Nina Persson (The Cardigans) et The Second Hand Orchestra, paru le 13 janvier 2023. Antigel, une fois de plus, a réussi un grand coup pour faire venir expressément le duo au festival, la tournée de l’album (plus de 70 dates !) ayant pris fin en décembre dernier et aucune autre date n’étant prévue pour l’instant. James parle de l’écriture d’un nouvel album à paraître en fin d’année et Nina fera quelques concerts en Suède cet été avec The Cardigans.
Point de Second Hand Orchestra donc pour l’occasion, juste James et Nina, une guitare acoustique et un clavier dans le chœur. Les chansons sont ainsi plus dépouillées et les voix davantage mises en avant, nous semblant comme familières. James, auteur – compositeur – interprète mais aussi écrivain, est doué pour raconter des scènes de la vie, personnelles ou imaginées, empreintes de douceur, bienveillance, nostalgie mais aussi d’humour. Sa voix douce et grave contraste tout en se mariant parfaitement avec le timbre clair et délicat de Nina au léger trémolo, une voix unique, reconnaissable entre mille.
Le concert débute en douceur avec « Mary », merveilleuse ballade qui illustre parfaitement la complicité entre les deux artistes, leurs voix se répondant tour à tour puis s’épousant harmonieusement. James interprète les premiers titres au clavier, notamment pour « A Sweetness in You » et « An Upturned Crab ». Ravi de jouer dans un lieu si particulier, il lâchera entre deux titres avec humour qu’il pourra dire à sa maman, très croyante, qu’il est allé dans un lieu de culte au moins une fois dans l’année. Nina elle aussi relève la chance de pouvoir chanter dans ce temple à l’acoustique idéale. Les titres s’enchaînent avec James à la guitare cette fois-ci, relatant avec humour et tendresse dans « The Heavy Lyric Police » comment son père a gagné au poker la moitié d’une maison à Cork. On a beaucoup aimé «A Hollow Skeleton Lifts a Heavy Wing », version plus rythmée, intense et bluesy que sur l’album.
Chanceux, le public aura droit à quelques nouveaux titres interprétés pour la première fois en concert, comme « Rabbit » et le très bon « I Love That Tree », qui laissent augurer d’un nouvel album prometteur. On ne se lasse pas de ce duo qui parfois nous ramène pêle-mêle à l’univers de Leonard Cohen, Nick Drake ou Tom Waits. Sûr que nous garderons un œil et une oreille sur l’actualité musicale de James Yorkston et Nina Persson.