Encore un lieu insolite et privilégié pour un concert griffé Antigel. Le très beau Temple de Genthod à l’acoustique idéale accueillait deux fleurons de la nouvelle vague de la soul britannique, Jake Isaac et Sophie Faith.
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Arborant fièrement l’écharpe du festival sur ses épaules, Sophie Faith monte sur scène accompagnée d’un guitariste acoustique. Influencée par les artistes de la Motown, Lauryn Hill et Amy Winehouse, entre autres, sa musique intègre aussi bien des éléments de la soul que du R&B voire du jazz. Confrontée très jeune à la perte d’êtres chers et à des problèmes de santé, elle a su intégrer sa résilience dans ses textes, délicats et intimes. Anecdote propre à Antigel et ses lieux de concerts uniques, une petite fille est montée plusieurs fois dans la travée en direction de Sophie, s’arrêtant en face d’elle et la contemplant, manquant de faire fondre l’artiste en larmes de joie dans ce moment privilégié.
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Nous avions hâte de découvrir Jake Isaac en live pour sa première date à Genève. Aux côtés de Jacob Banks et Myles Sanko, il est le digne héritier contemporain de Marvin Gaye, Sam Cooke ou Otis Redding. En moins de dix ans, il s’est fait un nom grâce à ses talents de chanteur, musicien, compositeur et arrangeur, collaborant avec les plus grands artistes dont Sting. Entouré d’un guitariste, d’un bassiste, d’un batteur et de deux choristes féminines, Jacob monte sur scène avec un grand sourire, serein, saluant le public. A préciser qu’il s’agira d’un set acoustique. Entre deux titres, il dira tout son plaisir de jouer dans le Temple de Genthod. Fils de révérend, il a baigné dès son plus jeune âge dans la musique des chorales du sud londonien et s’est très tôt intéressé à la soul et aux classiques de la pop. Il a appris à jouer de la batterie à trois ans et sa curiosité l’a amené à apprendre plusieurs autres instruments (claviers et guitare notamment) qu’il maîtrise parfaitement. Quant à ses textes, Jake dit vouloir parler des sujets qui l’intéressent – la vie, la mort, l’amour, l’espoir – des thèmes dont on a vraiment besoin dans notre monde et en ces temps troublés.
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Jake crée d’emblée un rapport d’intimité avec le public, l’enjoignant à chanter, se lever, danser si bon lui semble. Sa présence, sa voix de velours, sa stature, tout inspire la bienveillance chez cet artiste. Nous aurons droit à un florilège de ses albums et EP’s, alternant titres enlevés (‘When It Hurts’, ‘Wasting My Love’, ‘Remember’), mid tempo (‘Fools for Love’, ‘Good’, ‘Ever Yours’, ‘Thinkin ‘Bout You’, ‘Good Man’) et chansons intimistes (‘Okay’, ‘I’m A Man’, ‘You And I Always’). Coups de cœur pour ‘All I Need’ – qui n’est pas sans rappeler la version d’Eric Clapton de ‘Change the World’ -, ‘Gold’ et sa délicatesse qui nous fait frissonner, ‘You and I Always’ – en hommage à toutes les Valentines et Valentins dans le public -, le chaloupé ‘Black or White’ qui donne la banane et ‘Still’, à la mélodie subtile qui nous caresse come un alizé sur une plage de sable blanc.
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Jake revient seul dans le chœur du Temple pour un unique rappel. Il explique à l’assistance qu’il n’apprécie guère de jouer des covers. La seule qu’il chante parfois lors de ses concerts est un titre qu’il a appris et apprécié dès son plus jeune âge, ‘I Can’t Make You Love Me’ de Bonnie Raitt. Le public d’Antigel aura droit à une version touchante de cette magnifique chanson, interprétée avec les tripes et le cœur par un Jake lui-même très ému.