Jack Ribeiro est loin d’être un inconnu. Il est un grand nom du tatouage français, et même international, un artiste autodidacte, et surtout un grand rêveur. Jack Ribeiro rêve toujours de plus de croquis, de plus de dessins et de plus de projets. Et le dernier projet en date a été celui de réaliser l’identité visuelle pour la première édition du festival MozHell à Insming, dans le département natal de l’artiste. Le challenge, la musique metal qu’il affectionne depuis de nombreuses années et aussi et surtout l’envie d’aider et de créer pour un évènement de sa région.
Jack, peux-tu nous décrire ton parcours ?
J’ai fait récemment une formation dans une école à Paris pour me perfectionner dans l’utilisation de logiciels de dessin mais j’ai appris à utiliser la plupart tout seul. Je bosse dessus depuis 2009 non-stop. J’ai vu tout de suite le potentiel de ce truc et j’ai pensé que l’avenir ce serait ça. Mais à la base j’ai une formation en dessin industriel ce qui n’a rien à voir mais j’ai toujours dessiné. Dès l’âge de 9 ans j’ai fait mes premiers dessins réguliers. Autodidacte pour de vrai ! Et puis dans mon parcours, c’est un tatoueur qui est venu me voir pour que je fasse ça. Il savait que je dessinais, il avait vu quelques-uns de mes dessins et voilà. C’est lui qui m’a donné l’envie de faire ça. Et puis, dès le début aussi, mes dessins étaient déjà inspirés de Van Halen, Deep Purple etc… Pour moi ce lien a toujours été logique entre le tatouage et la musique. J’ai d’ailleurs toujours tatoué qu’en musique. Et je rêve toujours de faire des collaborations avec des groupes.
Sur quoi tu travailles, avec quels outils ?
Photoshop tout simplement. C’est le meilleur pour moi. J’avais tellement d’idées pour le MozHell, de détails, de choses à fournir que je devais vider le cache toutes les heures tellement je remplissais l’ordinateur avec mes créations. Je commence toujours par un croquis. Si l’esquisse me plait, je concrétise puis je bosse sur le logiciel comme un travail sur une sculpture. Je prends une forme, je la sculpte, je lui donne sa forme pour arriver a des choses comme une crâne par exemple. A partir de là je peux ajouter toutes les formes, les textures, les détails que je veux. J’oriente même la lumière de tous mes personnages par exemple pour un rendu plus fou, plus précis. Pour ce projet, j’ai travaillé environ 120heures.
Comment tu as imaginé les décors pour ce festival ?
J’ai beaucoup communiqué avec le premier artiste pressentit pour la déco du site, et avec les organisateurs pour cibler les attentes, ce qu’ils voulaient, ce qu’ils aiment comme par exemple les jeux vidéo style médiéval. C’est de là que m’est venu l’idée du mur, pour entrer dans le festival, pour qu’on soit dans l’univers du MozHell, dans un monde clos. Après avoir vu et vécu les lieux je vais pouvoir encore mieux m’adapter et mettre ce genre de chose sur plusieurs côtés. J’avoue que j’ai déjà tellement d’idées pour la suite. J’ai même déjà été contacté dès le dimanche matin par des caméramans très compétents, qui sont actuellement aux JO de Paris, pour faire des choses uniques. L’image et le son ça pourrait donner des choses supers. D’ailleurs, rien que la lumière sur mes toiles, a changé beaucoup de chose. J’ai vu les mêmes personnes qui ont pris en photos mes œuvres la journée, ils ont repris des photos le soir.
Comment tu as mis tout en place ?
Sur la fresque, chaque personnage est travaillé individuellement, quasiment chaque objet est travaillé différemment. J’ai fait beaucoup de recherches en amont, j’ai mis en place mes idées et j’ai positionné toute une fresque. Je n’ai été contacté que 4 mois avant le festival, c’était donc un travail titanesque en si peu de temps car j’ai le souci du détail. Mais j’adore les défis ! Ça m’a permis de créer quelque chose dans une taille que je n’avais encore jamais fait. Et sur cette fresque, tout à une histoire. Les soldats, je les ai nommés les Metallic Warriors, représentent les mosellans metalleux. Ils sont un peu comme des statuts en bronze et notre région est une région sidérurgique ou le métal est omniprésent, d’ailleurs mes parents sont venus du Portugal pour le travail dans la sidérurgie. Il y a aussi les squelettes musiciens qui ont la croix de Lorraine vissée sur le sternum pour dire qu’ils ont leur région dans leurs tripes. Ils ont même un regard différent vers les 4 coins du département. Et puis dans tout ça il y a des références à l’histoire du village aussi. C’est très riche en détails mais tout à une signification jusqu’au violon que tiens un squelette qui exprime l’origine de la musique qui est classique. Pour le travail en lui-même j’ai déjà créé un fond qui est ce mur de briques, j’y ai ajouté chaque personnage un par un, j’ai envoyé les ombres sur le mur, des couleurs pour qu’à chaque fois ce soit différent, pas monotone avec des couleurs chaudes. J’ai dû crée par étapes car la fresque je ne la voyais pas en entier sur mes écrans.
Quel était ton but à travers la réalisation de ce décor ?
Je voulais créer un écrin et quelque chose qui plaise aux gens, qui leur donne même envie d’acheter des choses qui racontent quelque chose, en l’occurrence quelque chose sur l’histoire du lieu. J’ai même eu des idées pour les gobelets par exemple. Mais au vu du délais c’était un peu compliqué pour tout le monde. Les organisateurs ne savaient même pas ce que j’allais faire. C’était de la confiance totale !Mais j’étais et je suis encore ultra motivé, j’ai plein de projets sur ce festival et j’espère les concrétiser.
Vous avez communiqué sur tout ça ?
On a édité, par exemple, environ 25000 flyers que nous avons distribués en partie à mon réseau d’amis tatoueurs. Après, au vu de la période tardive à laquelle j’ai commencé au MozHell, nous n’avons pas trop pu faire des choses autour de mon projet a moi. Mais on le fera certainement la prochaine fois.
Concernant ton travail dans sa globalité, est ce que tu travailles un peu de la même façon lorsque tu penses tes tatouages ?
Tout à fait. Je pars toujours d’une photo. La personne vient, je prends une photo de la zone à tatouer, et je vais travailler en proportions. Je crée le projet en 3D, et sur Photoshop, et avec la photo de la partie à tatouer, je vais pouvoir positionner, tourner dans l’angle que je veux, choisir la lumière, les ombres portées etc… Pour moi c’est vraiment l’avenir tout en gardant une patte humaine. Ça reste des œuvres originales. Et il ne faut pas se dire que c’est la machine qui sort ça seule, il faut quand même de la créativité, connaitre les proportions etc… En France nous ne sommes encore pas nombreux à travailler de cette manière.
Vous l’aurez compris, Jack Ribeiro a la musique et le dessin dans le sang et il a combiné tout cela au MozHell pour crée un univers propre au festival ; Cet artiste de renom a su dynamiser le site et lui crée une vraie identité grâce à son savoir-faire et a sa créativité sans limite. Tout ce qu’il touche et crée, Jack sait le transformer en pépite tant en tatouage qu’en déco. Encore beaucoup de projets lui tiennent à cœur encore beaucoup d’idées fusent dans sa tête mais le graal, aux vues de ses passions, serait encore de crée pour un groupe de metal. On le reverra surement très prochainement dans ce milieu et, en attendant, continuons à suivre cet artiste de talent qui n’a pas fini de nous surprendre et nous émerveiller ! [Marjorie D.]