Iron Maiden à Zurich: volume à fond et bonne humeur
En pleine saison des festivals aux dizaines de milliers de personnes, Iron Maiden ont fait halte au Hallenstadion de Zurich. Dans la salle pleine à craquer, les anglais ont livré un show théâtral, comme à leur habitude.
“Scream for me Zuriiiiiich!” Bruce Dickinson ne s’est pas gêné de faire monter le décibelmètre en faisant hurler les fans. On se souvient de ce fameux concert au Paléo où le chanteur s’était un peu (beaucoup) plaint du volume sonore trop bas sur la Plaine de l’Asse. En effet, la loi suisse exige de ne pas dépasser une moyenne de 100 décibels. En France, cette limite est passée de 105 à 102 décibels en 2017 (le volume reste tout de même presque 2x plus fort que chez nous) et au Royaume-Uni, il n’y a pas pas de législation, mais on préconise de ne pas dépasser une moyenne de 107 décibels (c’est plus de 4x plus fort qu’en Suisse!). “You are very loud but we’re gonna make you louder!” (ndlr: vous êtes très bruyants mais on va vous rendre encore plus bruyants), scande Dickinson. Le ton est donné. Au Hallenstadion, on ne doute pas que la loi helvétique a été respectée, mais il semble que l’ingénieur son se soit quand même bien fait plaisir par moments. On a donc eu droit à un vrai bon concert de metal, avec des décibels et du show.
Au concert comme au théâtre
Sur les réseaux sociaux, vous êtes certainement tombés sur des vidéos des grands concerts du moment. De Kiss à Beyoncé en passant par Coldplay et Taylor Swift, ces gros shows “à l’américaine” mettent des étoiles plein les yeux. Et bien Iron Maiden sont la preuve qu’on peut en faire tout autant sans avoir une scène démesurée et des décors dignes d’une série HBO.
Maiden, ils ne s’embêtent pas. Deux écrans géants sur les côtés de la scène, à l’ancienne, pour qu’on puisse bien les voir. Une plateforme sur les bords et au fond de la scène. Et deux petits écrans qui entourent un rideau de décor interchangeable selon l’ambiance de la chanson. Un système vieux comme le monde du théâtre et qui n’a rien à envier aux écrans démesurés et aux animations 3D. Ok, s’ajoute à ça un lance feux d’artifices et un Eddie plus vrai que nature (on postule où d’ailleurs pour être dans la mascotte?).
En soi, rien de bien compliqué, mais ça a son effet! On regarde le show comme une pièce de théâtre et on n’a pas deux secondes pour s’ennuyer. Et puis, les six gugus, ils ont ça en eux. Pendant deux heures, ça fait des blagues aux agents de sécurité, ça s’amuse avec les premiers rangs, bref, ça joue comme des gamins au parc.
Un public trop captivé par le show?
Dommage que l’énergie du groupe n’ait pas réussi à atteindre tout le public. “Are you sure you are all really Swiss? It’s like a sea of madness out there!” (ndlr: êtes-vous sûrs d’être vraiment suisses? On dirait une mer de folie ici!), lance Bruce Dickinson à mi-concert. Ça semble pourtant être plus une excuse pour entamer la chanson suivante, ‘Can I Play With Madness’, qu’une réelle observation. On sent pourtant que le public est content d’être là, mais c’est un peu plat.
La faute peut-être à la setlist composée de titres qu’Iron Maiden n’ont pas l’habitude de jouer? On verra quelques verres voler dans les airs pendant ‘Fear Of The Dark’, puis quelques personnes tenter de se lever dans les tribunes sur ‘Iron Maiden’. Mais c’est déjà l’heure du rappel. Même ‘The Trooper’ n’arrivera pas à transformer le Hallenstadion en une véritable mer de folie. Mais quand on voit les enfants avoir des étoiles dans les yeux et les adultes sortir de la salle avec le sourire jusqu’aux oreilles, c’est que la mayonnaise a quand même pris. Et au fond, c’est ça l’important, que les gens vivent leur meilleure vie pendant deux heures.
Loin du cliché “fils à papa”
Mention spéciale à The Raven Age qui ouvrait la soirée. On pourra bien sûr toujours se demander si ce groupe serait là si un des guitaristes n’était pas le fils de Steve Harris. On pourrait ouvrir le débat “ne volent-ils pas la place d’un autre groupe?”. Mais ce serait omettre de préciser que ces garçons, ils sont bons dans ce qu’ils font.
La pression peut d’ailleurs être grande d’assurer la première partie d’un groupe mythique, d’autant plus si papa fait partie dudit groupe. Mais The Raven Age ils viennent là comme si de rien était, ils tiennent la scène comme des grands, ils sont sympas avec le public. Bref, on voit difficilement comment on pourrait ne pas les aimer. Et on ne peut que leur souhaiter de prendre leur envol!
Texte : Alessia Merulla
Photos : Gilles Simon