Avant d’entrer dans le vif du sujet, impossible de ne pas évoquer le choc ressenti par les fans d’Iron Maiden. Quelques jours avant ces deux visites au Québec, nous avons appris avec tristesse le décès de Paul Di’Anno, le premier chanteur du groupe. Deux albums emblématiques ont été enregistrés avec lui : Iron Maiden en 1980 et Killers en 1981, qui demeurent des pièces maîtresses de la discographie des Anglais. Leur dernière visite date d’il y a cinq ans, et vu l’engouement pour la vente des billets, l’attente était très grande.
La soirée débute avec The Hu, un groupe formé en 2016 en Mongolie. Contrairement au concert de Toronto, où des problèmes à la douane ont conduit à une annulation, le groupe est bien présent à Québec. Huit musiciens montent sur scène, enveloppés dans une lumière tamisée. La musique, véritable protagoniste de ce spectacle, mélange harmonieusement des sonorités traditionnelles mongoles et du heavy metal, un style qu’ils appellent le « Hunnu Rock ». Leurs performances sont un savant équilibre entre instruments conventionnels et instruments mongols, comme le tovshuur, un luth unique. Les morceaux ne sont pas rapides, mais plutôt denses et entraînants, mêlant des chants familiers aux fascinantes techniques de chant de gorge. Ensemble, ces éléments créent une expérience musicale captivante et agréable à écouter. Vraiment une belle découverte en ce qu’il me concerne.
Pour les fans pur et dur d’Iron Maiden, leur discographie constitue la bande sonore de leur vie. Nous nous souvenons tous du premier concert que nous avons vu d’eux. Pour ma part, c’était en 1988 à Lausanne, en Suisse, lors de la tournée Seventh Tour of a Seventh Tour. Chacun d’entre nous a un album ou une chanson qui évoque un souvenir particulier.
C’est un Centre Vidéotron bondé qui accueille le groupe. Le concert commence en beauté avec deux titres emblématiques de 1986 : Caught Somewhere in Time et Stranger in a Strange Land. Bruce s’est exprimé en français tout au long du concert, et ce, bien mieux que les joueurs anglophones du Canadien. Avant le début de Time Machine, il évoque le concept de voyage dans le temps, une thématique centrale de la chanson, qui parle des regrets et des choix que l’on aimerait pouvoir changer. En mentionnant la DeLorean, voiture emblématique du film Retour vers le futur, il demande si quelqu’un en possède une. À sa grande surprise, une personne lève la main, ajoutant une touche d’humour à ce moment.
Si le passé est à l’honneur avec des titres tels que The Prisoner, Can I Play with Madness et le magnifique Alexander the Great, le présent est également célébré avec cinq morceaux tirés du dernier album Senjutsu, paru en 2021. Cela crée un bel équilibre entre nostalgie et nouveautés. Les membres du groupe ont tous bien dépassé la soixantaine, avec Niko qui, à 72 ans, se cache toujours derrière son kit de batterie. Malgré leur âge, ils affichent une énergie incroyable, se déplaçant dans tous les sens pendant près de deux heures.
Death of the Celts offre un moment de calme. La partie des trois guitaristes, bien que longue, crée une atmosphère immersive qui prépare le public à une montée en puissance. Qui va se concrétiser avec des titres tels que Can I Play with Madness et Heaven Can Wait, où Eddie et Bruce s’engagent dans une bataille amusante avec des fusils, ajoutant du spectacle à la performance. Dès le début de Alexander the Great, le public se lève, un moment très attendu, car cette chanson fait partie des titres les plus épiques des Anglais. Malgré les années, Bruce chante avec une maîtrise exceptionnelle. Fear of the Dark, qui suit, fait également lever la foule, et les téléphones portables sont sortis pour immortaliser ce classique que le groupe nous offre ce soir. C’est incontestablement l’un des grands moments de la soirée.
Malheureusement, la soirée passe trop vite, et il est déjà temps pour la dernière chanson avant le rappel. Le moment est enfin venu de faire entrer Eddie pour Iron Maiden. Le show se termine avec Hell on Earth, The Trooper et Wasted Years. Le public se lève en entier pour acclamer les musiciens, qui ont une fois de plus livré une performance incroyable. Ils ne sont pas près de céder leur place au sommet du podium des légendes du metal.
Bruce, Steve, Dave, Adrian, Janick et, pour finir en beauté, Nicko, nous vous disons à bientôt !