Le rock progressif; considéré comme une réforme musicale mettant une Gibson SG dans les mains de monsieur Bach ou celles de Mozart, dont le but n’est plus de se lancer des fleurs comme la décennie précédente mais bien de se mesurer les uns aux autres pour savoir quel groupe avait le plus droit à la légitimité de la musique classique.
Alors que le chapitre des années 60 venait de se clore, des musiciens pleins de nouvelles idées prirent d’assaut le nord de l’Europe et les Etats-Unis. C’est dans ces couleurs que des groupes tels que King Crimson, Gentle Giant ou encore Camel choisissent de s’afficher lors du déclin des années hippies.
C’est alors qu’un autre pays entre dans les rangs du rock prog des groupes qui marqueront leur empreinte italienne jusqu’à obtenir leur propre genre. Ces artistes italiens obtiennent par les mélomanes du genre et autres critiques musicales le titre bien strict de Rock Progressivo Italiano ou plus communément RPI. Techniquement, cela s’entend par plusieurs points.
Le mellotron, clavier utilisant des bandes magnétiques pour lire les sons, est déjà bien expérimenté par les premiers groupes prog. Mais on trouve réellement l’apogée de son utilisation dans les mains des pianistes italiens. Ces sons de clavier constituent notamment l’avant-garde des mélodies du groupe Le Orme, dont d’excellents exemples se trouvent dans leur album de 1973, ‘Felona E Sorona’. Ce groupe est probablement le plus réputé et le plus connu à travers le globe. Beaucoup de fans de musiques considèrent les vénitiens de Le Orme comme figure de proue du RPI. Utilisant beaucoup moins de guitares que leurs confrères, c’est sur ce point qu’il se sont démarqués.
Le second aspect trouve son évidence dans l’utilisation très minutieuse des violons et des pianos d’où l’on retrouve l’influence des compositions symphoniques de la musique classique. Quella Vecchia Locanda, groupe qui utilise de façon magique ces instruments, symbolisent les valeurs les plus chères à l’âge d’or du courant italien. Ils comparent les artistes peintres de la Renaissance italienne aux musiciens des années 70, permettant sans peine de parler de renaissance musicale dans la chronologie italienne. A comprendre en écoutant ‘Il Tempo Della Gioia’, pièce immanquable du genre.
La troisième distinction essentielle se retrouve chez Osanna. Les cuivres et instruments à vents sont le moyen de lier le jazz au rock. Alors ainsi soit-il. Les napolitains de ce groupe nous montrent qu’une ligne de saxophone peut peser bien plus lourd que n’importe quel riff de guitare. A découvrir dans le périlleux ‘Palepoli’ de 1973; chef d’oeuvre du groupe, à ne mettre que dans des oreilles patientes et avides de récompenses.
Cette introduction au rock progressif est minimale car c’est un genre qui s’explore pendant tout une vie. Mais il est trop peu connu des fans de musique et comporte autant de trésors que l’El Dorado. [Mathis Laucella]