Les 25 et 26 août prochain se tiendra le festival Les Arts Bourrins. La première édition a eu lieu en 2007. 10 ans d’existence, ça s’arrose?
Et comment !! L’association a connu deux années de flottement, suite au festival 2014. Il y a eu, en 2015, deux concerts d’organisés à la MJC à Rouen, mais pas de festival. En 2016 il ne s’est rien passé parce qu’on cherchait une salle, mais la volonté était vraiment là pour marquer les 10 ans. C’est chose faite avec cette nouvelle édition ! Ca nous manquait, et je pense, au vu des nombreux témoignages que l’on a eu, que ça manquait également au public et aux fidèles du festival. Ne reste plus qu’à fêter ça dignement au mois d’août !
As tu prévu quelque chose de particulier pour fêter ça?
Au départ, on était partis pour mixer les affiches de ces 10 années, et faire une édition avec les groupes qui ont marqué le festival. A la réflexion, plutôt que de faire du réchauffé, nous avons préféré faire une affiche 100% inédite (ce qui est presque le cas, car seul un groupe ayant déjà été présent sur nos affiches est de nouveau présent pour cette édition), avec aucun nom ayant déjà participé aux Arts Bourrins. Pour le reste, on retrouvera les concours habituels.
Première édition : 6 groupes. Deuxième édition : 8 groupes et à partir de la troisième édition, en moyenne une vingtaine de groupes. La demande était si forte qu’il t’a fallu prévoir une affiche aussi importante ?
Le nombre de groupes et la durée du festival partent plutôt d’un constat. A cette époque, nous avions pas mal de concerts sur Rouen, car il y avait encore des endroits cools pour jouer (je pense notamment au Brooklyn), mais il manquait une manifestation qui puisse rassembler et fédérer les métalleux, dans la bonne humeur, et où chacun pourrait trouver son compte. Aujourd’hui, quand on demande aux gens ce qu’ils pensent du festival, la grosse majorité s’accorde à dire que Les Arts Bourrins leur a manqué pendant ces deux années, et qu’ils sont aussi heureux que nous de voir cette nouvelle édition ressortir de terre. Pour le coup, le pari est plutôt réussi !
Comment fonctionne l’association, car j’imagine que tu n’es pas, ou plus, seul par rapport au début de l’aventure?
L’association fonctionne de façon aussi classique que n’importe quelle autre asso. Nous avons un bureau de 3 membres, et des membres actifs à côté qui suivent le festival depuis longtemps, mais qui participent aux décisions de la même façon que les membres du bureau. Pour ce qui est de la sélection des groupes, nous recevons toutes les candidatures et nous faisons une pré-selection, que nous présentons ensuite en réunion pour valider ou non, écoute à l’appui. Toutes les décisions stratégiques, techniques, logistiques, etc…, sont présentées et prises en réunion avec tous les membres, et la partie administrative (généralement le plus chiant !) est gérée par les membres du bureau.
« Promouvoir la scène artistique haut normande » est inscrit dans votre cahier des charges. La Normandie serait elle un beau vivier métallique ?
Bien sûr !! Il y a une espèce de cycle sur la région. A un moment donné, il y a énormément de groupes, ensuite une période où il ne se passe plus grand-chose, puis ça recommence au départ ! J’ai souvenir qu’en 2014, nous n’avons pas reçu masses de candidatures de groupes locaux, tandis que cette année c’est tout le contraire. Et ce qui fait vraiment plaisir, c’est que dans tous ces groupes, il y en a pas mal que nous ne connaissons pas, preuve du renouvellement de la scène, et ça c’est plutôt cool !
Les rouennais ont souvent eu la part belle, même encore cette année (5 groupes sur 12), comment se passe la sélection des groupes?
Pour être exact, nous avons 9 groupes locaux sur 19 cette année, ce qui fait quasiment 50% de l’affiche. Comme tu le faisais remarquer plus haut, ça fait partie du cahier des charges du festival. La promotion de la scène locale reste, pour nous, une des priorités. C’est une chance, pour des groupes locaux, de pouvoir partager une affiche avec des groupes nationaux et/ou internationaux, et de pouvoir se produire dans des conditions professionnelles (sans prétention bien sûr), aussi bien au niveau de la scène, à travers le son et les lumières, qu’au niveau de l’accueil et du catering. Contrairement à certains festivals, nous ne faisons pas la différence entre les groupes, tout le monde est mélangé (il n’y a, par exemple, pas de loge privée). C’est une très bonne expérience à partager, et pour cette raison nous sommes plus exigeants sur les groupes locaux en termes de qualité. Au delà du style, nous sélectionnons les groupes qui ont quelque chose en plus, que ce soit scéniquement ou humainement, sans mettre de côté l’aspect musical, la technique, l’efficacité, etc… C’est aussi pour ces raisons que nous essayons, lors de la concrétisation de l’affiche, de nous déplacer aux concerts pour nous rendre compte de tout ça, et j’avoue que ça pèse pas mal dans la balance pour les décisions.
Jusqu’en 2014, le festival avait lieu à La Neuville Chant d’Oisel, petite bourgade à une quinzaine de kilomètres de Rouen, comment la population a accueilli l’arrivée d’une horde de métalleux ?
C’est une bonne question ! il n’y a jamais eu, à ma connaissance, de sondage à ce propos, mais simplement un ressenti au niveau de la mairie. Pas plus d’animosité que ça, pour la bonne et simple raison que le festival s’est toujours déroulé sans problèmes. De souvenir, la seule année où il y a eu un souci, c’était avec des jeunes de La Neuville ! Quand à la supérette de La Neuville, elle voyait plutôt le festival d’un bon œil car elle pouvait faire son chiffre d’affaire sur les deux jours. Malheureusement le metal n’a pas une bonne image, ceci étant certainement véhiculé par tous les médias poubelles, mais lorsque les gens et les commerçants sont confrontés à cette population, les avis changent du tout au tout tellement les metalleux sont agréables et souvent ouverts à la discussion. Il n’y a qu’à voir le cas du Hellfest, les habitants étaient réticents au départ, et maintenant ils seraient contre un démantèlement du festival !
En 2015 et 2016, il n’y a pas eu de festival, que s’est il passé?
Suite aux élections municipales 2014, la nouvelle mairie avait prévenu qu’elle ne voulait plus du festival. Nous n’avons jamais vraiment connu les raisons. Toujours est-il que c’était non négociable. Il a tout de même fallu batailler pour l’édition 2014, parce que nous avions déjà engagé pas mal de frais, et qu’une annulation au mois d’avril allait faire couler l’association. Il aura fallu faire pas mal de concessions pour que le festival ait lieu. Au final, cette édition se sera passée sans encombre, mais malgré ça, la mairie n’a pas changé son fusil d’épaule. Il a ensuite fallu trouver une nouvelle salle, malheureusement nous n’avons rien trouvé pour une édition 2015. Nous avons tout de même voulu garder l’asso en activité, et c’est pour cette raison que nous avons organisé deux concerts sur l’année à la MJC, avec les mêmes conditions scéniques que pour le festival. Ensuite, le bureau a changé, nous avons mis du temps à trouver un lieu qui corresponde à toutes les contraintes du festival, c’est désormais chose faite ! The show must go on !
Cette année, c’est à Notre Dame de Gravenchon (L’Arcade), l’impact sur l’organisation a-t-il été important?
Clairement oui ! Non seulement il a été important sur l’organisation, mais il a fallu tout repenser ! Nous arrivons sur un lieu complètement différent, et tout ce qui était valable à La Neuville ne s’applique pas à l’Arcade. Nous avons également beaucoup plus de contraintes de sécurité, en rapport avec les événements dans le pays, et une logistique totalement différente. Cette année servira d’année test. Nous allons tout faire pour tout penser au plus juste, de façon à ce que tout se passe le mieux possible, mais il y a aura forcément des choses que nous n’aurons pas prévues et qui seront à corriger. Nous resterons à l’écoute !
Par le passé, il y eu des groupes étrangers (Mumakil, Incrüst), en sera-t-il de même cette année? (A l’heure où je rédige cette interview, il reste 5 groupes à venir)
Oui, il y a Leng Tch’é, qui vient de Belgique. Pour le reste, tous les groupes sont de France.
Parallèlement aux concerts, des artistes (peintres, sculpteurs…) sont conviés, comme à chaque édition, au festival, peux-tu nous en dire un peu plus sur ce souhait de marier musique et arts plastiques ?
En fait ça a toujours été le cas sur Les Arts Bourrins. Le but du festival est de promouvoir la culture bourrin sous toutes ses formes, que ce soit par la peinture, les bijoux, les photos, les sculptures, la musique, etc… La réelle différence de cette édition par rapport aux précédentes, c’est que les artistes auront une vraie salle dans la salle, ce que l’on n’a jamais réussi à faire auparavant, faute de place. Pour le coup, ils auront une plus grande visibilité avec le public, puisqu’ils partageront l’espace avec le merchandising et auront l’occasion de rencontrer beaucoup plus de monde, discuter, échanger, vendre leur art, et pourquoi pas, prendre des commandes ! Sur ce point, on est vraiment content pour cette nouvelle salle, c’est vraiment ce qui manquait pour booster les exposants.
Loudblast en tête d’affiche, a-t-il été difficile de les convaincre de venir?
Pas plus que ça. Je m’avance un peu sur le sujet, mais je pense que les gars ont dû se renseigner sur le festival. Il est très important pour nous que les groupes et le public soient ravis de leur week end, car c’est eux qui nous font la meilleure pub. Jusqu’à présent, le bouche à oreille a plutôt bien fonctionné, et je pense que c’est en partie pour cette raison que nous pouvons avoir ce genre de groupe sur l’affiche.
Si on te dit : rendez vous dans dix ans, tu signes ?
Espérons le ! Je ne peux pas dire ce qu’il en sera dans 10 ans, ni même si nous serons toujours là. Il peut se passer tellement de choses dans la vie de chacun que rien ne nous dit que nous serons encore dans l’association dans 10 ans. Tout ce que je peux te dire, c’est que pour le moment, nous sommes motivés et au taquet pour cette édition et les suivantes, et que nous allons tout faire pour faire perdurer le festival. Pour le reste, advienne que pourra !
Un dernier mot pour les fans?
S’il devait y en avoir un, ce serait sans hésitation : MERCI ! Merci à vous d’avoir écrit avec nous l’histoire des Arts Bourrins, de la faire vivre et de répondre toujours présent. C’est avant tout votre festival, et c’est comme ça que nous essayons de le maintenir, au travers d’une programmation pluri-styles et d’une logistique toujours axée sur le confort du festivalier (politique de prix, fonctionnement du camping, qualité visuelle et sonore, etc…), donc merci à vous. On se donne rendez-vous les 25 et 26 août prochain, et on compte sur vous pour foutre une ambiance de folie pour cette 10ème édition ! STAY BRUTAL !