A l’occasion du passage à Bordeaux de la tournée « Hell Over Europe II » d’ABORTED accompagné par CYTOTOXIN, BENIGHTED et CRYPTOPSY. Sven, Frontman d’ABORTED a accepté un entretien avec le DRF. Voici ce qui en est ressortit :
« Comment se passe ce début de tournée ?
SVEN : Jusqu’à présent ça se passe nickel. Ca fait une bonne différence qu’on soit tous potes sur la tournée, cela rend la vie beaucoup plus facile et en plus tous les groupes sont excellents. Donc pour nous c’est vraiment un plaisir d’être sur cette tournée avec tout le monde.
Est-ce que au bout de 23 ans, tu n’en as pas marre de répondre à des interviews ?
Non, c’est vrai qu’il y a des interviews plus chiantes que d’autres mais en général aucun problème. C’est les questions genre : »comment avez-vous commencé le groupe ? », ce sont des questions après 23 ans tu en as un peu marre.
23 ans à mener ABORTED, où le groupe en est aujourd’hui, as-tu des regrets ?
Bien sûr, il y a eu des périodes où cela allait moins ou mieux et dans tout ce que tu fais dans ta vie tu as des regrets, ça paraît normal. Mais les choses où cela s’est moins bien passé, on en tire des leçons et on en retient du positif. Pour moi ce n’est pas des regrets mais de l’expérience.
Terrorvision, c’est une vrai pépite, il est sorti il y a peu, pourrais-tu nous parler de la naissance de cet album ?
On a commencé l’écriture, il y a 1 ans et demi voir 2 ans. Après Retrogore, on a été très sélectif avec les tournées, on en a fait une seule en Europe avec KREATOR puis une autre aux Etats-Unis mais on avait déjà enregistré Terrorvision. On a eu beaucoup de temps pour écrire, on a pris le temps et été super critique dans le groupe pour être vraiment sûr que cet album soit celui qu’on voulait.
Au fur et à mesure des albums, on sent un changement de couleur, de sonorités et autres, d’où vient cette évolution ?
C’est venu un peu naturellement, depuis quelques albums c’est aussi le batteur Ken qui écrit pas mal de musique. Ken est dans le groupe depuis 10 ans et Mendel depuis 6 ans donc l’écriture est faite pas mal avec eux, bien sûr je garde un coup d’oeil et d’oreille sur ce qui se passe. Mais en général, je pense que c’est quelque chose qui s’est développé naturellement. Les deux derniers albums sont bien plus sombres et je pense que cette évolution est naturelle, on a pris ce qui existait en y rajoutant une ambiance glauque. On a bien plus intégré et travaillé avec l’ambiance de film d’horreur, tu verras sur scène, on a créé un décors, on essaye de créer un package où ce n’est pas seulement la musique mais l’artwork, les samples, la scène et le merch pour que cela respire l’ambiance de film d’horreur des années 80.
J’ai lu quelque part que tu considères cet album comme un des plus réussi du groupe, tu le justifies comment ?
Chaque album est à voir dans sa période. Cet album, on a tellement investit de temps et d’énergie et on a vraiment pris le temps donc il est sorti comme on le voulait. C’est plutôt quelque chose de personnel, c’est pas que c’est le meilleur mais on en est tous très fier et content de A à Z. Pour moi, dans la discographie, c’est sûrement un des meilleurs albums du groupe.
Comme tu le disais précédemment, c’est une tournée entre copain et sur l’album, il y a quand même Julien de Benighted, Grimo de Cytotoxin et Seth de Septicflesh, comment s’est passé le travail avec eux ?
C’est des potes et on avait déjà la tournée en tête au moment de la composition de l’album, et on s’est dit pourquoi pas mettre les amis sur l’album, tu verras ils vont monter sur scène. Et Seth, c’est un mec qui a vraiment une voix particulière et je suis fan de Septicflesh, on a tourné ensemble, il y a 3 ans et c’était génial. On est bien devenu pote, c’est un artiste que je respecte beaucoup aussi niveau graphisme. Pour moi c’était super cool de les avoir sur l’album.
Le mixage de vos albums est confié à Khole studio, est-ce que c’est le seul à pouvoir capter ou apprivoiser votre son ?
Non, on était bien content avec …. mais, il y a eu a un moment ou il était occupé avec Volbeat au moment où on voulait faire Retrogore. Donc, on est allé chez Khole, on a fait un EP d’abord et ça a bien plu. On a pris un peu de temps à s’habituer à sa façon de travailler mais en fait il est génial. Et la différence avec Khole, il arrive avec les sons rapides et intenses à rendre le son grave mais où en entends vraiment tout et vu qu’on trouve les riffs relativement importants, c’était génial d’avoir un produit qui a du punch mais où on peut tout capter car c’est quand même des vitesses qui atteignent 300 Bpm , c’est pas évident d’en faire un bordel. A côté de ça, il apporte des idées aux morceaux pour les rendre meilleurs, il écoute les choses d’une autre manière.
Certains considèrent Goremagedon comme une pièce maîtresse du genre musical, comment vois-tu cet album ?
Je suis très fier de Goremagedon, c’est l’album qui nous a élevé dans un autre niveau. Je trouve ça drôle que les gens disent que c’est l’album le plus brutal du groupe alors que c’est la production qui est surtout agressive alors que dans sa composition c’est sans doute le plus mélodique.
Est-ce que tu pourrais mettre en image les albums d’Aborted ?
Ça serait cool mais je pense qu’on a pas les moyens (rire). Ça c’est un projet qui prendrait beaucoup de temps et moyens et qui nécessiterait du crowfunding, c’est pas quelque chose dont on est très fan car on aime pas demander de l’argent aux fans. On préfère pour soutenir le groupe, que vous veniez aux concerts, achetiez du merch et les albums. La façon classique.
Pourtant aujourd’hui, beaucoup de fan serait prêt à payer pour aider à la naissance d’un album ou autre projet ?
Oui, mais on a le label pour ça, on préfère que les gens nous aident en venant nous voir et en achetant les albums. Le reste c’est notre travail.
En parlant de merch, Vinyles de différentes couleurs, coffrets avec une image en hologramme est-ce que ce sont des choses indispensables à mettre en place pour conquérir encore le public ?
Oui et non. Nous on l’a toujours fait, car comme je te l’ai expliqué ça fait partit du « package » car c’est une expérience qu’on essaye de donner au gens. Ça part de la compo, en passant par l’artwork et le reste. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui pour vendre un simple CD avec Spotify et autre cela ne motive pas plus que ça sauf si tu veux vraiment aider le groupe, tu n’as pas de réelle motivation à acheter. C’est vrai que cette façon de faire est devenue bien plus commune.
Aborted sans cette pop-culture horreur des années 80, ça donnerait quoi ?
Juste de la musique brutal (rire).
Tu as envie de quoi pour la suite ?
Je pense que là, on va repartir aux USA, les festivals l’année prochaine et une autre tournée probablement en support mais je peux pas encore en dire plus. On va faire trois tournées, essayer d’aller en Amérique du Sud en même temps.
Toi qui répond à des interviews en pagaille depuis le début de l’été, quelle est la question que l’on ne t’a pas posé et que tu aurais aimé que l’on te pose ?
C’est une bonne question car je n’y ai encore jamais réfléchi (rire). Pour le coup là, tu m’as bien eu.
Je te laisse le dernier mot ! Encore merci !
Merci à toi, j’espère que les gens apprécie l’album et qu’on va les voir nombreux aux concerts parce que c’est quand même de la patate la tournée ! »
Je remercie Sven pour cet entretien, mon collègue Fred et The Insane Legion pour l’organisation de la date.