Noble mariage à Chillon
« Hummus & Wine », c’est l’alliance du Saint Chasselas et du Noble Décibel, dixit le site dédié à ces sessions. Mariage alléchant non ? Il est vrai que si le rocker est catégorisé dans les amateurs de produits houblonnés, à bien y regarder quand l’on parle musique, le portrait qui en est dessiné fait le plus souvent appel à des termes qui expriment tout aussi bien la noblesse du vin. Boisé, minéral, sec ou racé. L’amateur de l’un est donc bien proche de l’autre, même sans en passer par la mousse.
On a donc choisi de se faire une idée de ce que pouvait donner ce concubinage en ce 20 mai du côté de Chillon. Et fois de Bacchusodécibelphile il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Déjà le vénérable édifice se dévoile un parfait écrin fier et solide pour y faire résonner des fulgurances post-punk. Et ses nombreux recoins, jardins, escaliers ou cours intérieures sont autant d’invitations au relâchement que d’incitations à s’éveiller les papilles.
Et samedi les fins nectars des Domaines de La Baudelière, Les Moines et du Clos de Chillon se sont relevés des compagnons de soirée de très belle tenue. L’esprit doucement grisé il était alors temps de se glisser au cœur de l’Aula magna inferior pour y découvrir les Genevois de Grey Lips, les Rouannais de Servo et des Crows londonniens. Nappes sombres et obsédantes, rythmiques étouffantes aux contours psychédéliques, chant habité glissé dans un costume aussi smart que sauvage, la soirée a été en crescendo, les pulsations ne retombant que le temps de changer les scènes.
Le temps justement une fois remonté de cette imposante salle de se laisser enfermer dans les prisons pour être pris dans les nappes électroniques du Chaux-de-Fonnier Corps pur et de la Veveysanne VRVN, soyeux et charnu. Foi de Bonivard, le château était habité ce soir-là, et pas que par des fantômes. Et comme les prochaines sessions auront pour cadre clos, musée, tour ou châteaux, c’est la promesse d’autres moments captivants.