Avec son ouverture , où l’on peut entendre les bruits joyeux d’une fête foraine, « Gambling With the Devil » a presque donné l’impression de renouer avec l’insouciance des débuts. Puis la brume se lève, une voix démoniaque récite ses prédilections morbides, et l’album prend une direction bien plus sombre, direction qu’il maintiendra obstinément pendant presque une heure.
Il faut dire que ce disque s’inscrit dans la lignée des keepers , bien que le groupe n’ai pas indiqué cette filiation dans le titre, évitant ainsi d’être accusé d’utiliser ce nom prestigieux comme argument de vente. On ne peut d’ailleurs que les remercier, tant ce « Gambling With the Devil » ressemble à une caricature de son prédécesseur. Perdu dans une grotesque fuite en avant, Helloween se fait plus violent, plus lugubre, plus rapide, et illustre parfaitement cette vérité éternelle « less is more ».
Comme pour le précédent opus, le morceau d’ouverture donne le ton . « Kill it » démarre en effet sur une chevauchée sonore digne d’un mauvais Kreator. Au milieu de tout ça, le chanteur cherche sa place, pratiquant parfois un chant vindicatif, comme une version métallique de Johnny Rotten, avant de remettre son costume de prédicateur glauque.
La même formule est reconduite sur « The Saint » , à peine diluée par une production qui tente de mettre un peu de vernis épique sur cette attelage braillard. Mais les ficelles sont trop grosses, et ce synthé s’imposant entre deux hurlements de guitares irrite plus qu’il ne séduit. De plus en plus, ces pauses mélodiques tentent de s’imposer , comme si Helloween n’assumait pas une nouvelle direction qui lui va si mal. Le problème est que les allemands mettent parfois autant de radicalité dans leurs mélodies extravagantes, que dans leurs assauts électriques , au point de tomber dans le ridicule. Le résultat est affolant sur « As Long As I Fall », un hymne de fête foraine effrayant de niaiserie, noyée dans une mélasse synthétique indigeste.
En voulant faire sophistiqué, les citrouilles n’ont fait que montrer un groupe perdu dans sa propre création, comme si les allemands avaient lâché toute leur inspiration sur l’album précédent, et Se retrouvaient ici aussi vides qu’un journal de 20 heure. On Se doutait bien qu’après un album aussi réussit que « Keeper Of the Seven Keys the Legacy » , un changement de cap était probable et même souhaitable .
Mais le limiter à la puissance sonore dégagée par un groupe qui braille dans le vide, tout en se forçant à accoucher d’un disque aussi long, ne pouvait amener qu’au désastre. Réduit à une demie heure , « Gambling With the Devil » aurait peut-être pu passer pour une légère baisse de régime, le résultat n’aurait pas été beaucoup plus folichon, mais l’honneur était sauf. Mais le groupe à préféré remplir le cahier des charges, réservant ainsi ce disque à ses fans les plus indulgents.