HELLFEST 2024 – ICE NINE KILLS, À FEU ET À SANG

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À l’occasion du Hellfest 2024, Daily Rock a rencontré Miles Dimitri Baker, guitariste remplaçant de Sugarman, absent pour des raisons de santé. Après un concert sanguinolent à base de membres découpés, de camisoles et de haches, Miles nous a accueillies en sortie de scène. Passionné et passionnant, il nous a offert un moment privilégié, nous contant les moments d’exception au sein d’ICE NINE KILLS et les anecdotes mémorables aux côtés de Metallica.

Comment se passe la tournée jusqu’à présent ?
Miles : La tournée est bonne. Nous sommes en Europe depuis le 19 mai et rentrons chez nous le 14 juillet. Moi, je reste un jour de plus à Madrid. Mais tout va bien. Tout est génial. Les shows sont excellents. Je n’ai pas à me plaindre.

Comment as-tu été choisi pour remplacer Sugarman ?
Je ne dirais pas qu’il s’agit d’un remplacement à proprement parler, c’est plutôt une période d’attente. Il reviendra sans doute, mais je ne sais pas vraiment quand. Cette situation est arrivée par le plus grand des hasards ! Il m’a envoyé un message privé sur Instagram et m’a demandé : « Hey, est-ce que tu voudrais me remplacer sur cette tournée de Metallica ?« 

« Heu… Ok, laisse-moi vérifier mon calendrier ! » En réalité, j’avais vraiment un conflit de planning avec un autre groupe dans lequel je jouais. C’était un dilemme, mais évidemment, impossible de refuser ! J’ai donc appris trois solos cette nuit-là et je les ai envoyés au groupe le lendemain matin. Je n’ai pas dormi. Et puis j’ai reçu un appel de leur avocat la nuit suivante, Eric, qui m’a dit : « Tu as le boulot, mec. Répétitions lundi. » À ce moment-là, on était jeudi soir…

Ils m’ont envoyé quinze chansons et j’ai dû les apprendre en quatre jours. Quinze morceaux que je n’avais jamais entendus car, je connaissais le groupe, mais pas leur musique. Une semaine plus tard, nous nous sommes envolés pour l’Europe.

« Ils m’ont envoyé quinze chansons et j’ai dû les apprendre en quatre jours. »

Mile Dimitri Baker

C’était ma prochaine question, de savoir combien de temps tu avais mis pour apprendre tout ça…
Quatre jours. Mais j’ai reçu de l’aide de la part de Dan (ndlr. Sugarman) qui m’envoyait des vidéos. J’ai pu comprendre et apprendre certaines choses à l’oreille parce qu’à l’écoute de l’album, une grande partie est axée sur la voix. Il y a donc beaucoup de choses à la guitare que l’on ne peut pas faire, comme choisir de mettre les parties de guitare en avant, par exemple. 

Comment s’est déroulé le premier concert ?
Terrifiant. Absolument terrifiant ! Je m’entraînais encore et encore. Aussi, les autres membres du groupe et le mélange de tout ce nouveau monde était totalement différent de ce à quoi j’étais habitué. Pour le second concert, j’étais très stressé car ce coup-ci on jouait avec Metallica. C’était beaucoup en très peu de temps, mais je l’ai fait !

À quoi ressemble une journée en tournée avec ICE NINE KILLS ?
Cela dépend du jour et du type de show. Les concerts en tête d’affiche sont un peu différents des premières parties, et c’est encore autre chose pour les concerts avec Metallica.

En résumé, une journée normale, c’est : essayer de se coucher tôt – même si ce n’est pas encore le cas… En fait, je ne sais même pas pourquoi je te dis ça car ça n’est encore jamais arrivé ! Je vais au lit généralement vers 3h00 du matin. Parfois, je me réveille tôt pour faire le café, puis, en principe, nous faisons les balances dans l’après-midi, ce qui me laisse beaucoup de temps pour faire autre chose.

Si je suis dans une nouvelle ville, et que j’ai un peu de temps pour moi, je vais me promener pour visiter. Ensuite, je mange un peu et je m’entraîne. J’aime bien jouer de la guitare quelques heures avant le concert, pour être sûr d’être bien échauffé.

J’utilise beaucoup les réseaux sociaux également. J’ai d’ailleurs commencé cette tournée en achetant un MacBook pour monter mes vidéos, car je filme tout au long la journée. Selon l’endroit où l’on se trouve, ça détend de faire ça avant les concerts. J’ai aussi beaucoup d’amis en ce moment qui se trouvent dans la région. Alors, on sort, on va voir d’autres potes, on part et on recommence le lendemain.

Miles Dimitri Baker avec ICE NINE KILLS au Hellfest 2024, by CFK Photographies pour Daily Rock.

C’est un travail à temps plein, avec des journées bien remplies ?
Oui, absolument et tu sais, c’est parfois agréable de ne connaître personne dans une ville. Je tourne depuis 10 ans… Mais… Je fais ce job depuis que j’ai 18 ans ! Wow ! J’ai maintenant 29 ans, bientôt 30. J’ai donc des amis dans la plupart des endroits où je vais. C’est parfois beaucoup de temps de traîner avec tout le monde à chaque étape. Mais il m’arrive aussi de ne pas être disponible, comme aujourd’hui. C’est du haut niveau, ce concert est très important.

Quel est le meilleur souvenir de cette tournée ?
Le Graspop. Et ensuite, le festival Full Force pour son environnement. Là-bas, c’est un peu la colonie de vacances. Il y avait une rampe de skateboard flottante dans l’eau, du côté des backstages. On s’est bien marrés à sauter. Il est difficile d’en dire plus car, pour moi, tout cela est arrivé si vite que je n’ai pas autant de souvenirs que les autres. Et puis… il y a aussi des souvenirs dont je ne peux pas vraiment parler (rires) !

Qu’as-tu appris de tout cela ?
J’ai beaucoup appris. Même si j’ai déjà joué dans plein de groupes de death metal et autres, c’était à une échelle bien plus petite, dans des salles et des clubs. À ce niveau, il y a une telle logistique, c’est fou ! Maintenant, je réalise tout ce qu’il faut faire pour qu’un show de cette ampleur ait lieu.

J’ai aussi appris à me concentrer et à donner le meilleur de moi-même, car les enjeux de ces concerts sont considérables. Comme tu sais, il y a beaucoup de pression donc je m’entraîne quotidiennement et j’essaie de tout donner. Ce n’est pas rien d’avoir l’opportunité de jouer avec ses pairs, dans un groupe comme ICE NINE KILLS et d’être exposé sur le devant de la scène. Ce qui est sûr, c’est que je fais de mon mieux.

Quels conseils essentiels donnerais-tu a un jeune groupe qui débute dans ce milieu ?
Premièrement : multiplier ton nombre d’écoutes en streaming et créer une base de fans qui te permettra de partir en tournée. Il faut commencer par là car beaucoup de petits groupes perdent de l’argent sur les tournées. Cela arrive même à des niveaux plus élevés, tu serais surprise. Puis, il faut se concentrer sur la qualité des morceaux, faire fonctionner ses réseaux sociaux parce qu’au bout du compte, c’est ce qui fonctionne. Regarde Peyton Parrish : il vient d’exploser sur TikTok, et il en est à son 11e show. Il y a des groupes qui tournent pendant 20 ans avant de faire quelque chose comme ça ! Grâce aux médias sociaux, il a réussi. Mais, c’est plus facile à dire qu’à faire !

Peux-tu nous parler de ton groupe Interloper ?
Le groupe existe depuis un certain temps, il a souvent été mis en pause à cause d’autres projets et maintenant, on peut dire qu’il est plus que jamais en veilleuse. Pourtant, Andrew (ndlr. Virrueta, le guitariste) a écrit un album incroyable l’année dernière pendant que j’étais en tournée. Nous le sortirons morceau par morceau car Interloper a commencé il y a longtemps et nous souhaitons adopter une nouvelle approche.

C’est aussi pour cela que j’hésitais à tourner avec ICE NINE KILLS. Mais le streaming est désormais le mode de consommation principal de la musique et augmente les chiffres à distance. Cela nous permet de partir en tournée dans de meilleures conditions. Être sur la route, dans un van et jouer dans des petits clubs est devenu plus difficile avec l’âge. Nous avons plein de morceaux et de contenus cool à sortir ! Nous avons tout préparé avant de partir pour que tout soit prêt pour l’été.

« le streaming est désormais le mode de consommation principal de la musique et augmente les chiffres à distance. »

Et tu souhaites continuer ce projet ou peut-être rester avec ICE NINE KILLS ?
J’apprécie davantage les « crimes » commis avec ICE NINE KILLS. C’est amusant et j’aime passer du bon temps avec eux. Les concerts sont cool et Interloper n’en est pas là où je pensais qu’il serait. Finalement, les choses se déroulent de la même manière à distance, à bien des égards et je peux tout à fait travailler de cette manière. Donc oui, je me plais ici en ce moment !

Quels sont tes projets pour l’avenir : toujours en tournée ou un peu de repos à la maison ?
J’ai du contenu vidéo à faire et des projets musicaux sur le feu. Ensuite j’ai un festival avec Peyton à la mi-octobre. Les répétitions commenceront lorsque je rentrerai à la maison. Puis direction l’Australie dans le courant de l’année… C’était une grande expérience jusqu’à présent avec ICE NINE KILLS et Metallica. De la folie ! Les mots me manquent pour décrire tout ça.

Tu as reçu les conseils de ces deux groupes, tu n’en as donc plus besoin maintenant...
Je prends toujours les conseils, surtout de la part d’un groupe aussi légendaire ! Crois-moi : je suis le plus mauvais décideur, donc les conseils sont toujours les bienvenus. En fait, comme nous sommes tous en tournée, que nous jouons dans des stades, il s’agit plutôt de passer du temps ensemble et de discuter. Et des histoires, il y en a eu ! Nous sommes allés dîner avec les mecs de Metallica qui nous ont raconté tout un tas d’anecdotes. 

C’est fou d’écouter la vie de ceux qui ont bâti l’histoire du rock. Il n’y aura jamais de plus grand groupe de metal que Metallica. J’ai l’impression de vivre un rêve. Je suis tellement heureux d’être ici et si reconnaissant envers ceux qui me soutiennent et m’ont permis d’arriver jusqu’ici. J’ai aussi beaucoup travaillé de mon côté, bien sûr. Mais, il faut les bonnes personnes au bon moment. Et il se trouve que j’ai eu la chance de les avoir autour de moi.

COUP DE CŒUR DE LA RÉDAC’ : Daily Rock te conseille vivement ICE NINE KILLS.

Ice Nine Kills // Instagram

Interview : Floriane Piermay & Marjorie Delaporte

Photos : CFK photographies

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