Le printemps s’invite dans la sphère du metal avec le Heidrun Spring Equinox, une soirée incandescente orchestrée par Heidrun Production. Après avoir ravivé les terres de Florange avec trois éditions du Viking Festival, l’organisation remet le couvert au Royal à Metz. Une salle au charme d’antan, avec ses vitraux colorés et ses moulures élégantes, qui, bien que peu adaptée aux secousses d’un concert metal, a su vibrer sous l’assaut sonore de trois groupes locaux.
Our Queen Liberty : Un rock grunge
Dans l’effervescence du printemps, Our Queen Liberty a semé les premières graines d’une soirée intense. Le groupe, qualifié de « tentaculaire », tisse un lien entre les grandes heures du grunge et du rock des années 70 à aujourd’hui. Leur performance, à la fois mélodique et explosive, s’est inscrite dans la veine d’un rock envoûtant et sincère. Christine Roche, au chant principal, a su captiver, tandis que Thomas Boncour (chant/basse) n’a pas hésité à faire quelques références humoristiques à l’ancienne vocation du lieu (pour ceux qui ont connu, ou en on entendu parler de près ou de loin). Une complicité scénique palpable, une énergie chaleureuse et, en prime, l’annonce d’un EP à venir.
Nihilism : La déferlante old-school
Avec Nihilism, place à un death metal old school puisant son essence dans les ténèbres métalliques depuis 2009. Sur scène, les musiciens se démarquent autant par leur look que par leur présence : guitariste aux cheveux jusqu’aux reins, autre gratteux arborant un bouc digne d’Anthrax, cinq musiciens se tenant presque au coude-à-coude sur une scène un brin exiguë. Qu’importe l’espace, l’intensité était là ! Devant la scène, la jeune génération s’en est donnée à cœur joie, secouant la tête avec une ardeur qui promet quelques torticolis matinaux. Un pogo naissant, timide mais bien réel, a ponctué un set d’une énergie brute et sans concessions. En rappel, trois morceaux, dont deux extraits du prochain album, ont scellé 50 minutes de chaos maîtrisé.
Deficiency : La précision du thrash mélodique
Les feuilles bourgeonnent, le thrash explose. Avec un retard de dix minutes – les aléas du direct – Deficiency a clôturé la soirée en délivrant un set puissant et technique. Le groupe, influencé par Machine Head, Trivium, Soilwork et Megadeth, a montré son savoir-faire avec un thrash metal mélodique redoutable. Double grosse caisse percutante, riffs acérés, la machine est bien huilée, même si le public n’a pas toujours répondu aux appels du groupe pour un circle pit. Mais qu’importe : leur dernier single « The Nest » a fait son effet, et les fans pourront bientôt les retrouver au Mozhell Festival.
Si la nature bourgeonne en ce début de saison, la scène locale du métal mosellan aussi. Les groupes montent en maturité et en professionnalisme, et le public, bien que discret au début, s’est étoffé au fil des prestations. Mais la soirée ne s’est pas arrêtée là : direction le Black Cat pour une séance de dédicaces et d’échanges avec les artistes.
Le Heidrun Spring Equinox a prouvé que le metal, loin d’être un simple grondement orageux, est aussi un renouveau perpétuel. Une soirée qui annonce une future saison de festivals riches en décibels et en émotions à venir. [A.P]