Pour la dernière soirée de cette série de concerts, c’est Ayron Jones qui a ouvert le bal, marquant l’événement avec une énergie de rock qui mélange habilement des éléments de blues, de grunge et de soul. Leur approche est minimaliste, le groupe a opté pour la simplicité, sans aucune scénographie complexe. Sur scène, seuls les musiciens et leur nom en arrière-plan : une simplicité et sobriété qui laissent toute la place à la musique. Le bassiste, véritable boule d’énergie, a tenté d’animer un public plutôt calme en sautant partout et en essayant de le motiver. À un moment donné, il a même posé sa basse pour encourager les spectateurs à frapper dans leurs mains, insufflant un regain de dynamisme à la foule. Malheureusement, leur set assez court de 40 minutes nous a laissés sur notre faim. On aurait aimé en entendre davantage, tant leur performance a su capter notre attention. C’était un peu dommage de devoir déjà dire au revoir à Ayron Jones alors que nous étions prêts pour plus de leur rock envoûtant.

Tom Morello est le deuxième artiste de la soirée. Connu entre autre pour être l’ancien guitariste de Rage Against the Machine, il a continué sa carrière avec Audioslave et Prophets of Rage, des styles alliant rock, métal et rap. Son parcours est marqué par des concerts incendiaires et des messages politiques forts. On le reconnaît à sa manière bien particulière de tenir la guitare et notamment ce son bien distinctif, une technique unique qui mélange riffs puissants et effets sonores innovants. Son style atypique est reconnaissable entre mille, mêlant techniques non conventionnelles comme désaccorder une corde pour modifier le son ou débrancher le câble pour créer un effet vibrato. Artiste engagé, Morello utilise sa musique pour défendre la justice sociale et les droits humains, mettant en avant ses valeurs de rébellion contre l’oppression.

Arborant un t-shirt provocateur avec des doigts d’honneur, fidèle à son image de rebelle.Le groupe a transmis une énergie puissante qui donnait envie de sauter, bien que le public soit resté étonnamment timide face à des chansons autrefois presque émeutières. Ce contraste entre l’énergie explosive sur scène et la réponse modérée de la foule était frustrant pour ceux qui se souvenaient des concerts tumultueux d’antan.Un moment particulièrement émouvant fut l’hommage de Tom Morello à son ami disparu Chris Cornell, avec qui il avait formé Audioslave. La reprise d’une chanson de Cornell par un autre chanteur a donné des frissons, rendant l’instant profondément poignant. Lorsque Tom Morello a levé sa guitare, un puissant message en dessous, disant « ceasefire » (« cessez le feu »), en lien avec les événements actuels, a été révélé, soulignant une fois de plus son engagement pour la paix. Le groupe a également interprété un medley des chansons de Rage Against the Machine, mais le public est resté là encore curieusement réservé.Le concert s’est achevé sur la chanson « Power to the People », concluant une soirée à la fois énergique et réflexive, fidèle à l’esprit combattif de Tom Morello.

S’enchaîne ensuite le concert d’Alice Cooper. A t-on encore besoin de rappeler qui est Alice Cooper ? Icône indétrônable du rock, avec une carrière s’étendant sur plus de cinq décennies. Il est le maître incontestable des performances théâtrales macabres et provocatrices. Le show commence sur les chapeaux de roues et dès les premiers accords, le public se réveille enfin, éclatant en cris d’enthousiasme. Au fond de la fosse, on aperçoit le bassiste de Ayron Jones profitant discrètement du show.

C’est la chanson « Bed of Nails » qui déclenche véritablement l’euphorie. Le public, auparavant assis dans les gradins, se précipite vers la fosse, enjambant les barrières qui les en séparaient. La fosse se remplit rapidement, ajoutant à l’énergie bouillonnante de la salle. Alice Cooper fait une entrée spectaculaire sur scène avec un véritable serpent autour du cou pendant « Snake Bite », accentuant le côté théâtral du spectacle. Nina Strauss, la virtuose guitariste, enchante le public avec un solo époustouflant sur « Hey Stoopid », démontrant sa maîtrise impressionnante et son style flamboyant, caractérisé par des riffs puissants et des mélodies fulgurantes.Un gigantesque Frankenstein fait son apparition pendant « Feed My Frankenstein », ajoutant une touche de monstruosité au show. Nina Strauss brille une fois de plus avec un solo magistral, mêlant technique et passion, captivant l’audience. L’ensemble des musiciens, alignés sur scène, projette une image de force et de cohésion impressionnante. En rappel, Alice Cooper interprète « Elected », une chanson résonnant particulièrement en ces temps de crise politique en France, avec la dissolution de l’Assemblée nationale et les votes en cours.Le concert d’Alice Cooper, plus qu’un simple spectacle musical, est une véritable mise en scène, rappelant un tribunal où Alice se fait même décapiter sur scène. Ce show de 1h30 est réglé comme une horloge suisse, impeccable et sans fausse note. À 76 ans, Alice Cooper reste en grande forme, sa prestation vocale est absolument époustouflante, démontrant une puissance et une maîtrise digne des plus grands. Chaque note, chaque cri est livré avec une énergie et une précision qui forcent l’admiration, prouvant que la légende du rock n’a rien perdu de sa superbe.

Le dernier concert de la soirée commence à 22h15 lorsque Judas Priest fait son entrée sur scène. Le chanteur actuel, Rob Halford, éblouit le public avec une superbe veste à paillettes et sa voix perçante. Le public se secoue énergiquement sur le titre « Breaking the Law », et un timide petit pogo très rapide se forme. Le concert baigne dans une atmosphère et une ambiance rouge, ardente et enflammée. Le guitariste, Richie Faulkner, brandit fièrement sa guitare Gibson Les Paul en l’air, ajoutant une touche dramatique à la performance. C’est un show épique qui vient clôturer un week-end mémorable, laissant les fans ravis et électrisés.

Le Heavy Week-End de Nancy 2024 fut une éblouissante célébration du rock et du metal, offrant une diversité de styles et de talents qui enchantèrent les amateurs de musique. Le temps clément nous épargna la pluie, bien que les soirées furent marquées par une fraîcheur saisissante. Ce festival a été un véritable carrefour intergénérationnel. Dans les gradins, le public se montra sage durant ces trois jours, peu nombreux furent ceux qui se levèrent. On ne peut qu’admirer la forme éblouissante des pionniers du heavy metal, qui continuent à électriser les foules. La présence d’enfants arborant des t-shirts de leurs groupes favoris témoigne d’une éducation musicale plus que réussie, assurant ainsi la relève. La mixité des genres et des styles, allant du thrash percutant au doom lourd et envoûtant, en passant par le power metal épique, offrit une palette sonore riche et variée. Chaque performance était une démonstration magistrale de puissance et de virtuosité, un véritable festin pour les amateurs de riffs endiablés et de solos fulgurants. Nous mesurons la chance inestimable de voir encore ces groupes mythiques se produire en live, véritables légendes vivantes qui transmettent la passion de la musique à travers les âges. Ce festival fut un hommage vibrant à la longévité et à la vigueur d’un genre musical devenu intemporel.

On se dit à l’année prochaine ?

Texte : Adeline P.

Photos : Grégory Hernandez / gérard drouot productions s.a.s (Merci)

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