Après leur premier opus acclamé par la presse et le public, le trio Hathors revient avec ‘Brainwash’, qu’ils avaient pris le temps de rôder en live durant deux ans. Nous avons profité de l’évènement pour refaire le monde avec Marc, chanteur et guitariste.
Vous avez financé ‘Brainwash’ via la plateforme de crowdfunding wemakeit. Est-ce pour vous l’avenir du financement musical?
D’une certaine manière, c’est le futur de la scène indépendante. C’est toujours la même rengaine lorsqu’on parle budget pour un artiste indé. En fait, aucun groupe ne vend assez d’albums pour gagner de l’argent avec ça. Les groupes gagnent leur croûte en faisant des concerts ou en vendant du merchandising. Néanmoins, les cachets des groupes indés sont hyper bas et il est presque impossible de financer ton album simplement avec les cachets de tes concerts. Le crowdfunding est une bonne chose pour les fans et pour les groupes : les fans peuvent soutenir les groupes dans lesquels ils voient un potentiel suffisant et les groupes peuvent entrer en studio sans avoir à lécher les bottes d’un patron de major.
Vous avez été enregistré par John Agnello (Sonic Youth, Dinosaur Jr…). Comment s’est passée votre rencontre? Est-ce moins cher de se faire mixer aux USA?
Nous avons fait un concert à New York au CMJ Festival en 2011, et notre label Headstrong nous a mis en contact avec John. Nous sommes allés au Brooklyn Bowl, une sorte de chaîne internationale de bowling, pour rencontrer John et lui avons parlé de nos plans. Nous n’avions pas dans l’optique de nous faire mixer pour pas cher, mais vraiment de trouver le meilleur rendu sonore pour le groupe et l’esthétique que nous voulions sur ‘Brainwash’. Inutile de dire que nous sommes très heureux du résultat final.
Tu écris des paroles qui, d’après moi, sont un mélange entre de la rage et de la tristesse. Es-tu fatigué du monde actuel?
Ce n’est pas vraiment que de la tristesse ou de la rage. Tout ce que je fais, c’est faire réfléchir mes émotions et ma manière d’agir avec le monde dans lequel je vis. Mes paroles sont peut-être tristes, mais il y a souvent une lumière au bout du tunnel. Ce n’est pas un problème de parler des choses qui blessent. Cela ne veut pas dire que je vois l’apocalypse partout! C’est un peu comme si je peignais : parfois, tu as envie de peindre ta toile en noir, parfois, tu as envie de mettre des couleurs éclatantes partout, toutes celles qui existent sur cette terre et dans mon esprit. Je ne suis pas que noir et blanc, que des bas et hauts. Il y a également des choses entre ces deux extrêmes.
Il y a eu polémique récemment : beaucoup de gros festivals ne programment que très peu de groupes contenant des femmes. D’après toi, où sont passées toutes ces riot girls?
Espérons-le, dans un endroit où elles sont libres et heureuses. L’industrie musicale reste très masculine et il est difficile pour une femme de se faire respecter. Il y a encore beaucoup trop d’idiots machos qui ont plus de sang dans leur bite que dans leur cerveau. J’adore Shonen Knife, Baby In Vain, Kleenex, White Lung, Nü Sensea… Je sais qu’en 2015, Babes in Toyland vont faire quelques concerts, j’espère que L7 fera de même! Un groupe féminin dont vous allez entendre parler en 2015 : The Chikitas!
Une solution : 50/50 entre hommes et femmes dans les programmations?
Pourquoi pas! Ça changerait beaucoup si on instaurait un gouvernement avec une parité homme-femme. Ces derniers temps, il n’est question que de maximisations de profits quitte à tuer des milliers de personnes pour atteindre ce but. Il faudrait penser de manière plus émotionnelle pour changer un peu les comportements idiots de cette planète. En fait, il faudrait arrêter d’être ‘anti’ et négatif. Se battre pour l’égalité des droits plutôt que le féminisme ou la masculinisation. Ça se passe déjà, bien que les médias le cachent très bien. On peut y arriver si on se bat tous ensemble.