S’il y a bien un groupe français qui n’est pas avare de travail ce sont bien les membres de Hagman’s Chair. Après la sortie d’un split l’an dernier, une reformation de Es La Guerilla, des concerts avec Arkangel et leur dernier album à enregistrer , on peut dire que ceux-ci mouillent le maillot. Mais cette charge de travail n’a-t-elle pas impacté sur la qualité du dernier né du quatuor parisien » Banlieue Triste » ?
Bon commençons par le commencement, la pochette, exit les pochettes graphiques comme on a pu en avoir sur » This is supposed » ou » Hope, dope, rope« , ici on utilise la photo, le noir et blanc renforçant cette phrase » Banlieue Triste ». Pour ce qui est du son, après un détour par deux titres chez Fred Duquesne, retour au bercaille au studio Sainte Marthe afin de remettre entre les mains de la seule personne capable de sublimer le son Hangman’s Chair, Monsieur Francis Caste !! Et c’est du grand art, le son est puissant, chaque note vous explose à l’oreille, un peu comme ces nouveaux chocolats où on vous met une poudre piquante au milieu, c’est explosif à souhait. Bon lorsqu’on voit marqué » Banlieue Triste » on sait de suite que les gars n’ont pas encore passé le cap de la musique enjouée. Mais après tout, ce qui fait la force de Hangman’s chair c’est cette dépression permanente, ces riffs gros, oui, là on peut dire gras à souhait, dégoulinants et tellement puissants. C’est le contraste entre la force du son et la pauvreté du riff si je puis dire. La pauvreté ….. non en faite je sais pas si c’est réellement le bon terme, c’est riche en mélodie, mais y’a pas excessivement de note. Si on avait pu reprocher à Mozart d’en mettre de trop tout le temps, là , la simplicité de composition fait de cet album une pièce redoutablement efficace. Il n’y a pas de déchets dans cet album où une fois de plus le chant prend encore plus d’ampleur.
Si les puristes du groupe trouvent ça trop mélodique depuis » Hope, dope, rope« sur celui-ci vous allez passer votre chemin. Et puis là où l’apogée est vraiment atteinte, aussi bien au niveau du chant, de la composition et du son c’est sur » Touch The Razor« une pièce de près de 11 minutes qui ne s’essouffle à aucun moment. Bon j’aurais certainement mis la note max à cette album si j’avais compris l’utilité du titre » Tara« hormis une expérience de sample je ne vois pas trop l’utilité de la chose, on va dire que la plage éponyme est bien plus intéressante à écouter avec ce son qui se répercute partout et qui circule d’une oreille à l’autre ,d’une enceinte à l’autre. Mais on va dire que cette histoire est vite oubliée avec la relance qui vient derrière et la grosse tartine que vous colle » 04-09-16« , c’est juste un des morceaux massifs comme savent si bien le faire les parisiens.
Tiens d’ailleurs en parlant de parisien, ceux-ci invitent sur « Tired Eyes« un musicien plus tourné vers la musique synthétique Perturbator ( j’ai écouté son Bandcamp il y a des trucs plutôt intéressants pour ceux qui veulent ouvrir leur horizon) l’apport de synthé est plutôt intelligent sur ce titre, ça contraste bien avec la relance de la fin du morceau c’est vraiment intelligent. Un autre featuring plutôt intéressant c’est la présence de Marc De Backer (ex Dog Eat Dog entre autre) officiant maintenant sous son projet solo Mongolito. Voilà une guitare qui sonne, on se croirait voguant dans une barque sur une mer de nuages. C’est calme, posé et cristalin, une batterie minimaliste à souhait ce qui permet au guitariste d’exprimer tout son talent. C’est apaisant, c’est vivifiant avant de retomber dans le son lourd et poisseux de « Full Ashtray« qui vient clôturer l’album. Un morceau aux riffs à la fois puissants et calmes. Et une voix mes amis, une voix ….! Sur l’album » Hope, Dope Rope« le titre éponyme qui clôturait l’album, était introduit par un discours de Joe Colman expliquant qu’en définitive l’homme se cherchait un coupable aux problèmes du monde alors qu’il était lui même le problème. Retour du discours en fin d’album avec une vision de l’Homme, du monde par Georges Bataille. Franchement ça se réécoute plusieurs fois pour bien digérer le propos .
Bon on va le finir cet article ? Je ne peux que vous conseiller de jeter une oreille à cet album, plus on l’écoute plus on y prend goût. Et évidemment on n’oublie pas que le groupe part sur les routes en ce début mars avec des dates un peu partout alors bougez vous le cul bordel, ça sent l’album qui prend toute son ampleur en live!