Un coup de tonnerre dans un paysage crépusculaire, voilà en gros ce que fut « From The Fire », premier album des américains de Greta Van Fleet. Alors que le rock commence enfin à sérieusement se réveiller, en revendiquant de nouveau toute la richesse de son héritage, Greta Van Fleet revisitait le hard rock bluesy avec une énergie irrésistible.
Cette spontanéité, aussi entraînante soit-elle, était aussi le principal défaut de l’album. On a donc largement pu remarquer le rapprochement entre ce premier album et le Led Zeppelin I , et la proximité entre le titre « Highway Tune » et « Trampled Underfoot » de Led Zeppelin.
Face à un constat aussi évident, la logique aurait voulu que le groupe se dote d’une production plus pop, accentue les cœurs qui donnait une touche d’originalité à certaines mélodies, et se donne la mission de produire un titre pouvant séduire les radios grand public.
Après tout, Greta Van Fleet disposait déjà d’une couverture médiatique plus qu’honorable pour un jeune groupe, et la tentation de séduire le plus grand nombre a du se faire sentir. Heureusement, Greta Van Fleet a fait le pari inverse, en espérant que sa sincérité finirait par emporter tous les suffrages. Il prouve ainsi que, plus qu’un simple groupe rendant hommage à Led Zeppelin, Greta Van Fleet croit autant en sa musique que ce Led Zeppelin dont il se dit l’héritier.
Le premier titre va pourtant déconcerter l’auditeur. Doté de violons gracieux, avant que la batterie et la guitare viennent discrètement accentuer sa mélodie, la ballade « Age Of Man » est pourtant une des plus belles surprises de l’album. C’est aussi la meilleure performance de Josh Kiszka qui, de toute façon, n’a jamais aussi bien chanté que sur ce disque. On notera juste que, pour ceux qui comme moi sont attachés aux albums biens construits, démarrer un album par une ballade s’apparente à une erreur de jeunesse.
Un premier titre doit permettre à l’auditeur d’entrer directement dans l’univers proposé par le groupe, et non le désorienté. Led Zeppelin avait entamé son II par « Whole Lotta love », Deep purple ouvrait « in rock » avec le furieux « Speed King » , et même leurs contemporains comme Kadavars ou Blues Pills entament leurs albums par une baffe sonore.
Placé en milieu d’album, le titre aurait sans doute eu beaucoup plus d’impact, d’autant que tout le reste de l’œuvre est composés de premiers titres potentiels. Greta Van Fleet a trouvé la formule capable de faire cohabiter mélodie et rock couillu dans le même morceau et, tel un alchimiste musical, il la développe avec un savoir faire indéniable.
Pour cela, Greta Van Fleet à donné plus de place à la batterie, qui flirte avec le fantôme de John Bonham dans de grande chevauchées sauvages. Les traditionalistes hurleront encore au plagiat, je les défie pourtant de trouver de parfaites similitudes entre ces titres et ceux du Zepp.
Comme je l’ai dit au dessus, Greta Van Fleet est parvenu à un tel niveau de maîtrise, qu’il réussit à prolongé l’univers du dirigeable de plomb. La ressemblance entre ces deux groupes est désormais limitée à la fascination qu’engendrent leurs mélodies, et à leurs capacités à souffler le chaud et le froid sans perdre en cohérence.
Emballé, en plus, dans une magnifique pochette, « Anthem Of The Peacefull Army » est une belle réussite. Seul le faut départ cité plus haut m’empêche de le qualifier de classique. C’est dire si le disque est bon !