Intro (Pauline)
Un grand ciel bleu et un soleil mordant attendent les festivalier.ère.s lors de cette seconde journée du Greenfield. Crème solaire et casquette ou bob sont le « must-have » en ce début de journée, la poussière se soulève à chaque circle pit et les coups de soleil sont extrêmement visibles chez certain.e.s. Mais à Interlaken, tout peu très vite changer… L’orage est venu s’imposer en fin d’après-midi, jusqu’au bout de la nuit pour faire chuter le mercure et détremper la place d’aviation. Mais trêve de météo, qu’en est-il des lives ?
Überyou – « With bloodshot eyes, I feel alive » (Pauline)
13h10 sonne l’heure de début des lives de cette seconde journée à Interlaken. Pour relever le challenge d’ouvrir la Jungfrau Stage sous un mercure affolant, la programmation du Greenfield s’est tournée vers les Zurichois d’Überyou. Challenge remporté haut la main devant un public – visiblement connaisseur – au rendez-vous pour accueillir un des grands noms du punk-rock suisse. Les crowdsurfs commencent (tôt) et les circle pits s’enchaînent, emportant avec eux des nuages de poussière. Ian, frontman du groupe, profite de s’adresser au public dans leur langue maternelle, avant de lui aussi partir en crowdsurf, soulevé par la foule. De retour sur scène, il remercie le Greenfield d’accueillir des groupes DIY comme eux et remercie les personnes présentes en lançant des t-shirts, tote bags et autres pièces de merchandising dans la foule.
Zebrahead – « I’m still waiting for tomorrow, tired of living in yesterday » (Pauline)
La journée suit son cours sous le signe du punk-rock avec l’arrivée de Zebrahead. Forts de plus de 25 ans de carrière, le mythique groupe du comté d’Orange en Californie réunit un public important pour le second concert de la journée. Véritables bêtes de scène, leur concert ressemble à une grande fête où tout le monde s’amuse. Cette bonne humeur communicative n’empêche pas Ali Tabatabaee, l’un des chanteurs du groupe de réclamer deux walls of death, puis de soutenir une pastèque gonflable géante pour qu’un de leur « skeleton » (ndlr : un membre de l’équipe de Zebrahead) traverse la foule en crowdsurf. Ces grands habitués du Greenfield, avec plus de six passages à Interlaken, nous présentaient pour la première fois leur nouveau line-up avec Adrian Estrella à la guitare et au chant ayant remplacé Matty Lewis après son départ du groupe en 2021, lors d’une prestation très convaincante.
Windshelter – « I will bleed for the sake of my glory » (Sandra)
Ils ont gagné notre cœur de jury du Greenfield Band Contest en mars dernier offrant la possibilité à un groupe suisse émergeant de se produire au Greenfield mais avons-nous eu raison ? Quand le groupe arrive sur scène, il n’y a aucune hésitation : ça commence fort directement avec la même envie de jouer que lors du Band Contest. Cette même hargne qui anime les jeunes groupes et qu’on voudrait qu’ils gardent toujours. Le groupe demande au public un circle pit et avec l’énergie qu’ils y mettent, comment refuser ? Peut-être que l’effort du chanteur de parler en allemand au public y est aussi pour quelque chose ! Dans tous les cas, ils s’intègrent parfaitement à la programmation du reste du festival et donnent tout ce qu’ils ont, bienveillance et émotions qui laissent notre petit cœur tout remué (en bien). La réponse à la question posée en début d’article est donc bien évidemment « oui ».
Funeral for a friend – « In hope and desperation » (Sandra)
La foule est clairement moins présente et « dans le truc » devant le groupe gallois Funeral for a friend qui s’était fait connaître au début des années 2000 dans l’explosion des groupes emocore de cette période. Malheureusement, le timbre de Matthew Davies qui était impressionnant à l’époque et lui permettait de monter haut a changé. Mauvais jour peut-être ? Sa voix parait cassée lorsqu’il s’adresse au public entre les chansons. Toujours est-il le chant n’est pas toujours juste, voire carrément faux et poussif. Compliqué dans ces cas-là de raviver la flamme des trentenaires nostalgiques ou d’allumer celle du public plus jeune.
Coheed and Cambria – « Is there no world for tomorrow, if we wait for today? » (Sandra)
L’entrée très magistrale des new yorkais de Coheed and Cambria nous fait oublier la prestation de Funeral for a friend. La voix si particulière de son chanteur, identifiable en deux notes, très claire, presque pure, contraste tout à fait avec la prestation précédente. Et pourtant, il me semblait difficile d’être enthousiasmée en pensant au fait qu’ils sont les remplacements de The Distillers qui ont annulés leur venu pour la 2ème fois de suite. Au moins, leur style original vient apporter de la diversité dans la programmation. Un metal pop prog, qui, accordons-lui ceci, a le mérite de rendre entraînant de la musique avec un brin de prog ! Si on fait abstraction des thèmes des paroles versant dans la science-fiction, certains titres à l’énergie presque pop sentant bon l’été, et cela fait toujours plaisir de voir une guitare à deux manches.
Coilguns – « Hold the line, watch the line, line the line, watch the watch » (Pauline)
La renommée du groupe chaux-de-fonnier n’est plus à faire. Mené par le talentueux Louis Jucker, Coilguns est le porte-drapeau de la scène metal DIY romande. On regrettera peut-être l’heure du set, 16h15, pour un groupe dont la musique plutôt sombre et expérimentale serait mise en lumière par une atmosphère nocturne. Le public a tout de même semblé séduit par ce concert aussi poignant que torturé. Malheureusement, le concert de Coheed & Cambria a également attiré une partie de la foule qui s’est déplacée à la Jungfrau Stage lors du début de ce dernier. Restent les aficionados, vrai.e.s connaisseur.euse.s et curieux.ses pour finir d’explorer le monde parallèle que nous propose Coilguns.
Touché Amoré « It was time this whole time » (Pauline)
C’est sous une pluie battante que Touché Amoré se produit. Des premières notes aux au revoir, le ciel ne laisse aucun répit aux braves venu.e.s vibrer sur le post-hardcore des Californiens. Mais comme souligné par le ciel lourd, il y a quelque chose de magique dans ce live. Quelque chose de tranchant, de touchant, de semi-transcendant. Impossible de savoir si cela réside dans les mélodies mélancoliques ou dans la voix si puissante et fragile à la fois de Jeremy Bolm. Le concert, fort en émotions, laisse sans mot, avec l’impression d’être transporté.e.s dans un univers à part pendant une heure. Qu’importe la pluie, le pari est réussi pour Touché Amoré qui a captivé son public lors d’un set hors du temps.
Arch Enemy – « One for all » (Sandra)
N’ayant pas écouté les nouveaux albums de Arch Enemy depuis le départ de la chanteuse Angela Gossow, c’était l’occasion de découvrir ceci en live. Alissa White-Gluz chante les titres phare du groupe à sa façon tout en restant fidèle aux originaux. Toujours très communicative avec le public, elle prend beaucoup de place sur la scène. Un show carré dont on apprécié le professionnalisme.
Parkway Drive – « Forever the underdogs » (Pauline)
Forts d’un leader charismatique, Winston McCall, et d’instrumentales puissantes qui restent en tête, le groupe de Byron Bay s’affirme maintenant comme l’un des groupes les plus en vue de cette nouvelle scène metalcore, où les lives sont devenus de véritables spectacles. Mise en scène, pyrotechnie, jeux de lumière, tout est mis en place pour qu’au coucher du soleil, nous en prenions plein la vue – et l’ouïe. La setlist est percutante, ne laissant que peu de répit aux festivalier.ère.s venu.e.s assister au concert des Australiens. Après une entrée en scène sur « Glitch », les morceaux s’enchaînent, retraçant parfaitement les 20 ans de carrière du groupe. « Carrion » résonne sur l’aérodrome d’Interlaken, peut-être moins rapide en live que sur l’album « Horizons », mais toujours avec la même puissance. « Idles and Anchors » commence avec McCall debout au milieu de la foule, repris en cœur par des milliers de personnes. Issu du nouvel album « Darker Still » propose un moment plus calme en compagnie de violoncellistes, à l’image d’un « Nothing Else Matters » de Metallica, suivi de « Bottom Feeder », avant le rappel qui fait l’unanimité : les dantesques « Crushed » et « Wild Eyes ». La performance ne fait aucun doute, Parkway Drive mérite son statut de monstre du metalcore.
Sabaton – « Dying for salvation with dedication, Heaven is our destination » (Sandra)
Dire que Sabaton a un sens du spectacle explosif n’est pas qu’une façon de parler : dès le début du set, les détonations nous font sursauter ! Ces Suédois qui aiment chanter à propos d’événements historiques liés à la guerre amènent leurs champs de bataille sur la place de l’aérodrome d’Interlaken. Ils mettent quelque chose dans leurs titres qui est si accrocheur que le plus pacifiste d’entre nous partirait volontiers à la guerre avec eux. Ce power metal avec des titres hyper catchy fini par se répéter, mais quand on fait les choses en allant jusqu’au bout comme eux et de façon si unique, impossible de le leur reprocher. Leurs mélodies épiques font effet sur la foule, et comment ne pas avoir les frissons lorsque Primo Victoria débute ? Aussi intense qu’épique !
Funny anecdote (Pauline et Sandra)
- Relire ma review de Touché Amoré d’il y a 5 ans et me dire que j’ai été très sévère. Dur d’imaginer que c’est le même groupe qui avait peiné à me convaincre alors qu’aujourd’hui j’ai du mal à m’en remettre.
- Voir Lucifer faire du crowdsurfing pendant Parkway Drive