Après une soirée ‘groupies’, nos cordes vocales et nos muscles en moins, on était parties pour faire une dernière journée un peu tranquille. Mais les éléments ont en décidé autrement. Voici comment le Greenfield s’est transformé en Mudfield.
La journée avait pourtant bien commencé. Sous une chaleur assommante, on règle les derniers détails pour notre interview avec Sabaton pendant que Cellar Darling s’apprêtent à monter sur scène. A notre retour, on écoute d’une oreille les Suisses. Étonnamment, Anna Murphy est apparue souriante et confiante sur la Jungfrau Stage. C’était surprenant de voir la différence entre cette prestation sur cette énorme scène et le concert donné à l’Undertown de Meyrin en mai dernier où elle paraissait timide et réservée. Cellar Darling dans ce cadre magnifique, c’était un groupe dans son élément pour un public conquis. Interview oblige et encore dépourvues de forces après la soirée du vendredi, on a un peu bâché Tesseract pour aller manger histoire de pouvoir tenir jusqu’à Sabaton. On entend de loin le début du concert d’Hellvetica. Une jolie foule s’était amassée devant l’Eiger Stage pour applaudir les gagnants du Greenfield Festival Band Contest. Au vu des décibels envoyés tant par le groupe que par les acclamations du public, ils ont fait honneur à leur victoire.
Sur la Jungfrau Stage, on part dans un monde à part avec Zebrahead. La pochette de leur dernier album, Brain Invaders, recouvre le fond de la scène de météores et autre soucoupe volante. Le groupe débarque même sur scène avec deux bonshommes verts qui les ont épaulés à mettre l’ambiance. Mention spéciale pour leur sortie en apothéose sur I Will Always Love You de Whitney Houston que tout le monde a repris en cœur. Un bon moment de rigolade !
On s’éclipse à nouveau le temps d’une interview et on revient pour écouter At The Gates au détriment de The Peacocks. On n’en sort pas vraiment convaincues, mais plus pour une question de style que de qualité. Sur la petite scène, c’est Hämatom qui enchaîne. On les écoute depuis la grande tente, où, plus le temps avance, plus on découvre l’étendue des dégâts de la tempête qui s’abat sur la Suisse Romande et qui arrive vers nous. Entre deux vidéos de parkings inondés, on croit apercevoir une batterie se promener sur les bras du public de l’Eiger Stage et puis l’information cruciale arrive jusqu’à nous : le site est en train d’être évacué à cause de la météo. On rejoint tant bien que mal l’espace presse : le festival est suspendu pendant une heure.
Le festival se plonge tout à coup dans une ambiance post-(pré-)apocalyptique, le ciel devenant de plus en plus sombre et le brouillard couvrant les cimes. Alors on espère que nos voitures ne vont pas trop s’embourber et que nos tentes ne vont pas s’envoler et on attend que ça passe en écoutant du Kiss et en lisant le Daily Rock à l’espace VIP. A 20h, les portes ouvrent à nouveau et l’annonce tombe : Me First & The Gimme Gimmes et Our Last Night ne joueront pas ce soir. Le public reprend gentiment place sur le terrain boueux. Les t-shirts de groupes noirs ont laissé place à un défilé de ponchos de pluie multicolores et autres bottes à LED.
La musique ne reprendra qu’à 20h45 avec Within Temptation. Le groupe qui était apparemment venu avec plusieurs camions de matériel s’est contenté du strict minimum pour assurer le show. Dans le public, la pluie n’a pas affecté la bonne humeur des festivalier.ère.s : ça s’amuse dans la boue, ça fait splotch splotch dans les flaques et ça chante à tue-tête. Un spectacle presque plus intéressant que Within Temptation dont la chanteuse, Sharon den Adel, semble avoir un chat dans la gorge et avoir toutes les peines du monde à sortir sa voix. La petite scène rouvre ses portes avec Amaranthe qui offre un concert trop millimétré à notre goût. La soirée touche gentiment à sa fin.
C’est au tour d’Eluveitie de monter sur la Jungfrau Stage. A peine arrivés, ils sont acclamés par le public. Le jeu de lumières permet de se concentrer sur le concert et ressentir la musique au plus profond. On sent qu’ils se nourrissent de leurs racines pour offrir un show que les fans ne sont pas près d’oublier. Reste à savoir si ce sera en bien ou en mal. Le groupe, pourtant une fierté de notre scène nationale continue de nous décevoir. Le groupe semble ne plus avoir d’âme et Fabienne Erni, malgré sa belle voix dans les parties douces, ne nous convaincra définitivement pas au sein d’Eluveitie. Aucun doute, l’absence d’Anna Murphy se fait sérieusement ressentir.
Avec un peu de regret nous sommes contraintes de louper Graveyard pour pouvoir avoir une bonne vue sur le concert de Sabaton, connus pour leurs décorations et leur mise en scène. Les décors de scène mettent un certain temps à être placés, ce qui laisse le temps à la fatigue et le froid de venir presque nous faire renoncer au show. Après un combat acharné avec l’envie de retourner à la tente je croise les merveilleux festivalier.ère.s avec qui j’ai eu la chance de partager mes nuits et certains moments du festival. Des bruits de canon retentissent et nous laissent découvrir avec émerveillement la scène époustouflante des Suédois. La Jungfrau s’est transformée en véritable champ de bataille, avec des décors de tranchées et autres barbelés. On notera que pour une fois les photographes n’auront pas la meilleure vue : même avec l’aide d’un tabouret, impossible de voir ce qu’il se passe sur scène. Le groupe remercie à plusieurs reprise le public du Greenfield pour avoir bravé la tempête. Malgré le contexte sérieux des thèmes abordés dans ses titres le groupe a su amener de véritables notes humoristiques. Joakim Brodén s’est amusé pendant une bonne partie du concert avec un poulet lancé depuis la foule et a aussi réussi à tenir en haleine le public à chaque petite pause. Sabaton a aussi joué à ‘qui finira sa bière le plus vite’ et se faire rappeler plusieurs fois sur scène grâce au ‘One more beer’ de la foule. Entre les prouesses pyrotechniques et la mise en scène, nous avons été époustouflé.e.s du début à la fin du show.
A la fin du concert, la pyrotechnie n’est pas terminée. Nous enchaînons avec le tant attendu ‘Burning Hand’ qui viendra réchauffer le cœur de chacun et marquer la fin de cette quinzième édition. Ça met d’ailleurs un peu de baume à nos petits cœurs qui sont encore en période de blues post-concert.
Après cette journée remplie d’imprévus et de moments forts, nous rentrons la tête remplie de belle images et impatientes de revenir en 2020. Sur le chemin de la sortie, l’enthousiasme de nos deux compères de camping nous fait prendre une déviation par la tente Rockstar pour tenter notre chance à la tombola et faire la fête jusqu’au bout de la nuit dans une ambiance festive.
En conclusion, cette édition 2019 était un pur concentré de découvertes, d’amour, de rencontres inoubliables et des litres de bière ! On se revoit l’année prochaine, pour l’instant, on doit récupérer nos voix et nos muscles aux objets trouvés !
Texte par Alessia Merulla & Hiromi Berridge
Photos par Maud Robadey & Nicolas Keshvary