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GREEN SEAGULL – Scarlett Fever

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Une nouvelle porte s’ouvre, et nous voila transportés des années en arrière , dans cette Albion en plein rêve psychédélique. On parcourt Penny Lane , chantée par des Beatles qui ne se sont jamais remis de l’initiation aux drogues que leur fit subir Dylan, lors de leur passage en Amérique. Sur la route , le bus magique des Who embarque les mods dans un voyage merveilleux , pendant que Ray Davis écrit une chanson décrivant le Waterloo Sunset , symbole de l’Angleterre qui l’a toujours fasciné, et ou le moderne cotoie le traditionnel dans une fascinante symbiose. En Amérique, Huxlet affirmait qu’il fallait ouvrir les portes de la perception à grands coups de psychotropes, c’est pourtant l’Angleterre qui ira le plus loin.

Dans les disquaires , on peut écouter The Move repousser les limites de l’excentricité sonore , les Kinks renier le rythm’n’blues pour la pop naïve de Face To Face, et les Zombies chanter leurs mélodies cotonneuses dans l’indifférence générale. Et je ne parle même pas des Small Faces , coqueluches de jeunes mods aux tenues soignées , dont le dernier disque vient rivaliser avec les plus séduisantes douceurs psychédéliques des sixties.

Et pourtant, je suis juste en train d’écouter « Scarlett Fever », le premier disque de Green Seagull. Pour le rock, notre époque est marqué par une série d’anachronismes, mais on avait l’habitude de les trouver dans le blues , ou rehaussés par un puissance sonore très moderne , la frivolité du grand public n’incitant pas les musiciens à soigner leurs mélodies. Je pourrais encore lancer des fatwas contre les plateformes de streaming, et leur manie de standardiser les gouts, réduisant ainsi la musique à un ronronnement abrutissant, mais ce disque mérite mieux qu’un apitoiement de vieux con.

Green Seagull a retrouvé les recettes oubliées de cette pop purement britanique , ou la mélodie était le centre de la guerre. Les cœurs , Kinksien en diable , s’élèvent sur des bluettes hypnotiques, le tout servit par une production colorée que n’aurait pas renié le groupe des frères Davis. Tout ça aurait pu se limiter à un simple pastiche réussit d’une époque oubliée, si le collectif ne maitrisait pas si bien sa formule.

Le clavier nous fait entrer dans un rêve chaleureux et coloré, les rythmes sont entrainant en évitant toute agressivité, prouvant ainsi que , même à l’époque du heavy metal, un groupe peut convaincre sans balancer des riffs à vous péter les tympans. Parfois les rythmes s’accélèrent, les riffs dansant au milieu d’une grande fête rythmique, mais on ne perd jamais cette chaleur rêveuse, le synthé rappelant les notes réconfortantes du mellotrons utilisés par les Zombies. C’est une pop baroque , qui vire parfois au folk rock délirant , ou les voies féminines et masculines se mélangent comme pour mieux nous guider dans cet univers onirique.

Car « Scarlett Fever » est bien un rêve, qui séduira bien au delà des hippies attardés, ou des nostalgiques de l’époque ou ils fumaient de l’herbe qui rend idiot, en écoutant le dernier disque des Beatles. Cette douceur innocente est une nouvelle jeunesse pour ceux, peu importe leur age, qui furent bercés par la tendresse d’une pop chaleureuse et inventive. Il serait tellement dommage que le rock actuel se limite à l’agressivité des groupe de hard rock.

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