Apparue dans les année 80 , la new wave fut une escroquerie qui a bien failli avoir la peau du rock dans les années 80. Elle permettait surtout à certains de trouver une étiquette sympathique, regroupant dans le même sac Costello, Police et Depeche Mode.
En fait, ce terme n’a peut-être servi qu’à décrire le règne d’une pop tiédasse, et vaguement rock. De « Purple Rain » à « Let’s Dance », de Bowie à Prince, tout le monde se pliait à sa façon aux règles médiocres d’un show business qui limitait désormais les expérimentations.
Le cauchemar dura plus de dix ans puis, dès les années 90, une bande de jeunes premiers voulut revenir aux fondamentaux. C’est ainsi qu’on vit Guns’N’Roses enchaîner les stades pour diffuser son hard rock bluesy.
Après la superficialité d’une décennie maudite, le rock se nourrissait de sa propre histoire. Les années 2000 enfoncèrent les clous. A cette époque, les Strokes donnaient une version moderne du Velvet Underground, les Libertines réinventaient le punk sous l’œil bienveillant de Mick Jones, et les White Stripes s’imposaient comme une version minimaliste des Stooges.
Aujourd’hui, la renaissance continue grâce au blues rock de Blues Pills , au heavy rock sabbathien de Kadavar , et surtout à travers le stoner bluesy de Graveyard. Formé en 2006, le groupe à d’abord forgé un heavy rock psychédélique à faire rougir les Pink Fairies.
Puis, avec leur troisième album, les suédois gommaient leurs relents planants, pour donner plus de place au blues. Cette formule donna « Light’s Out» , un chef d’œuvre de heavy blues transcendé par la voie caverneuse de Joakim Nilsson.
L’album suivant sera plus décrié, à cause de sa trop grande proximité avec le classique rock, et ses mid-tempos, un peu mou comparé aux albums précédents. Il est vrai que le fantôme de Jimi Hendrix avait souvent tendance à se faire remarquer à travers ses riffs distordus, mais nous étions tout de même loin du désastre. Cela n’empêchera pas le groupe de se séparer pendant une longue année.
Nous voilà donc, en 2018, face au grand retour discographique des suédois, et c’est comme si le groupe ne nous avait jamais quitté.
Ayant compris ses erreurs passées, Graveyard offre ici un condensé de ses expérimentations. Placé en ouverture, « It Ain’t Over Yet » renoue clairement avec l’agressivité psychédélique des deux premiers albums. La batterie martèle un rythme infernal, bientôt suivie par des guitares ultras rapides. Posté au milieu de ce déluge, Joakim Nilsson hurle comme un damné.
Ce brasier heavy rock fait bientôt place à « Cold Love », un rock pachydermique, à mi-chemin entre l’énergie entraînante de Status Quo et le psychédelisme violent des Doors. Le blues reprend ensuite ses droits avec la ballade « See The Day », avant que le groupe ne reparte sur un rythme infernal.
Le message est clair, servit par une production plus riche que sur ses premiers albums , le groupe souffle le chaud et le froid. « Peace » n’est pas seulement un condensé de ce que Graveyard a pu faire les années précédentes, mais l’aboutissement de tous ce qui fut fait avant sa parution.
En 2018 , Graveyard est plus vivant que jamais.
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