Six ans, six longues années, avant que Good Charlotte ne foule à nouveau les planches de la mythique salle du Bataclan. Nous avons donc décidé de sauter dans un TGV et de nous rendre à Paris, pour assister à ces retrouvailles avec le public français. Récit en ces lignes !
Le long apéro que nous nous sommes octroyé depuis la fin de la matinée, jusqu’à l’ouverture des portes de la salle à 18h, nous a permis d’être dans une forme olympique et plus motivés que jamais à assister à un bon concert. Nous passons le contrôle de sécurité sans encombre et avec une fluidité surprenante, malgré le plan Vigipirate renforcé. Petit arrêt obligatoire au bar, car la sensation de soif nous rappelle déjà à l’ordre. Nous montons ensuite les escaliers qui nous amènent au balcon. Nous jouirons de deux places assises au premier rang, presque droit en face de la scène. Quel pied ! Comme on dit, on est mieux là que mal ailleurs !
18h45 feu départ ! Issues arrive sur scène. Dès les premiers titres, leurs influences sautent aux oreilles. Linkin Park, Blink-182, Limp Bizkit. Arrêtons là les comparaisons, autant flagrantes soient-elles. On se demande d’ailleurs ce qu’ils font durant ce set qui manquera cruellement de cohérence. Plutôt du nu-metal ou du metalcore ? Plutôt le premier, vu les sons électro-pop qui nous chatouillent les tympans. Je pense que certains DJ d’Ibiza pourraient nous sortir certains de leurs ‘samples’. Pas fameux. Les voix tantôt hurlées, tantôt ‘clean’ s’enchevêtrent avec plus ou moins d’efficacité. Le public présent se veut presque réceptif. Le groupe d’Atlanta est répétitif sur la longueur, et l’on se dit, ‘ok c’est bon, on a compris’ ! Nous méritons de nous abreuver pour faire passer cette première pilule assez amère.
19h30 place à State Champs et leur pop punk énergique. Un groupe plus approprié à faire office de première partie lors de cette soirée. Ça sent bon la BO d’un film pour ados américains. La réponse du public se fait quasi-immédiate. Les premiers vrais ‘pogos’ font enfin leur apparition. Les morceaux se veulent d’une manière générale sur la même tonalité. Les deuxièmes voix passent un peu à la trappe, tandis que les cassures rythmiques donnent un regain d’intérêt aux compositions. Ce groupe sent bon le réchauffé, mais a le mérite de clairement faire monter la température.
Place ensuite à Sleeping with Sirens. Nous donneront-t-ils un coup de nageoire en pleine face ? La réponse est oui, car la pseudo quiétude qui traînait dans le public fait soudainement place à beaucoup plus de folie. Kellin Bostwick arrive sur scène seul et ‘a capella’. Son look et son allure nous font penser à Oliver Sykes de BMTH. Après son intro, arrivent ses comparses sur scène. Il y aura quatre guitaristes. Super utile pour faire quatre fois les mêmes arpèges !
Vocalement, Kellin est imparable et fait preuve d’une aisance particulière dans les aigus. Il tournoie son micro en l’air, le jette et le rattrape. Serait-il habité par Roger Daltrey des Who…Peut-être ! Une soudaine intro à la guitare, à l’aide d’un ‘flanger’, nous balance encore un bon coup de post-hardcore dans les gencives. Le guitariste Nick Martin s’empare soudainement d’une guitare classique, mais se retrouve en proie à des soucis d’accordage. Afin de meubler encore mieux que Ingvar Kamprad, le ‘frontman’ n’hésite pas à nous interpréter la musique de Mario Bros en beatbox pour nous faire patienter. On passe un vrai bon moment en leur compagnie et on est au taquet pour la suite des réjouissances. Comme quoi il est préférable d’être en compagnie d’une sirène plutôt que d’un thon.
Tout semble prêt depuis une bonne dizaine de minutes, mais Good Charlotte a vraiment l’air de vouloir commencer à en découdre à 21h30 tapante. Et c’est ce qu’ils feront. Leur entrée sobre provoquera une ovation comme rarement nous en avons été témoins lors d’un concert. C’est peu dire si le combo du Maryland était attendu de pied ferme.
Le titre ‘The Anthem’ ouvre les hostilités. Et disons-le franchement dans la fosse, c’est l’émeute. Les gobelets volent, les fans sautent comme des fous, chantent, se bousculent. Le public fait d’entrée office de sixième membre du groupe. Le son est clair, précis et nous serions tentés de le qualifier de cristallin. Quel confort d’écoute, c’est incroyable ! Louons le travail des ingénieurs du son qui ont certainement fourni un travail dantesque en amont, car pour atteindre l’excellence sonore du premier titre au dernier, c’est du boulot, et c’est admirable ! La qualité acoustique du Bataclan y est aussi pour quelque chose, mais quand même.
Il n’y a pas une seule syllabe, un seul mot, un seul couplet ni un seul refrain qui n’est pas scandé par un public totalement acquis à la cause de Good Charlotte. Les jumeaux Madden se font manger dans la main et chacune de leurs interventions au micro fait mouche. Comment vous décrire la réaction du public lorsque Joel Madden déclare qu’il voudrait être Français, car cela sonne sexy. Impossible avec des mots ! ‘Girls and Boys’, Life Changes’, ‘Hold On’, il n’y a aucun répit, aucun temps mort ! La température grimpe, et ce n’est pas dû au fait qu’il y a du monde au balcon, mais bien que Good Charlotte chauffe ses fans dans la fosse, telle la merguez empalée sur un bout de bois lors d’un barbecue. Cette fameuse goutte de sueur qui prend source au sommet de la nuque, descend lascivement le long de la colonne vertébrale, et s’arrête dans le creux du dos pour être à même de poursuivre sa dégringolade sur le chemin des abysses de notre corps, là où se trouve la porte de sortie de nos entrailles, cette goutte est bel et bien là. Tout est moite, chaud, intense. On vit, on transpire Good Charlotte ! Le temps est venu pour les jumeaux Madden et ses sbires de regarder dans le rétroviseur. Le dépoussiérage de titres tels que ‘I Just Wanna Live’, ‘The Young and the Hopeless’ n’ont que vocation à provoquer une nouvelle montée en puissance de la folie au sein de l’auditoire. ‘Wall of death’, ‘Circle pit’, ‘Crowdsurfing’, soit autant de titres nécessaires à décrire l’hystérie collective ambiante. Le show est millimétré et exécuté de bout en bout avec classe et maîtrise. On apprécie ! Une heure trente de communion musicale, ni plus ni moins.
On en est sûr à présent, elle est gentille Charlotte, mais de là à dire qu’elle est bonne, il n’y a qu’un rappel que nous n’avons pas eu !