Glenn Hughes, « The Voice of Rock’n’Roll », faisait halte dans la salle des bords du Rhin pour son unique date helvétique à l’occasion des 50 ans de « Burn », l’album mythique de Deep Purple. Evénement revival qui allait permettre aux nombreux fans de redécouvrir des titres de la période Mark III (« Burn » & « Stormbringer ») et Mark IV (« Come Taste The Band ») avec un enthousiasme communicatif.
En début de soirée, comme supporting act, jolie découverte avec les Allemands de Rook Road qui pratiquent un classic rock mélodique aux accents bluesy. La voix chaleureuse de Patrik Jost rivalise avec les accords de l’orgue Hammond d’Hannes Luy et les riffs accrocheurs d’Uwe Angel. Une musique qui n’est pas sans nous rappeler parfois des titres d’Europe ou des premiers albums de Gotthard, et qui sonne encore mieux en live que sur album. Rook Road, un groupe sur lequel il faudra garder un œil à l’avenir.
Pour cet anniversaire, Glenn Hughes a offert un véritable feu d’artifice musical à ses fans. Le musicien de bientôt 73 ans (!) n’a rien perdu de sa superbe, que ce soit au chant ou à la basse. Affolant le sonomètre quand il part dans les aigus, distillant des lignes de basse groovy dont il a le secret, l’artiste du Black Country est tout sourire et n’a de cesse de remercier les fans. Plus de 50 ans de carrière et toujours le même bonheur de jouer et partager sa passion avec ses fans, la classe ! Humilité, générosité et talent sont quelques-unes des nombreuses qualités de ce musicien parfois injustement sous-estimé. Au cœur des 70’s, il a composé – joué – chanté aux côtés des plus grands (Ritchie Blackmore, Ian Paice, David Coverdale, mais aussi des regrettés Jon Lord et Tommy Bolin auxquels il a rendu un vibrant hommage). Entre deux chansons, Glenn nous délivre quelques anecdotes de ces années rock’n’roll, souvent teintées d’humour, irrésistible quand il prend la voix de Ritchie ou David. Pour cette longue tournée anniversaire (plus d’une année déjà), Glenn s’est entouré d’excellents musiciens : Søren Andersen (guitare), Bob Fridzema (claviers et orgue Hammond) et Ash Sheehan (batterie) ont droit chacun à leur solo lors du long medley en hommage au légendaire « California Jamming » de 1974 au cours duquel Ritchie Blackmore avait mis le feu à ses amplis. Le concert a commencé avec un « Stormbringer » de derrière les fagots, donnant le ton à la soirée. « Might Just Take Your Life » annonce les prémices de Whitesnake avec sa mélodie accrocheuse tandis que « Sail Away » et sa ligne de basse bien marquée lorgne du côté de Black Sabbath, période Ronnie James Dio. Le public, réactif aux encouragements de Glenn Hughes, est aux anges et apprécie le medley dont nous avons parlé plus haut (« You Fool No One » et « High Ball Shooter » en dessinent la trame).
L’un des meilleurs moments du concert vient avec l’intense et bluesy « Mistreated », puissant, joué et chanté avec les tripes. Søren est remarquable à la six-cordes sur ce titre, venant sur le devant de la scène sans pour autant en rajouter. Le riff d’intro de « Gettin’ Tighter » – que Glenn dédie à Tommy Bolin – est percutant, appuyé par les accords de l’orgue Hammond, tandis que « You Keep On Moving » conclut le set sur une note chaleureuse et bluesy à nouveau. Un petit tour par les coulisses avant le rappel tant attendu, « Burn », dans une version de feu, sans doute l’un des titres les plus puissants de Deep Purple.
Près de deux heures de concert de haut vol et la promesse d’un retour l’an prochain en Suisse avec un nouvel album solo assorti d’une tournée dans la foulée, Glenn Hughes n’a pas fini de nous séduire et nous surprendre.
Texte : Jean-Blaise JB Betrisey
Photos : Stéphane Bee
