General Lee. Pour les amateurs d’histoire militaire, c’est l’un des meilleurs stratèges (si ce n’est le meilleur, de mon point de vue) de la guerre de Sécession américaine (Civil War) entre 1861 et 1865. Mais c’est également un nom étrange pour un groupe originaire de Bethune. Le sextet formé en 2010, mais dont le line-up est stable seulement depuis 3 ans est plutôt actif : 3 albums sortis ainsi que plusieurs EP, dans lesquels ils nous jouent une musique fortement influencée par les mastodons de la scène que sont les Converge, The Dillinger Escape Plan et Cult Of Luna. Les voilà qui sortent leur quatrième album « Knives out everybody ! » le 15 Juin de cette année, aidés en cela par une campagne réussie de Crowdfunding, qui leur a permis d’aller en studio sereinement.
La galette s’écoute d’une traite, différente de ses prédécesseurs, elle est beaucoup plus chaotique, là où « Raiders Of The Evil Eye » nous proposait des plans à la « Cult Of Luna ». La pochette est assez fun, majoritairement rouge avec un Robert Lee zombifié dont l’arrière-plan est une femme en position « accouchement » (ou « cuni », c’est au choix). On a également droit à des OVNIS et à la célèbre voiture de Shériff fais-moi peur : c’est quelques références bien senties. A contre-courant de leurs précédentes sorties, qu’est-ce qu’a à nous offrir la partie musicale ?
Musicalement, nous avons donc un premier album d’assez bonne qualité. Comme je l’ai dit, on se rapproche de groupes comme Converge, et peut être un peu plus loin, de « The Dillinger Escape Plan ». Saturation, larsens, démarrage d’un moteur, voilà comment débute l’album avec sa première piste « Fuel Injected Suicide Machine », qui est suivi d’une avalanche de décibels, de voix hurlée. Le rythme est saccadé, c’est plutôt bien exécuté.
Cette constante se retrouvera durant les 40 minutes de l’album. « The Beast Inside » me fait penser à une course sauvage en voiture à grande vitesse, avec cette agressivité caractéristique du genre. Les ponts, même s’ils ne réinventent rien, sont plutôt bien amenés. Techniquement un peu en deçà de leurs influences, ils n’en ont tout de même rien à envier sur plusieurs parties.
J’ai apprécié « Hellbound on VHS », chanson la plus courte de l’album, elle officie tel un rouleau compresseur sur l’auditeur, bien aidée par l’ajout des vocaux de Vincent Peignart-Mancini, crieur en chef chez les Aqme. Ah si voilà, j’ai eu l’impression de reconnaître un « EyeHateGod » sous amphétamines. Ce n’est qu’une impression, mais elle m’a frappé çà et là sur mes différentes écoutes.
« Satanico Pandemonium » procure cette légère sensation d’oppression. Quoique le nom ne porte pas à confusion, la 7e piste de l’album se rapproche plus d’un mid-tempo où l’ambiance prend le pas de la vitesse afin de dérouter les auditeurs. Paris risqué et aux deux-tiers réussis, car le début et la fin du morceau sont bien plus convaincants que le milieu.
« Letter From Aaron Kosminski From Hell » qui évoque Jack l’Éventreur (Aaron Kosminski était un barbier juif londonien qui a été suspecté d’être le célèbre tueur en série de prostituées Londoniennes vers la fin du XIXème siècle, en 1888 pour être précis). Ce titre est bien lourd, comporte de nombreuses cassures, qui tels des coups de scalpel déchirent l’écoute comme les chairs des pauvres femmes de ce Londres victorien.
Je pourrais en écrire quelques dizaines de ligne de plus, mais je n’y indiquerai pas grand-chose de pertinent. Cet album m’a plu, ce n’est pas la sortie de l’année, mais il fait parti de ce que j’appelle « les petits coups de cœurs français ». « Knives Out Everybody ! » est un CD accessible pour ceux qui veulent s’initier au « postcore », pour ensuite aller vers les grands du genre, mais attention peut être un peu trop inspiré par ces même grands du genre. Pas exempt de reproches, ils se laissent plutôt oublier par la qualité générale qui est relativement bonne. Tout comme le dernier morceau « Night Crawler », où des chants féminins de Manon peuvent être entendus, mes écoutes m’ont laissées une assez bonne sensation, là où les ambiances de « Raiders of the Evil Eye » était un album bien différent. C’est une nouvelle corde à leur arc, qui pourra plaire ou dérouter selon si l’on est un vieux fan ou que l’on découvre leur musique.
Bonne pioche que ce 4e album de General Lee, bourré de références historiques (entre autres), que je vous conseille si vous êtes fans du genre, que vous voulez soutenir un groupe français ou que vous voulez passer un bon moment (ou les trois en même temps, c’est selon) !