Qui veut encore une tranche de grind, les enfants? Avec Fuck the Facts, le son est compact, guitares et basse à l’unisson, on pense à Napalm Death dans les années nonante, copulant avec le Brutal Truth de Sounds… Pour la confusion de certains passages. Comme pour leurs collègues en grinderie de BT, la batterie sonne un peu ‘faiblarde’ pour les efforts manifestement consentis derrière les fûts.
Les braillées de la délicieuse Mel Mongeon pourraient elles aussi être à peine plus présentes dans le mix final. Son style plaira ou pas: le choix de pousser dans les basses gutturales n’est pas toujours heureux, et on serait curieux de l’entendre s’aventurer vers un chant avec moins d’effet mais poussé dans ses retranchements, ou de jouer plus avec les aigus déchirés, comme elle menace de le faire sur l’assez abouti ‘False Hope’.
Ces détails et des compos quelque peu hasardeuses (on dit ‘expérimentales’, quand on a des manières) font que la mayo peine un peu à prendre. De nombreux breaks font brutalement changer de vitesse le headbangueur consciencieux, il n’est pas scientifiquement établi que ça lui soulage les cervicales mais il est presque certain que ça déconcentre. Prenez le relativement court ‘Prey’: ça commence par laminer façon mur du son, puis ça ralentit d’un coup, avant un passage limite doom, et hop je repasse la sixième pour les dizaines de secondes qu’il reste. Pourquoi aller si vite et ne pas accorder à chacune de ces mini-chansons un peu plus de place?
Ce n’est pas comme s’ils répugnaient aux longs titres: l’interminable et très (atmosphérique) ‘Circle’ en témoigne: grincements stridents, chant clair noyé dans l’écho, mélopées orientales façon Jérusalem antique, batterie mastodontesque! Sur ‘Nothing Changes’, on ose carrément les chœurs machos de supporters avinés et le bref débranchement de la saturation avant l’ambiance la plus épique et martiale de tout l’album. Comme si toute la créativité et un certain goût du risque avaient été confinés en fin de disque… Imaginez un plat dont toutes les épices auraient été réservées aux ultimes bouchées! Certaines autres chansons, un peu monolithiques malgré leurs changements de tempos, auraient gagné une touche originale certaine si ces éléments n’avaient pas été ainsi confinés.
Si quintette possède une vraie puissance de frappe, il envoie ses missiles non pas au hasard, mais en leur imposant une trajectoire bien alambiquée (leur nom serait inspiré par un titre de allumés de Naked City, vous voyez l’inspiration…) C’est un choix, pas sûr qu’il soit judicieux, car en gros metal comme en combat de rue, simplicité égale efficacité (la structure basique des riffs de ‘Nothing changes’ le démontrent éloquemment). Nos artilleurs canadiens sont d’ailleurs conscients du caractère pas toujours facile à suivre de leurs productions, et on ne leur reprochera certes pas de se branler l’ego avec leurs instruments, car ils s’abstiennent d’étaler leur technique pour que pouic.
FICHE CD
Desire Will Rot
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